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La mort de Dante Andreatta en 2020 à Toronto n'aura pas été vaine. Les déclarations de sa famille au procès de ses meurtriers ont permis d'apprendre que la victime de 12 ans a permis à neuf patients de survivre grâce à ses organes.
Rashawn Chambers, Jahwayne Smart et Cjay Hobbs ont été condamnés à la perpétuité pour meurtre prémédité et tentative de meurtre contre les cinq individus qu'ils avaient ciblés.
C'est un père stoïque qui a parlé de son fils comme aucun autre père n'aurait pu le faire. Sebastian Andreatta explique que Dante était affectueux, rempli d'énergie et un bon compagnon.
Il aimait faire de la bicyclette, nager et jouer au soccer, dit-il sans émotion dans un prétoire plein à craquer.
Rien ne peut meubler nos silences, nous ne sommes plus les mêmes, il nous manque terriblement, ajoute-t-il en déclarant qu'il ne lui reste plus qu'à lui rendre visite au cimetière ou à regarder des photos de souvenirs.

Dante Andreatta et sa mère Karla Marroquin. (Photo d'archives)
Photo : AVEC L'AUTORISATION DE LA COUR SUPÉRIEURE DE L'ONTARIO
Notre chagrin est inexplicable, le deuil ne nous rend pas plus forts, mais nous essayons d'être de meilleures personnes tous les jours, conclut-il en remerciant la juge, le jury, les détectives et les procureurs.
Justice a été rendue, soupire-t-il.
Neuf dons d'organe, neuf vies
Dante était né en Bolivie d'un père argentin et d'une mère salvadorienne, mais sa famille vivait au Chili avant d'immigrer au Canada un an et demi avant sa mort.
L'adolescent a été atteint à la nuque par une balle perdue, le 7 novembre 2020, au moment où il faisait des courses avec sa mère dans le quartier Jane & Finch dans le nord-ouest de Toronto.
Karla Marroquin a fait lire par le procureur de la Couronne sa déclaration d'impact. Elle y affirme qu'elle n'entendra plus jamais son fils lui dire qu'il l'aime.

Le stationnement près de l'intersection des rues Jane et Stong Court dans le nord de Toronto, où la fusillade s'est produite en plein jour le 7 novembre 2020.
Photo : Radio-Canada / Darek Zdzienicki
Mme Marroquin affirme qu'elle a dû faire ses adieux à son fils quatre jours plus tard lorsque sa famille a accepté de le débrancher pour que l'hôpital puisse prélever ses organes.
Dante a été brave, c'est mon héros, dit-elle en qualifiant sa mort d'injuste.
Elle a d'ailleurs donné les lettres de deux des receveurs d'organes de son fils en guise de documents dans ces audiences sur la peine.
Le procureur Arian Khader les a lues à la cour. Les deux jeunes hommes y remercient Dante pour leur avoir donné une seconde chance dans la vie.
Deuil des deux sœurs de Dante
Mme Marroquin affirme que la mort de son fils a eu un profond impact sur sa vie. Je fais des cauchemars et mon état mental est affecté, dit-elle en regrettant qu'elle ne pourra jamais assister à la collation des grades de son fils, ni à son mariage, ni à la naissance de ses enfants.
Les deux sœurs de Dante ont également témoigné, de même que leur grand-mère et son meilleur ami Jesus.
Luciana affirme que Dante adorait la taquiner, rigoler et faire des blagues. Il me suivait partout et il avait un sens ridicule de l'humour, se rappelle-t-elle.
Je n'arriverai jamais à trouver une paix intérieure; la justice ne peut cicatriser ma douleur, conclut-elle.

