FRANCE - Vous ne passerez plus. Les sites pornographiques appartenant au groupe Aylo sonnent la révolte ce mardi 3 juin en annonçant que tous les sites du géant canadien de l’industrie du X changeront de visage en France dans un geste de protestation, à partir de mercredi 4 juin. Sont principalement concernés YouPorn, RedTube ou Pornhub.

En cause ? L’obligation imposée par le gouvernement français d’une vérification de l’âge des utilisateurs avant d’entrer sur un site pornographique grâce à une solution de double anonymat. Une mesure qui est (très) loin de satisfaire le groupe Aylo, qui indique par la voix d’un des membres du fonds d’investissement propriétaire du groupe, cité par Le Parisien et Le Monde, qu’« à partir de mercredi, tous nos sites pour adultes seront des sites d’informations pour expliquer notre combat contre une législation symbolique, inutile et dangereuse ». Citée par l’AFP, Alex Kekesi, vice-présidente de la communauté et de la marque chez Aylo, ajoute : « Nous avons pris la décision difficile de suspendre l’accès à nos sites en France dès demain après-midi et d’utiliser nos plateformes pour nous adresser directement au public français ».

Les sites pornographiques présents en France doivent en effet se plier à une loi exigeant le contrôle des visiteurs depuis juillet 2020. Une manière de serrer la vis vis-à-vis du contenu consultable par les mineurs alors que les sites pornographies se contentent d’un simple formulaire permettant d’attester sur l’honneur son âge, sans vérification supplémentaire.

Peu de temps après cette annonce, Aurore Bergé, ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations, s’est réjouie de cette nouvelle qui sonne pour elle comme une victoire. « Pornhub, YouPorn et Redtube refusent de se conformer à notre cadre légal et décident de partir. Tant mieux ! Il y aura moins de contenus violents, dégradants, humiliants accessibles aux mineurs en France », a-t-elle écrit dans un message sur X, ponctué d’un « Au revoir ».

L’ombre de l’Arcom

Comme le précise Le Monde, c’est donc un texte de lobbying contre la France et sa volonté de s’attaquer à la vie privée des consommateurs qui sera désormais visible en tentant d’accéder à l’un des sites cités plus tôt, dont certains − comme PornHub − sont parmi les sites les plus visités par les internautes français.

C’est aussi et surtout l’énième étape d’un bras de fer depuis l’instauration de cette loi. Les sites pornographiques mis en cause estimant que la vérification de l’âge des utilisateurs n’est pas de leur ressort, préférant renvoyer la responsabilité vers les géants derrière le matériel utilisé pour naviguer sur Internet, que ce soit Apple, Google ou Microsoft.

Mais surtout, en actant cette décision le 4 juin, les sites du groupe Aylo en profitent pour se prémunir d’un éventuel blocage par l’Arcom. L’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique pouvant mettre en demeure les sites X n’appliquant pas la loi française à partir de ce vendredi 6 juin. Le Monde ajoute à ce sujet que l’Arcom dispose ensuite du droit de demander aux fournisseurs d’accès à Internet le blocage des sites concernés sans passer par une décision de justice. Avec cette méthode, les sites du groupe Aylo s’évitent donc un futur blocage aux lourdes conséquences économiques tout en poursuivant la lutte contre les restrictions d’utilisation imposées par la loi française et contre lesquelles ils refusent de se plier.