« Cette émission nécessite deux ans de travail », explique Karine Le Marchand  à propos du programme «Une Ambition intime». Ce nouvel épisode, diffusé ce dimanche 1er juin à partir de 21 h 10, met en lumière Jordan Bardella, Gérald Darmanin, Sandrine Rousseau et Fabien Roussel et a nécessité beaucoup de patience, de la persuasion et quelques précautions avant, pendant et après le tournage. Explications.

L’accord des politiques : un chemin de croix

Pour ce nouvel épisode d’«Une Ambition intime», Karine Le Marchand a dû s’armer de patience pour convaincre ses invités de participer à l’émission. Pour autant, l’animatrice en convient : c’est aujourd’hui plus simple d’avoir l’accord des dirigeants qu’au lancement de son émission il y a neuf ans. 
« J’avais des réticences à participer à une émission dans laquelle je ne savais pas comment j’aurais pu être traité car il y a toujours une réserve à dévoiler une part de sa vie de famille, son intimité, sa vie privée », explique Fabien Roussel. « Ils ont du mal à faire confiance, car ils se livrent pour la première fois de cette manière. Ils craignent qu’on détourne leurs propos, qu’on fasse des caricatures. Ils ne savent pas ce qui sera gardé au montage », confie, pour sa part, Karine Le Marchand. L’épouse de Gérald Darmanin a d’abord refusé de participer avant de finalement donner sa confiance. « Elle ne voulait pas témoigner car elle ne voulait pas être le cliché de l’épouse d’un ministre », poursuit l’animatrice. Sandrine Rousseau, de son côté, a accepté tout de suite mais a ensuite eu peur que Karine Le Marchand change d’avis ! Seul Gabriel Attal a refusé l’invitation de l’animatrice car il ne souhaitait pas aborder sa vie amoureuse.

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Une bible de 300 pages

Avant que le tournage ne débute, les équipes d’«Une Ambition intime» réalisent une enquête approfondie sur les femmes et hommes politiques invités. « On lit tout, on liste les émissions, on regarde tout ce qui existe les bouquins les chiffres on appelle des proches, y compris ceux qui ne veulent pas être filmés mais qui acceptent de nous raconter des choses intimes, note Karine Le Marchand. Et on déroule leur vie chronologiquement pour essayer de comprendre la personne. » Les équipes ont ensuite une bible de 200 à 300 pages qui a impressionné les personnalités. « Ils ont quoi de faire un livre de plusieurs tomes sur chacun d’entre nous », s’amuse Fabien Roussel.
Gérald Darmanin, lui, a été cueilli par une question abordée par l’animatrice sur un fait personnel dont il n’avait jamais parlé. « Ce book de centaines de pages, c’est pire que le Ministère de l’Intérieur », s’amuse d’abord le ministre de la Justice avant d’évoquer un tragique fait divers. « Quand j’avais dix ans, mon filleul et neveu a été retrouvé mort en 1993 avec mon beau-frère dans leur appartement. Je n’en avais jamais parlé. Je ne m’attendais pas à ce que Karine Le Marchand me pose cette question », poursuit-il.

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Des lieux de tournage particuliers pour chacun

L’ambiance distillée dans «Une Ambition intime» participe à l’âme de l’émission. Un canapé confortable et parfois coloré, des photos personnelles disposées un peu partout, une ambiance cosy avec des bougies allumées et des objets faisant référence aux moments de vie importants des invités font toujours partie du décor. Comme le pin’s de «Touche pas à mon pote» ou des pâquerettes (sa fleur préférée) pour Sandrine Rousseau. « On les plonge dans quelque chose qui leur ressemble et qui les trouble un peu. Cette mise en scène participe au fait qu’ils acceptent de se lâcher», précise Karine Le Marchand. Mais le lieu de tournage, lui, est différent à chaque fois. Le portrait de Fabien Roussel (dont la femme a refusé qu’il se fasse chez eux), a eu lieu dans une salle, place du Colonel Fabien et celui de Sandrine Rousseau à Montreuil. « On a loué un lieu qui lui ressemblait, un appartement lumineux avec beaucoup de verdure sur la terrasse », poursuit l’animatrice. Jordan Bardella a, pour sa part, été reçu dans un appartement parisien, également loué par la production et choisi selon les goûts de l’homme politique en la matière, à savoir sobre et masculin.

