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Une tribune de Zsuzsanna Végh, chargée de programme au German Marshall Fund des États-Unis (GMF) et chercheuse associée au European Council on Foreign Relations (ECFR).
Cette semaine, l'American Conservative Union (ACU), organisation américaine à la base du Conservative Political Action Conference (CPAC), a réuni pour la première fois des figures d'extrême droite en Pologne, près de Rzeszów, bastion électoral du parti Droit et Justice (PiS). Le timing est très tactique : entre les deux tours de l'élection présidentielle où l'historien soutenu par le PiS, Karol Nawrocki, vise à reprendre la présidence au parti.
Le cadre médiatique et les intervenants de haut profil — notamment Kristi Noem, secrétaire à la Sécurité intérieure, le président de l'ACU Matt Schlapp, le président sortant Andrzej Duda et l'ancien Premier ministre Mateusz Morawiecki — font du CPAC Pologne un tremplin pour Nawrocki. Il vise à rallier les électeurs de l'extrême droite, dont les candidats éliminés au premier tour Sławomir Mentzen (Confédération) et Grzegorz Braun (La Couronne), pour gagner au second tour face à Rafał Trzaskowski, libéral.
Election présidentielle en Pologne - Des fans polonais de Trump se rassemblent pour "rendre la Pologne grande à nouveau"Le road-show se déplace ensuite à Budapest pour la quatrième édition du CPAC Hongrie, sous le slogan "L'ère des Patriotes est arrivée !", soulignant que c'est la première depuis la formation du groupe Patriotes pour l'Europe au Parlement européen et la réélection de Donald Trump. Menée par le Premier ministre hongrois Viktor Orbán (Fidesz), cette rencontre est devenue une véritable foire de réseautage, connectant figures conservatrices et d'extrême droite américaines avec des souverainistes européens — de Vox en Espagne au Parti de la liberté en Autriche — ainsi que des politiciens et commentateurs similaires dans le monde. Contrairement à la conférence tactique de Rzeszów, l'événement à Budapest est devenu un poste avancé stratégique de l'ACU, présentant au public transatlantique une "success story illibérale".
Critiquer l'UE et ses "institutions bruxelloises"
Les deux conférences partagent des narratifs communs : les intervenants défendent la souveraineté nationale tout en critiquant l'UE et ses "institutions bruxelloises" pour leur bureaucratie excessive. Les sujets de la "guerre culturelle" — lutte contre "l'idéologie du genre", le "wokisme", l'immigration, et la défense des valeurs traditionnelles chrétiennes, de la famille et de la nation — unissent les participants malgré leurs divergences politiques. Le CPAC fonde la coopération sur cet alignement idéologique plutôt que sur l'affiliation institutionnelle, regroupant des acteurs proches issus de familles politiques européennes comme les Patriotes ou les Conservateurs et Réformistes Européens.
Au-delà des slogans, ces rassemblements visent à un jeu de pouvoir concret. À court terme, si la Pologne élit un président pro-PiS, le gouvernement de coalition mené par la Coalition Civique de Donald Tusk échouera probablement dans ses efforts de redémocratisation. Un veto présidentiel prolongé et l'incapacité des partis au pouvoir à remplir leur mandat de 2023 pourraient faciliter le retour du PiS. Une Pologne dirigée par le PiS rejoindrait la Hongrie comme acteur bloquant toute tentative de renforcement des institutions européennes et d'une Union démocratique. Le réseau souverainiste se tournera alors vers les élections législatives tchèques d'octobre et le retour au pouvoir d'Andrej Babis, avant de soutenir Viktor Orbán en 2026 et le Rassemblement national lors de l'élection présidentielle française imminente.
Les rivaux à la présidence polonaise au coude-à-coude avant le vote de dimancheBeaucoup considèrent encore le CPAC comme un rassemblement marginal d'ultranationalistes sans danger pour nos systèmes politiques. Mais cette "tournée MAGA" est devenue un lieu de diplomatie informelle de parti, un levier de soft power qui tisse des liens durables entre élites politiques, think tanks et organisations. Les visuels professionnels et prêts pour les réseaux sociaux, mêlés à des messages émotionnels, combinent défense politique et spectacle, permettant de toucher de nouveaux électeurs. Avec le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, le CPAC connaît une dynamique sans précédent pour renforcer ces liens et leur visibilité, malgré la gestion chaotique et les provocations du président envers l'UE.
A la grand-messe des conservateurs américains, des Européens en quête d'inspirationEn comparaison, les démocrates transatlantiques ne proposent rien d'aussi spectaculaire ni massif. Les acteurs démocrates et centristes s'appuient sur des forums de haut niveau, comme la Conférence de Munich sur la sécurité, qui ne résonnent pas auprès du grand public. Sans plateforme comparable, ils continueront à livrer une bataille d'information asymétrique.
Comment les démocrates doivent-ils réagir
Pour surmonter cela, les démocrates doivent simultanément renforcer les infrastructures, la narration et l'identité. Ils doivent consolider un réseau transfrontalier d'acteurs démocratiques (politiques, journalistes, vérificateurs de faits, éducateurs civiques, entrepreneurs) et cocréer une scène majeure pour débattre de l'avenir de l'alliance démocratique transatlantique.
Ils doivent rivaliser sur le terrain culturel, pas seulement politique, en déployant podcasts, vidéos courtes et tournées de débats locaux pour expliquer, dans les langues nationales, comment une alliance transatlantique forte et des politiques européennes comme le marché unique, les achats de défense communs ou les normes climatiques garantissent sécurité, emploi et quotidien facilité. Enfin, ils doivent réconcilier patriotisme et multilatéralisme, montrant qu'une souveraineté efficace dans un monde globalisé s'obtient par la coopération, non par le veto, qui mène à la fragmentation et à l'isolement, surtout des petits pays.
L'ultra-droite mondiale se coordonne à une échelle inédite. Cela doit inquiéter tous ceux qui tiennent aux valeurs et libertés que nous connaissons.
Les éditions polonaise et hongroise du CPAC peuvent paraître anodines et marginales, mais les ignorer, ainsi que la longue liste de griefs de nombreux citoyens envers nos systèmes politiques, serait une erreur. L'ultra-droite mondiale se coordonne à une échelle inédite. Cela doit inquiéter tous ceux qui tiennent aux valeurs et libertés que nous connaissons.