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Victoire de Nawrocki : la France, qui vient de signer un traité de sécurité avec la Pologne, doit-elle s’inquiéter ?

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FIGAROVOX/TRIBUNE - Ce 1er juin, les Polonais ont élu un nationaliste à la tête de leur pays, Karol Nawrocki. L’ex-ambassadeur français sur place, Patrick Gautrat, explique que le nouveau président est plus idéologue que son prédécesseur, Duda, peu favorable aux aides à l’Ukraine et très trumpiste.

Patrick Gautrat est ex-ambassadeur de France en Pologne et a récemment publié Pologne, le retour (Temporis, 2025).


«Pays héroïque et martyr» selon Adam Mickiewicz, la Pologne a connu tout au long de son histoire nombre d’heures de gloire mais également de terribles tragédies dont certaines résultaient en partie de ses propres erreurs. Après l’élection présidentielle du 1er juin, la «nation de l’Aigle blanc» semble devoir connaître à nouveau turbulences et infortunes. Ayant remarquablement réussi en 1989 la transition lui permettant de passer d’un régime socialiste «à la soviétique» à une démocratie libérale aux plans politique et économique, avec une adhésion à l’OTAN puis à l’Union européenne, en 2004, tout s’annonçait au mieux pour elle.

Mais les mauvais démons si présents dans son histoire sont apparus très vite et plus agressifs que jamais, en se manifestant par un combat sans merci entre anciens de «Solidarnosc», les uns au centre-droit pro-européen de Donald Tusk (PO) et les autres de la droite nationaliste (PiS) des frères Kaczynski. Le psychodrame allait durer jusqu’en octobre 2023, ces 18 années étant marquées par une formidable modernisation du pays mais également par des luttes partisanes incessantes confinant souvent à la haine et particulièrement néfastes lors des périodes de cohabitation entre président de la République et premier ministre. À un gouvernement Tusk relativement homogène succédait en 2015 - au départ de celui-ci comme président du Conseil européen - un pouvoir total du PiS et instaurant jusqu’en 2023 une politique réellement «illibérale», lui attirant les foudres de l’UE avec son article 7 du Traité infligeant de sévères sanctions financières. Même s’il existait un certain consensus bipartisan sur les questions de sécurité, notamment au regard de la guerre en Ukraine, cette situation ne pouvait perdurer et Donald Tusk emmenait à la victoire, fin octobre 2023, une coalition à laquelle participaient le centre et la gauche. Au cours de cette nouvelle cohabitation, le président Andrzej Duda - du PiS - faisait son possible pour entraver l’action de Donald Tusk qui - s’il parvenait à revenir sur les mesures les plus sectaires du PiS, notamment dans le domaine des médias ou de la justice ainsi que pour les nominations, voyait ses initiatives souvent freinées notamment en matière sociétale.

Les États-Unis se sont insérés sans retenue dans la campagne, la secrétaire à la Sécurité intérieure, Kristi Noem, déclarant qu’il fallait voter pour le candidat du PiS en ne cachant pas que c’était là le meilleur moyen de conserver l’aide militaire américaine

La problématique des élections présidentielles de juin 2025 était donc simple : pour que le gouvernement puisse réaliser pleinement son programme, il était indispensable de sortir de la cohabitation et, partant, de voter pour son candidat, le maire de Varsovie, Rafal Traskowski, 53 ans, personnage de qualité et de surcroît polyglotte ! En face, Jaroslaw Kaczynski avait fait apparaître Karol Nawrocki, un inconnu au PiS, 42 ans, historien de Gdansk, qui menait une campagne très virulente, parvenant à faire oublier l’amoncellement d’informations accablantes sur son passé, qu’il s’agisse d’obscures questions immobilières, de liens douteux avec la mafia de Gdansk ou de son implication sulfureuse dans des affaires de proxénétisme. Piètre orateur, il n’en parvenait pas moins à retenir l’attention générale et réussissait même, début mai, à obtenir dans le bureau ovale une «photo opportunity» avec Donald Trump qui se déclarait convaincu de sa victoire !

