Comment parler d’un service qui, par essence, ne peut rien révéler ? La question est posée dès les premières minutes du documentaire DGSI, la maison du secret  produit par Memento et réalisé par Stéphane Rybojad, Anna Roch, Jean Chichizola et Christophe Cornevin. Fondée en avril 2014, la Direction générale de la sécurité intérieure résulte de la fusion entre la Direction de la surveillance du territoire et les Renseignements généraux sous le contrôle du ministère de l’Intérieur. Ses 5 000 agents, répartis sur tout le territoire, s’évertuent à protéger le pays dans la plus grande des discrétions.

« Quand nous avons eu l’idée de faire ce film, avec Jean Chichizola, il s’agissait de mettre en images une immersion dans un service de contre-espionnage, explique notre confrère de la rédaction du Figaro, Christophe Cornevin. Pour atteindre ce graal journalistique, le chemin a été sinueux et parsemé d’embûches. »

Confiance

Trois ans ont été nécessaires pour obtenir une confiance suffisamment solide avec la DGSI, pour délier les langues et trouver la bonne narration. Le résultat est un documentaire de 80 minutes à l’esthétique soignée, digne des meilleures productions de Netflix, et au contenu très riche alternant témoignages et reconstitutions. « La vraie force de ce film est de permettre aux agents de la DGSI de raconter de l’intérieur des opérations ultrasensibles, ainsi que la réalité de leur quotidien pour défendre les intérêts du pays, souligne le coréalisateur. Il permet d’entrevoir l’envers d’un décor trop souvent fantasmé avec des images inédites et déclassifiées. »

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Trois affaires récentes racontées par ces professionnels, sous couvert d’anonymat, développent les principales missions de leur service. La lutte contre le terrorisme d’abord. « Depuis 2017, la DGSI a déjoué 52 projets d’action violente », indique Céline Berthon, directrice générale de la sécurité intérieure. Parmi eux, l’affaire dite « Ulysse » a nécessité cinq mois d’un travail d’infiltration minutieux au cœur de l’organisation État islamique pour mettre à mal une série d’attentats. La protection économique, ensuite, illustrée par l’identification et l’arrestation d’un cadre supérieur d’une entreprise sensible spécialisée dans des technologies de pointe convoitées par la Chine. Et le contre-espionnage, enfin. « Nous voyons apparaître de plus en plus la notion d’ingérence, qui vise à influencer la politique d’un pays pour déstabiliser l’ordre interne et perturber l’ordre social », indique Céline Berthon.

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En octobre 2019, un agent et diplomate russe se faisant passer pour un consultant tchèque a été identifié. Après un an de filature, les agents de la DGSI l’ont interpellé en plein Paris et renvoyé à Moscou. Une intervention filmée dont les images sont révélées pour la première fois. « C’est une pépite, une séquence exceptionnelle », se réjouit Christophe Cornevin. Depuis cette affaire, plus d’une quarantaine de diplomates russes ont été expulsés. L’illustration du travail de l’ombre de la DGSI, rempart invisible contre l’insécurité.

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