La juge Joan Barrett, de la Cour supérieure de l'Ontario, écoute les déclarations des familles Andreatta et Adamski.
Photo : Radio-Canada / Pam Davies
Adriana ajoute que son frère était très sociable et qu'elle l'enviait beaucoup parce qu'elle était tout son contraire.
Mon cœur et mon âme sont aujourd'hui vides, déclare-t-elle en mentionnant qu'elle est aujourd'hui apeurée à l'idée de sortir dans la rue après ce qui s'est passé.
Je me sentirai éternellement coupable pour l'avoir envoyé magasiner avec ma mère, conclut-elle.
La grand-mère de Dante, Graziella Andreatta, a dit qu'elle n'oubliera jamais son petit-fils ni le don qu'il a fait pour sauver neuf vies.
Jesus n'avait pour sa part que des éloges pour l'ami irremplaçable qu'il a perdu.
Une seconde famille inconsolable
L'une des trois blessés de la fusillade, Jonathan Adamski, est mort environ un an plus tard d'une surdose de médicaments anti-douleurs après avoir été incapable de surmonter ses séquelles physiques et psychologiques.
Il a été atteint de dépression et d'un syndrome de stress post-traumatique après avoir été atteint d'une balle au bras.

Jonathan Adamski est mort d'une surdose de médicaments contre les douleurs plus d'un an après la fusillade qui l'avait gravement blessé le 7 novembre 2020. (Photo d'archives)
Photo : AVEC L'AUTORISATION DE LA COUR SUPÉRIEURE DE L'ONTARIO
Anna Adamska explique que son fils est mort après s'être trouvé au mauvais endroit, au mauvais moment. Il a survécu à la fusillade mais il ne cessait de répéter qu'il aurait préféré mourir pour que Dante survive, dit-elle.
Elle ajoute que son fils n'a jamais pu surmonter sa douleur et son handicap après avoir perdu la mobilité de son bras et de sa main.
Il a perdu ses emplois, parce qu'il ne pouvait endurer le rythme de travail, il pensait que sa vie n'avait plus de sens et n'appréciait plus la vie, poursuit-elle.

La fusillade, qui a eu lieu samedi après-midi, a fait un total de quatre blessés. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Kelda Yuen/CBC News
Mme Adamska ajouté que son fils croyait que tout le monde, y compris le personnel de CAMH, ne s'intéressait pas à lui et ne croyait pas à ses douleurs.
Il vivait dans l'insécurité financière, le stress, la peur et il ne pouvait plus dormir, se souvient-elle.
Elle précise que son fils consommait des drogues qu'il se procurait dans la rue lorsque les médicaments des médecins ne faisaient plus d'effet.
Sa mort ne m'a pas épargnée non plus, je ne suis plus la même, je souffre d'anxiété, d'insomnie et je suis devenue nerveuse au volant ou dans la rue, dit-elle.

Deux des trois suspects avaient été arrêtés deux jours plus tard, le 9 novembre 2020, à l'extérieur du magasin Canadian Tire situé à l'angle de Bay et Dundas au centre-ville. (Photo d'archives)
Photo : CBC / Michael Wilson
Jonathan Adamski n'est pas en reste. Il a lui aussi fait donner de ses organes à six malades du pancréas, des reins et des poumons.
J'ai honoré son souhait et j'essaie aujourd'hui de voir un peu de beauté dans ce monde, conclut-elle.
Rappel des événements tragiques
Le procès a montré au printemps que la fusillade s'était produite entre deux véhicules dans un stationnement près de l'intersection des rues Jane et Strong Court dans le nord-ouest de la métropole.
Chambers et Smart étaient sortis d'une voiture volée que conduisait Hobbs pour tirer sur les cinq occupants du second véhicule que conduisait Jonathan Adamski.
Adamski avait décidé de relaxer dans sa voiture avec ses amis, deux jeunes hommes et deux jeunes filles.
Le conducteur et deux des quatre passagers avaient été blessés par balles. Les femmes s'en étaient sorties indemnes.
Le mobile de l'attaque n'a jamais été révélé, mais il pourrait s'agir d'une erreur sur la personne. Le procès avait expliqué que les assaillants voulaient prendre leur revanche après une vente de drogue qui avait mal tourné.
Dans un cas de meurtre prémédité, la peine est automatique, soit 25 ans de prison ferme. Il ne restait plus à la juge qu'à fixer la peine pour les cinq accusations de tentative de meurtre.
Peine exemplaire de la magistrate
Dans son jugement, la juge Joan Barrett, de la Cour supérieure de l'Ontario, explique que le châtiment pour les accusations secondaires doit être proportionnel à la gravité du crime et la culpabilité morale des meurtriers.
Elle a retenu de nombreux facteurs aggravants pour leur infliger une seconde peine de prison à vie, comme le mépris pour la vie d'autrui et de la sécurité du public dans une attaque perpétrée en plein jour avec deux armes automatiques.
Il est remarquable que la fusillade n'ait pas fait plus de victimes, précise-t-elle, en rappelant que deux des 36 balles tirées cet après-midi là avaient traversé les murs d'un appartement.