Dès lors, la campagne électorale prenait un autre tour : alors qu’il caracolait en tête dans les sondages depuis plusieurs mois, Rafal Trzaskowski semblait marquer le pas, n’évoquant pas assez tous les dommages que les huit années du gouvernement PiS avaient infligés au pays et ne se référant que rarement à des questions cruciales comme le droit à l’avortement, le PACS ou la consolidation de l’État de droit. Conformément aux derniers sondages, les progrès de Karol Nawrowski lui permettaient de terminer deuxième du premier tour avec à peine 2 points de retard sur son adversaire. Tout se jouerait donc sur les reports de voix de plus de 20 % des 2 partis d’extrême droite. Par ailleurs, les États-Unis s’inséraient sans retenue dans la campagne, la secrétaire à la Sécurité intérieure, Kristi Noem, déclarant dans un rassemblement conservateur à Rzeszow qu’il fallait voter pour le candidat du PiS en ne cachant pas que c’était là le meilleur moyen de conserver l’aide militaire américaine !

Au soir fatidique, on assistait à de multiples renversements de situation, les deux adversaires revendiquant chacun la victoire en début de soirée mais, vers 23h, le résultat était sans appel, et d’un souffle, en faveur de Nawrowski, 50,09 contre 49,11 % ! Plus que jamais, le pays était coupé en deux, entre l’ouest et les grandes villes, pro-européens alors que l’est et les campagnes étaient conservateurs, avec la montée spectaculaire de l’extrême droite. Ces résultats étaient accueillis diversement à l’extérieur, Orban, Meloni, Rubio…et Marine Le Pen s’en félicitant alors que Zelenski se voulait aimable avec un nouveau président préconisant la diminution de l’aide aux immigrants ukrainiens et hostile à l’entrée de son pays dans l’OTAN et l’UE. Outre les félicitations ampoulées de von der Leyen et Rutte, le président Macron, comme son homologue allemand Steinmeyer, se référaient surtout à l’État de droit.

À lire aussi Chantal Delsol et Joanna Nowicki : «En Pologne aussi, on assiste à une rupture entre les “somewhere” et les “anywhere”»

Ainsi, et alors que l’on pouvait espérer une Pologne pro-européenne ayant enfin un gouvernement libre d’agir, celle-ci allait inéluctablement entrer dans une zone de turbulences. Les amabilités protocolaires des deux compétiteurs et la déclaration de Nawrowski selon laquelle il serait «le président de tous les Polonais» ne trompaient personne, car le vainqueur est plus idéologue que ne l’était Duda et cherchera, par ses obstructions, à empêcher Tusk d’agir afin de provoquer rapidement la démission ou la chute du premier ministre et son remplacement par «un gouvernement de techniciens», les élections législatives de 2027 étant éventuellement avancées. Lundi soir à la télévision, Donald Tusk voulait paraître serein, soulignant que «le gouvernement continuait, pour une Pologne libre, souveraine, sûre et prospère», indiquant qu’il solliciterait la confiance de la Diète le 11 juin.

Pour la France, ce résultat est préoccupant car, quelques semaines après avoir signé à Nancy un ambitieux traité bilatéral en matière de sécurité, nous nous trouvons désormais face à un gouvernement ayant beaucoup moins les coudées franches et contraint de composer avec un président manifestement eurosceptique et totalement favorable à l’administration Trump. Certes, il existe un large consensus transpartisan dans le pays sur le soutien à l’Ukraine et le renforcement de l’outil de défense face à la potentielle menace russe, mais à n’en pas douter, les prochaines semaines verront nombre de blocages institutionnels et la fragile coalition gouvernementale pourrait même éclater. En mettant les choses en perspective, ce n’est pas la première fois que la Pologne connaîtra un certain chaos politique, mais l’on peut craindre qu’elle voie sa position entamée dans une Europe où elle avait retrouvé toute sa place.

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