Des entreprises chinoises font partie d’un réseau mondial de fournisseurs qui permet à la machine de guerre russe de fonctionner, a déclaré mardi le président ukrainien Volodymyr Zelensky, appelant les alliés de l’Otan à cesser tout commerce avec les entités qui aident la Russie.
« Assurez-vous que vos pays et vos entreprises n’aident en rien la Russie ou ses alliés. C’est crucial, vraiment », a-t-il déclaré.
« Il n’existe aujourd’hui aucune arme importante russe qui soit produite sans composants, sans équipements ou matériaux venus d’autres pays. »
M. Zelensky a tenu ces propos mardi lors du Forum de l’industrie de défense du sommet de l’Otan à La Haye, aux Pays-Bas, où il a exhorté les membres de l’Otan à augmenter leurs investissements dans la défense ukrainienne, y compris par la production conjointe d’armes, alors que la guerre contre la Russie entre dans sa quatrième année.
La Russie soutenue par un réseau
La Russie peut maintenir son effort de guerre, a expliqué M. Zelensky, grâce à un « réseau d’acteurs étatiques et non étatiques ».
« Ce réseau comprend la Russie, la Corée du Nord, le régime actuel en Iran, des entreprises chinoises, et de nombreuses autres structures à travers le monde qui contribuent à produire des armes et à mener des opérations contre notre pays, notre peuple et notre Europe », a-t-il déclaré aux participants du sommet, les appelant à coopérer pour « briser chaque lien qui connecte la Russie à ses complices ».
Selon M. Zelensky, des pièces étrangères se trouvent dans chaque missile russe, dans la plupart de ses drones et dans ses véhicules militaires.
Taïwan, des pays européens ou encore les États-Unis
« Il ne s’agit pas seulement de la Chine — il y a aussi Taïwan, certaines de ces pièces viennent de pays européens et des États-Unis », a-t-il ajouté. « Chaque composant ou machine-outil livré au secteur de la défense russe contribue à prolonger la guerre et constitue un crime contre la paix. »
Ce n’est pas la première fois que Kiev accuse Pékin d’aider le complexe militaro-industriel de Moscou.
Plus récemment, en mai, le chef du renseignement militaire ukrainien, Oleh Ivashchenko, a déclaré que son agence disposait de « données confirmées » montrant que le régime chinois fournissait des machines-outils, des produits chimiques spéciaux, de la poudre à canon et d’autres composants à 20 usines d’armement russes.
Début 2025, environ 80 % des composants électroniques critiques retrouvés dans les drones russes provenaient de Chine, selon M. Ivashchenko.
En avril, l’Ukraine a sanctionné trois entreprises chinoises accusées d’être impliquées dans la production des missiles russes Iskander, un système de missiles balistiques à courte portée capable d’emporter des charges nucléaires et largement utilisé dans la guerre.
Pékin a nié toute implication dans les deux cas.
Des sanctions visant à restreindre la Russie
Depuis que le conflit de longue date entre la Russie et l’Ukraine s’est transformé en une guerre ouverte en février 2022, les gouvernements occidentaux ont imposé des sanctions sévères visant à restreindre l’accès de la Russie aux matériaux indispensables à la fabrication d’armes, notamment les missiles de croisière et les drones. La Russie a toutefois réussi à contourner certaines de ces restrictions pour se procurer le matériel nécessaire, en partie grâce à des réseaux complexes du marché noir.
Bien que la Chine nie fournir un soutien militaire direct à la Russie, il est bien établi que les raffineries chinoises ont profité des sanctions occidentales pour acheter du pétrole russe à des prix réduits. Selon une analyse du département américain de l’Énergie, les importations en provenance de Russie ont augmenté pour la troisième année consécutive en 2024, atteignant en moyenne 2,2 millions de barils par jour, soit près d’un cinquième des importations totales de pétrole chinoises.
Lors du sommet de mardi, M. Zelensky a déclaré que la Russie utilise les revenus pétroliers pour financer son armée et se procurer des matériaux auprès de la Corée du Nord, de l’Iran et des « réseaux de corruption de la Russie dans d’autres pays ».
« Notre solidarité unie est la meilleure réponse au réseau de guerre de la Russie », a-t-il affirmé. « Nous sommes ouverts à diverses formes de coopération dans le secteur de la défense, y compris au partage de notre expertise et de nos réalisations avec ceux qui nous aident le plus. »
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