Elles courent, s’arrêtent, repartent. Elles font le tour du manège des écuries de la Sapaie à St-Symphorien-des-Bruyères (Orne). Maëlyne et Lou 12 ans, Shirley, 34 ans, Adèle, 14 et Margaux 20, s’échauffent ensemble avant de s’exercer sur un « cheval fût » puis de monter sur un cheval en chair et en os.

Des exercices au sol

Elles se préparent au concours interclubs de voltige qui se déroulera le lendemain même dans la carrière du haras. Pour l’instant, elles pensent à fléchir les genoux, balancer leur corps à droite à gauche, à tendre leurs bras et toucher de la paume de leurs mains leurs pieds.

Bref, elles font des exercices physiques au sol, des extensions et des étirements, pour être en forme, souples et alertes, et « éviter en cas de chutes de se faire mal » explique leur coach Chloé, une ancienne championne de France par équipe. Les voltigeuses se concentrent.

Mousse et arçon

Le monteur, Jordan, celui qui porte les cavalières sur le cheval, vérifie le harnachement adapté à l’ancien fût alimentaire, habillé de mousse et d’un arçon, qui leur servira de modèle préparatoire.

La voltige, cette discipline qui comprend « un ensemble d’exercices acrobatiques exécutés sur un cheval au galop, en particulier dans les cirques » demande pour l’équipe Les Phoenix de la coordination, un esprit de groupe, d’entraide et d’amitié.

Pour l’heure, il faut se rappeler exactement toutes les figures, les enchaîner, les magnifier. Shirley pratique la voltige depuis deux à trois ans. Ancienne cavalière, elle voulait retrouver confiance à cheval et la voltige lui a semblé être une bonne façon pour renouer avec l’équitation. Sauf qu’elle a découvert qu’elle adorait la discipline.

Chacune a son histoire

Adèle a toujours voulu pratiquer la voltige, « grâce à une vidéo visionnée sur TikTok »… Chacune a son histoire et toutes se donnent à fond. « Pense bien à compter ! OK les bras en croix, c’est OK, c’est bien, c’est propre » félicite Chloé.

La coach est douce et très calme. « Je n’étais pas sûre de l’ordre » dit l’une, « je pose une jambe aussi, ça le fait ? » demande l’autre.

Donne ton épaule à Lou ! Du rythme, du rythme, ça prend trop de temps.

Un peu plus tard Adèle cherche l’équilibre avant de faire un grand écart. Annick, la mamie de Maëlyne, attend patiemment sa fille qui viendra avec son époux et leurs enfants les rejoindre en camping-car pour assister et participer au grand jour du lendemain.

Elle regarde les figures, et affiche sa fierté devant les acrobaties de sa petite fille qu’elle accompagne aussi souvent qu’elle le peut.

Nous vivons à 178 km d’ici, à Brecey dans la Manche.

Parties à 7 h 30 du matin pour avaler une distance non négligeable, Annick et Maëlyne ont le sourire aux lèvres. La petite est douée affirme sa grand-mère. Et puis, elle pratique dans son collège 6 à 8 h d’équitation par semaine, « de la théorie et de la pratique. C’est l’un des deux collèges de la Manche qui possède une section équitation ».

La jeune fille adore l’équitation et la voltige, alors elle ne rechigne pas à se lever tôt un samedi sur deux pour aller à Saint-Symphorien-des-Bruyères (Orne) s’entraîner avec les autres.

D’autant que l’équipe va concourir aux championnats de France, catégorie amateur, au Mans en juillet. « Elle a découvert ce club il n’y a pas très longtemps, lors d’un stage avec un champion d’Europe, et l’équipe lui a beaucoup plu ».

Rien ne l’arrête, « pour continuer l’équitation au collège, elle doit avoir de très bonnes notes dans les matières générales. De toute façon, elle est brillante, son niveau scolaire est excellent ».

La jeune fille « motivée, très sérieuse veut faire son métier dans la garde républicaine montée, je ne me fais aucun souci ».

Hussard, beau gosse

Bientôt les voltigeuses arrêtent l’entraînement sur tonneau. Chloé leur demande d’aller chercher son cheval, Hussard, un magnifique cob normand bai brun de 8 ans.

« C’est un beau gosse, le nounours des écuries » explique Margaux, par ailleurs gérante des écuries, « la fille de Philippe Cassou et la petite-fille de Bertrand Cassou ».

La jeune femme explique, « en septembre il manquait à l’équipe un voltigeur. Je suis une cavalière de CSO et je suis souvent en concours. Mais comme la pratique de la voltige me laisse du temps pour travailler et sortir en concours de CSO, j’ai donc pu dépanner Chloé que j’estime beaucoup ».

La voltige, c’est physique, ça fait travailler pas mal de parties du corps et comme je suis raide et pas souple pour un sou, ce n’est pas facile. Et puis la voltige, cela apporte une autre vision des choses.

« Je me sens libérée avec la voltige »

L’équipe prépare Hussard, qui réclame des carottes, des friandises, des câlins. De l’attention. Brossé, toiletté, harnaché, le cob normand est prêt pour entrer en scène.

Le beau gosse marche quelques tours au pas pour se détendre et s’échauffer. Comme les voltigeuses avant lui, il se prépare physiquement.

Je me sens libérée avec la voltige, ce n’est pas comme dans l’équitation classique. On peut se mettre dans n’importe quelle position, n’importe où sur le cheval, c’est agréable. J’aime autant les deux, mais c’est très différent.

Bientôt, au rythme de la musique, les voltigeuses s’élancent et reproduisent à la lettre ce qu’elles connaissent déjà par cœur. Hussard est calme, régulier, dynamique.

Sur son dos, elles enchaînent les figures. Elles épousent son rythme, à une, deux ou trois. Elles sont prêtes pour le lendemain. Hussard aussi.

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