Quatre à cinq heures de tournage

Les femmes et hommes politiques sont rodés à l’exercice médiatique. Afin qu’ils se relâchent et n’hésitent pas faire des confidences intimes, Karine Le Marchand a sa botte secrète : leur interview dure entre quatre à cinq heures. « C’est long pour aller chercher les choses », admet Sandrine Rousseau. Long mais nécessaire. « Nous savions tous les deux que la première heure serait très convenue et qu’on n’en tirait pas grand-chose, explique Jordan Bardella. Les moments les plus sincères où on oublie les caméras sont arrivés plus tard. (...) On aborde des choses personnelles, des moments de joie ou des instants douloureux. Et quand vous parlez de tout ça pendant 4 h 30, à un moment donné, vous fendez l’armure. (...) C’est un peu comme une séance de psy », a poursuivi le président du Rassemblement National. Gérald Darmanin s’est, lui aussi, laissé prendre. « L’interview dure cinq heures et ça c’est mortel. C’est très bien fait parce qu’au début j’étais sur mes gardes et au bout de cinq heures, Karine Le Marchand revient trois fois sur le truc. Elle sait faire parler tout en restant bienveillante et en posant des questions pas simples », admet le ministre de la Justice.

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Une équipe technique en accord avec les idées des politiques

L’équité entre les quatre invités est un point essentiel pour Karine Le Marchand. Et, ce, même durant le tournage. Elle s’est ainsi arrangée pour que les réalisateurs et preneurs d’image des portraits soient en accord avec les idées politiques de chaque invité. « Je suis d’abord entourée de gens qui n’ont pas de comptes à régler avec la politique et n’essayent pas de faire passer leurs idées, explique la présentatrice et productrice. Je m’arrange aussi souvent pour prendre des journalistes qui sont du parti de la personne qu’ils vont filmer parce que, sinon, il ne sera pas filmé pareil. Pour Fabien Roussel, ils étaient plutôt à gauche, ils n’étaient pas en cas de conscience. Après, il n’y a pas tant de journalistes qui se revendiquent du RN et ça a été compliqué de trouver des réalisateurs pour filmer Jordan Bardella. J’ai même des réalisateurs qui ont filmé et qui ne veulent pas qu’on donne leur nom.»

Des demandes particulières des politiques

De manière générale, les quatre invités de ce numéro d’«Une Ambition intime» n’ont pas eu de demandes trop compliquées. Sandrine Rousseau a toutefois insisté pour que le visage de son mari soit flouté pour raisons professionnelles et que ses enfants n’apparaissent pas dans le film, mis à part quand ils étaient petits. Jordan Bardella, lui, n’a pas voulu que les caméras filment chez lui, considérant qu’il voulait préserver son « dernier espace de liberté ». « J’ai commencé très jeune et j’ai appris à me protéger très tôt et faire rentrer une équipe de tournage dans un espace personnel comme celui de mes parents, de mon enfance, ce n’est pas évident », explique-t-il. Les cameramen ont eu aussi quelques demandes du Ministère de l’Intérieur lorsque Gérald Darmanin était en poste comme l’interdiction de filmer les dossiers posés sur le bureau de ce dernier. « C’est une grosse logistique au ministère de l’intérieur, il y a beaucoup de leviers de sécurité », précise-t-il. Le portable du ministre a aussi été flouté sur demande de Karine Le Marchand.

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Un contrat de confiance pour le montage

Les femmes et hommes politiques qui participent à «Une Ambition Intime» ont une angoisse : le montage. Tous paniquent à l’idée de voir leur vie personnelle racontée dans le programme sans pouvoir maîtriser ce qui sera mis en avant. Karine Le Marchand a donc trouvé la parade. Elle passe avec eux, en amont du tournage, un contrat de confiance. « Ce dernier est basé sur le fait qu’il n’y aurait rien de fait contre notre volonté, pas d’images volées, pas de volonté de nuire et qu’à la fin, on aurait le dernier mot. C’est-à-dire que, si on ne voulait pas qu’un passage soit diffusé, on pouvait le dire », explique Fabien Roussel. « Avant l’interview, je leur dis “Vous vous lâchez, vous ne réfléchissez pas pendant les quatre ou cinq heures de tournage et je ne monterai rien avant une semaine”. S’ils se rendent compte qu’il y a une chose qu’ils ont dite et qu’ils n’assumeront pas, ils me le disent et on en discute. Au final, on n’a rien eu », poursuit l’animatrice. Une fois le montage terminé, elle montre le résultat final à chacun des invités. « Je n’ai rien enlevé, j’ai respecté son choix éditorial », poursuit le maire de Saint-Amand-les-Eaux. Les autres invités n’ont rien touché non plus.