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«Non seulement l’islamo-gauchiste existe, mais ses penseurs s’en revendiquent explicitement»

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FIGAROVOX/TRIBUNE - Ce 7 juillet, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a déclenché une polémique en déclarant que la notion d’islamo-gauchisme ne reposait sur «aucune réalité universitaire». Le directeur du CERU, Olivier Vial, lui répond.

Olivier Vial est directeur du CERU (laboratoire d’idées) et président de l’UNI.


L’islamo-gauchisme «n’a aucune réalité universitaire !» Répétons ensemble : l’islamo-gauchisme « n’a aucune réalité universitaire ! ». Philippe Baptiste, le ministre de l’Enseignement, n’est-il pas trop âgé pour continuer à croire qu’il suffit de répéter une formule pour rompre un sortilège et faire disparaître les problèmes et la réalité ?

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Au cours d’un entretien sur le plateau de LCP, le 7 juillet dernier, le ministre a ajouté à propos de l’islamo-gauchisme : «ce terme […] n’existe pas en tant que terme universitaire, il n’est même pas bien défini, donc cette notion n’existe pas». Ce concept n’est pourtant pas né sur un plateau télé ni sur l’estrade d’un meeting. C’est bien un chercheur et politiste reconnu, lui-même directeur de recherche au CNRS, Pierre-André Taguieff, qui le premier va l’employer dans son livre La nouvelle judéophobie (2002) pour décrire «un ensemble d’alliances stratégiques et de convergences idéologiques entre des groupes d’extrême gauche et diverses mouvances islamistes». Une définition précise, documentée, se fondant sur des faits historiques, politiques et sociaux observables. Depuis, la notion a d’ailleurs été reprise par de nombreux universitaires, spécialistes de ces questions, comme l’islamologue Gilles Kepel ou la sociologue et anthropologue Florence Bergeaud-Blackler, elle aussi membre du CNRS. Plus de 250 universitaires ont même signé un manifeste le 1er novembre 2020 pour soutenir les propos de Jean-Michel Blanquer, alors ministre de l’Éducation nationale, qui avait lancé cet avertissement : «l’islamo-gauchisme fait des ravages à l’université». Ces chercheurs dénonçaient alors le déni d’une partie des instances universitaires et politiques face à cette menace.

Sur quelle autorité académique le ministre, ancien directeur du Centre national des études spatiales, se fonde-t-il pour estimer que des politistes, des islamologues, des sociologues ne sont pas légitimes dans leurs analyses sur la montée de l’islamo-gauchisme ? Sur le seul constat que cela n’a pas encore touché la Lune ou contaminé le système solaire ? Faut-il lui rappeler que, depuis Galilée, la science n’avance ni par les jugements des tribunaux du Saint-Office, ni par décrets ministériels, mais par la confrontation argumentée de concepts et d’analyses ?

L’islamo-gauchisme n’est pas un slogan vide, mais la désignation d’un phénomène idéologico-politique analysé et documenté depuis plus de vingt ans

De plus, même si, pour le ministre, le fait que « des départements d’universités sont très politisés » (traduisons : très militants à gauche) fait partie de la tradition universitaire française, cela ne devrait pas suffire à discréditer les chercheurs qui remettent en cause cette doxa. Et pourtant, effectivement, on ne peut que constater que le système a des anticorps puissants pour rejeter toute tentative de le remettre en cause. Il suffit de se remémorer la pantomime sur ce sujet de l’ancienne ministre Frédérique Vidal. En février 2021, elle avait fait semblant de lancer une enquête, prétendant ensuite que tout était réglé et que «l’islamo-gauchisme et la censure étaient des problèmes du passé» (France Info du 15 octobre 2021). Pourtant, Le Monde a depuis révélé que cette enquête n’avait, en réalité, jamais été menée. Fermer les yeux pour ne rien voir !

Ceux qui continuent à nier l’existence de l’islamo-gauchisme devraient écouter l’un de leurs propres compagnons de route, François Burgat, politologue, ancien directeur de recherche au CNRS, qui revendique la réalité de cette convergence. «Nous pouvons dès lors être effectivement fondés à labelliser “islamogauchiste” l’interaction et parfois la convergence intellectuelle et politique qui s’est établie vers la fin des années 1980 entre les luttes de certaines composantes de l’extrême gauche, notamment française, et celles des acteurs d’un segment, au moins, du large spectre de l’islam politique. On peut considérer que c’est, dans le champ intellectuel, le philosophe Michel Foucault qui, avec sa remarque provocatrice (“La première condition pour traiter de la question de l’islam en politique […] est de ne pas commencer par y mettre de la haine”), a le premier osé énoncer la possibilité d’une reconnaissance des acteurs usant du lexique islamique. Née à l’aube de la révolution iranienne, cette convergence ne s’est ensuite jamais démentie». Finalement, ce sont bien ceux qui pratiquent l’islamo-gauchisme depuis toujours qui en parlent le mieux. Il appelle même à «une dose supplémentaire d’islamo-gauchisme» pour «sortir de la spirale des extrêmes» et parvenir à une «reconnaissance réciproque» entre la gauche et l’islam politique.

Il est donc temps d’être sérieux : l’islamo-gauchisme n’est pas un slogan vide, mais la désignation d’un phénomène idéologico-politique analysé et documenté depuis plus de vingt ans, et son emprise sur l’université s’est accrue en passant par trois étapes successives.

