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Au moment où la canicule frappe de plein fouet de nombreux pays de par le monde, l’Organisation des Nations unies (ONU) et le Centre national américain de lutte contre la sécheresse (NDMC) publient un rapport dérangeant au sujet de ce « tueur silencieux » qu’est la sécheresse. Loin d’être une menace lointaine, elle fauche des millions de vies en plus de déstabiliser le tissu social, économique et politique des pays frappés.
À l’ère des dérèglements climatiques, ce péril ne devrait laisser aucune nation indifférente.
L’humanité a vécu des sécheresses records dans les dernières années, en raison du réchauffement climatique, et le pire reste à venir. La sécheresse s’intensifie au point d’exiger une coopération mondiale urgente, constatent l’ONU et le NDMC dans leur rapport. « Quand énergie, nourriture et eau viennent à manquer en même temps, les sociétés vacillent. C’est la nouvelle réalité à laquelle il faut se préparer », affirme le secrétaire exécutif de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification, Ibrahim Thiaw.
Le cas de l’Afrique, éternel continent négligé de la couverture médiatique, est particulièrement éloquent. Selon le rapport de l’ONU et du NDMC, plus de 90 millions d’Africains connaissent « une faim aiguë ». En août l’an dernier, environ un sixième de la population de l’Afrique australe (68 millions de personnes) avait besoin d’aide alimentaire. En Somalie, le quart de la population (4,4 millions de personnes) vivait en situation d’insécurité alimentaire grave au début de l’année.
Les répercussions de la sécheresse vont au-delà des ventres creux et de la lente agonie des victimes de cette impitoyable faucheuse. Les paysages arides ou désertiques constituent le terreau fertile du cavalier d’une apocalypse faite de crises alimentaires, hydriques et énergétiques. La sécheresse n’est pas étrangère aux conflits meurtriers imputables à la convoitise des ressources. Elle déstabilise la production et la chaîne d’approvisionnement des cultures du riz, du café et du sucre. Elle laisse le choléra en héritage. Elle contraint des enfants à l’abandon scolaire. Elle consacre une flambée de mariages forcés de mineures au sein de familles à court de moyens de survie. Encore et toujours, les femmes et les enfants sont les plus vulnérables, aux côtés des personnes âgées, des éleveurs nomades, des agriculteurs et des personnes atteintes de maladies chroniques.
Que faire maintenant ? Agir, non seulement pour l’Afrique, mais aussi pour le salut des nations qui sont à risque de basculer à leur tour, car la sécheresse n’est désormais plus le problème des pays pauvres. C’est aussi l’affaire de nations développées sur tous les continents.
Les pays méditerranéens offrent un avant-goût de ce qui attend d’autres économies modernes, préviennent les auteurs du rapport. À titre d’exemple, l’Espagne, le Maroc et la Turquie ont connu des difficultés pour garantir l’approvisionnement en eau, en nourriture et en énergie. Deux années de sécheresse ont provoqué une baisse de 50 % de la production d’olives en Espagne, ce qui contribue à une flambée des prix. Au Maroc, six années de sécheresse consécutives ont généré une diminution de près du tiers de la production de blé et d’orge.
Quand la planète suffoque, c’est toute la chaîne alimentaire qui vacille. L’espèce humaine n’est pas la seule à subir les contrecoups de la sécheresse. La baisse des niveaux d’eau entraîne aussi la mort massive d’espèces animales un peu partout.
La première condition du succès, c’est de reprendre l’initiative dans la lutte contre les changements climatiques et la diminution de notre dépendance aux énergies fossiles. À ce chapitre, nous allons de surplace en recul. Les chances de limiter les dérèglements du climat à un seuil sécuritaire s’amenuisent, constatait encore récemment un groupe d’experts internationaux. Le maintien du réchauffement climatique à moins de 1,5 degré Celsius par rapport à l’ère préindustrielle, une cible presque hors d’atteinte, demeure un impératif. Les gouvernements sont pourtant prompts à sacrifier l’environnement sur l’autel du développement à la moindre manifestation de turbulences économiques, y compris au Canada depuis l’élection de Mark Carney.
Les auteurs du rapport de l’ONU et du NDMC préconisent également la modernisation des pratiques d’agriculture, une industrie qui est la plus grande consommatrice d’eau, le développement d’infrastructures résilientes pour l’approvisionnement en eau, le déploiement d’efforts accrus pour réduire le gaspillage, la restauration des écosystèmes naturels, le recours aux sources d’énergie renouvelables (solaire, éolienne et géothermie), l’élaboration de systèmes d’alerte avancés pour prévenir les sécheresses, etc.
Ces solutions ne s’imposeront pas d’elles-mêmes. Elles sont indissociables d’une culture de coopération internationale, malmenée par les gouvernements de droite — les États-Unis en tête —, et d’un changement de perception durable. Il faut arrêter de voir la sécheresse comme un phénomène météorologique, et la considérer comme l’une des conséquences les plus dramatiques du réchauffement climatique.
Ce texte fait partie de notre section Opinion. Il s’agit d’un éditorial et, à ce titre, il reflète les valeurs et la position du Devoir telles que définies par son directeur en collégialité avec l’équipe éditoriale.