Le logement de Rashawn Chambers, où une arme de poing, des munitions et des gants noirs en caoutchouc ont notamment été saisis deux jours après la fusillade. (Photo d'archives)
Photo : AVEC L'AUTORISATION DE LA COUR SUPÉREURE DE L'ONTARIO
La juge n'a retenu aucun facteur atténuant, puisque les trois hommes avaient tous des antécédents judiciaires pour possession de drogue dans le but d'en faire le trafic et d'armes à feu notamment.
Elle mentionne qu'un rapport Morris sur le racisme systémique contre les Noirs est inutile dans leur cas.
Ils ont choisi de vivre du trafic de drogues, parce que deux d'entre eux ont avoué – de leurs propres aveux – durant leur témoignage respectif que c'était plus lucratif que de travailler de façon honnête, rappelle-t-elle.
La magistrate dit regretter à la lumière de la jurisprudence que la violence armée à Toronto n'a pas cessé malgré des jugements semblables au sien dans le passé.
Le châtiment doit être dissuasif et exemplaire face à l'épidémie de fusillades mortelles, déclare-t-elle. De telles inconduites doivent être dénoncées, car elles minent la sécurité du public.

Le tiroir dans lequel la police de Toronto a trouvé l'arme du crime et les gants de caoutchouc que Rashawn Chambers a utilisés dans la fusillade du 7 novembre 2020.
Photo : AVEC L'AUTORISATION DE LA COUR SUPÉRIEURE DE L'ONTARIO
Les deux peines à perpétuité devront être purgées de façon concomitante. Chambers et Smart sont âgés de 29 ans et Hobbs, de 31 ans.
La juge Barrett a par ailleurs salué le geste héroïque de Jonathan Adamski, en rappelant que le jeune homme de 18 ans avait tenté de quitter le stationnement à tout vitesse sous une pluie de projectiles.
Une attention qui semble avoir touché la mère de la victime dans le prétoire.
Réaction de l'une des défenses
Fait inusité : la défense des trois meurtriers ne s'est pas opposée à la seconde peine de prison à vie imposée pour les accusations secondaires.
Avant que les trois meurtriers ne soient emmenés par des gardiens, des membres de leur famille – toutes des femmes – les ont salués de la main en leur disant qu'ils les aimaient pour toujours.
À l'extérieur du tribunal, l'avocat de Chambers, Monte MacGregor, visiblement ému par la journée, affirme que la sentence est appropriée.

Monte MacGregor est l'avocat de Rashawn Chambers. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Claude Beaudoin
Cela ne signifie toutefois pas, selon lui, qu'il ne compte pas étudier le jugement en profondeur avant de décider d'un appel pour les accusations secondaires.
Mon client est rempli de remords, il a présenté ses excuses au procès et il endosse la responsabilité de ses actions, il se dit attristé par ce qui est arrivé, dit-il.
Il a fait de mauvais choix dans sa vie et celui-là en est l'exemple, poursuit l'avocat.
Me MacGregor, qui a présenté ses condoléances aux familles des victimes, affirme malheureusement que ce genre d'événements ne cessera pas si les gouvernements ne viennent pas en aide aux citoyens noirs qui vivent dans la pauvreté dans des quartiers sans ressources et dans un environnement où la violence est omniprésente.
La circulation d'armes à feu parmi notre jeunesse est effarante et a besoin d'être résolue, conclut-il.