En 1994, Chris Harman, un trotskiste anglais, publie Le Prophète et le prolétariat, dans lequel il justifie l’alliance stratégique avec les islamistes sur les fronts anti-impérialiste et antiraciste Passer la publicité

C’est d’abord en s’arrimant au mouvement altermondialiste, très présent dans les universités à la fin des années 90, que cette alliance va prendre forme sur les campus. En 1994, Chris Harman, un trotskiste anglais, publie Le Prophète et le prolétariat, dans lequel il justifie l’alliance stratégique avec les islamistes sur les fronts anti-impérialiste et antiraciste. Cela débouchera en Grande-Bretagne sur la création du Parti du Respect : alliance formelle entre le Socialist Workers Party (trotskistes anglais) et la Muslim Association of Britain (MAB), proche des Frères musulmans. En France, l’une des branches du trotskisme, la Tendance Socialiste Internationale (TSI), s’aligne sur cette ligne et forme le groupe Socialisme par en bas dont Danièle Obono fut l’une des chevilles ouvrières avant de rejoindre la LCR et de devenir députée LFI. Elle a depuis été nommée en 2018 au sein du conseil d’administration de l’UFR de sciences politiques de l’université Paris 1. Une tactique d’entrisme qui avait débuté dès 2005, quand la LCR avait signé l’« appel pour les assises de l’anticolonialisme post-colonial» lancé par Houria Bouteldja, qui aboutira en 2010 à la création du Parti des Indigènes de la République (PIR) sur le modèle du Parti du Respect anglais.

Cette stratégie militante s’est ensuite développée sur les campus français. Alors qu’en 2002, les Étudiants musulmans de France (EMF) réalisaient une percée électorale au CROUS, des syndicats et associations étudiantes de gauche faisaient déjà voter à l’Université Paris 6 le boycott académique d’Israël. En 2004, les services d’ordre de plusieurs organisations d’extrême gauche étudiante encadraient même la manifestation pro-voile organisée par Mohamed Latrèche du très controversé Parti des musulmans de France.

Cette alliance entre islamistes et militants d’extrême gauche ne s’est pas limitée au terrain politique : elle a également prospéré idéologiquement, forgeant des concepts «universitaires» susceptibles de remplir l’arsenal militant de ceux qui veulent renverser notre modèle de société.
Dès 2003, la notion d’«islamophobie» s’impose, par exemple, grâce à une véritable synergie entre un universitaire et des réseaux militants. Vincent Geisser, chercheur au CNRS, publie le 18 septembre 2003 La nouvelle islamophobie. Deux jours plus tard, un colloque est organisé autour de son livre à l’Assemblée nationale, puis les Étudiants Musulmans de France lancent une tournée des campus pour populariser ce livre auprès des étudiants. Les rencontres et les événements se sont ainsi multipliés comme la «Journée internationale de l’islamophobie» organisée le 13 décembre 2014 à l’université Paris 8-Saint-Denis, avec comme invités vedettes les indigénistes Saïd Bouamama et Houria Bouteldja, aux côtés de Tariq Ramadan. Cela a permis d’imposer l’islamophobie comme un concept incapacitant, nous empêchant d’analyser et de lutter contre les dérives de l’islam politique.

À lire aussi Eugénie Bastié: «Quand Houria Bouteldja veut faire l’alliance de la faucille et du Coran»

Plus récemment, ce sont les «études postcoloniales», l’«intersectionnalité», la dénonciation du «racisme systémique» et du «racisme d’État» qui ont prolongé, en l’élargissant, cette dynamique. Ces concepts ont permis de fabriquer ce que Lorenzo Vidino, de l’Université George Washington, appelle l’islamo-wokisme : une seconde phase où l’islamisme militant fusionne avec le wokisme universitaire, intégrant féminisme intersectionnel, mouvements queer, écologie décoloniale et post-colonialisme.

Aujourd’hui, la convergence entre islamisme et extrême gauche ne se limite plus à l’antisionisme ou au communautarisme religieux : elle s’étend à la critique globale de l’Occident et à la lutte contre la prétendue domination de l’homme blanc cisgenre et hétérosexuel. Elle est portée par des figures comme la politologue Fatima Ouassak, qui milite pour une écologie «non blanche» et tweete, quelques heures après le pogrom du 7 octobre que «l’écologie ne peut être que palestinienne. Si elle vise réellement à combattre la spoliation de la terre et de l’eau […] Soutien aux soulèvements de la terre palestinienne». Elle ajoute dans un autre message : « Pendant la guerre anticoloniale en Algérie, Simone de Beauvoir ou Sartre ont pris position (sans trembler) pour la résistance algérienne, contre la France. Dans la guerre qui oppose colons et colonisés, il faut soutenir (sans trembler) le camp des colonisés ». Cela ne l’empêchera pas d’être invitée par l’université de Strasbourg et la ville de Grenoble pour le «Mois décolonial». À Lyon 2, deux jours avant l’attaque du Hamas, Solidaires Étudiants organisait même une conférence avec Maryam Abu Daqqa, cadre du Front Populaire de Libération de la Palestine, organisation classée terroriste.

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Voilà la réalité : depuis 20 ans, une partie de la gauche radicale a délibérément construit des alliances idéologiques et militantes avec l’islam politique. Elle a imposé ses concepts à l’université, a transformé les syndicats étudiants en courroies de transmission, a construit des alliances électorales et a nourri un climat d’intimidation intellectuelle où toute critique est criminalisée comme «islamophobe». Des chercheurs comme Florence Bergeaud-Blackler sont empêchés de présenter leurs travaux sur les campus ou de faire cours comme Fabrice Balanche à Lyon 2. Les exemples sont désormais légion.

Nier l’existence de l’islamo-gauchisme, comme le fait le ministre, c’est refuser de voir cette histoire, cette stratégie et ces réseaux. C’est laisser prospérer un climat d’intimidation qui menace la liberté académique et fait le jeu de l’entrisme des Frères musulmans. Il est temps de regarder cette réalité en face.

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