Il a la tête des mauvais jours, son casque rouge et blanc aux dimensions démesurées posé sur ses avant-bras dans la zone d’arrivée. Épuisé. Assommé. Jonas Vingegaard vient de terminer le contre-la-montre de Caen au 13e rang, à 1’21 du vainqueur Remco Evenepoel et 1’05’’ de son grand rival Tadej Pogacar. Un gouffre. Le double vainqueur du Tour de France (2022 et 2023) a même été battu dans son propre camp. Par le spécialiste du contre-la-montre Eduardo Affini (3e de l’étape mais avantagé plus tôt dans la journée par un vent de face moins fort) mais surtout par Matteo Jorgenson (11e de l’étape). C’est plus inquiétant.

Vingegaard battu par deux coéquipiers

«On ne s’attendait pas à perdre autant de temps. On attendait un meilleur temps pour Matteo et Jonas aujourd’hui» a expliqué Grischa Niermann, le directeur sportif de l’équipe avouant n’avoir «aucune explication» sur l’ampleur de cette contre-performance. «Avant le contre-la-montre tout allait bien. Il a manqué d’énergie», a poursuivi le dirigeant avant de conclure : «Il faudra combler l’écart si Jonas veut gagner le Tour mais cela ne change rien pour nous, on va continuer.»

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La donne n’est pourtant plus tout à fait la même après le premier des deux chronos de l’édition 2025. Le second est programmé le 18 juillet et n’aura rien à voir, en montagne cette fois, avec un dénivelé de 650 m en seulement 10,9 km entre Loudenvielle et Peyragudes. La veille, le peloton aura escaladé les pentes des Pyrénées avec un beau plat de résistance entre Auch et Hautacam. Des pentes raides comme les apprécie Vingegaard.

Mais avant de rêver d’une revanche, le Danois devra surtout remettre sa tête à l’endroit dans les prochains jours. Sortant de sa réserve, il avait clamé avant le grand départ de Lille être plus fort que jamais, insistant sur sa prise de muscles notamment. «Je suis plus lourd maintenant que l’an dernier, mais c’est du muscle et on sait que ça donne aussi beaucoup plus de puissance.» Un travail qui devait lui permettre de s’améliorer dans les chronos. Cette première manche a tourné au fiasco alors qu’il avait terminé deuxième derrière Evenepoel de celui du Critérium du Dauphiné quelques jours avant la Grande Boucle. Pogacar, plus effacé ou alors maître dans l’art de cacher son jeu, s’était contenté de la quatrième place.

Pogacar ne s’attendait pas à un tel écart en sa faveur

«Ce fut une journée difficile pour moi. C’est comme ça parfois. Je n’avais pas les jambes aujourd’hui. Il n’y a pas grand-chose à ajouter. Le Tour est bien sûr long, donc je suis toujours motivé et je crois que c’est encore possible», a reconnu le vainqueur du Tour en 2022 et 2023 qui ne rend pas les armes pour autant. «Je m’attendais à ce que Vingegaard soit plus près, voire meilleur que moi», a commenté de son côté Pogacar, impressionnant à seulement 16 secondes de Remco Evenepoel dans la peau de la proie chassée. Le Tour n’est pas terminé, il reste encore seize étapes dont six de montagne (cinq arrivées en altitude). À Vingegaard de démontrer désormais qu’il reste des munitions dans sa cartouchière en forçant sa nature. Le voilà condamné à passer à l’offensive. La fenêtre de tir est étroite mais pas inexistante.