Les exportations chinoises vers les États-Unis ont chuté de 35 % en raison des droits de douane

Publié le 9.6.2025 à 12h29 – Par Liam Anderson – Temps de lecture 5 mn

L’économie chinoise montre également des signes inquiétants de déflation, l’indice des prix à la consommation ayant baissé de 0,1 % pour le quatrième mois consécutif. Les exportations vers l’Asie du Sud-Est (14,8 %) et l’Union européenne (12 %) ont apporté un certain soulagement à la faiblesse du marché américain.

Les exportations chinoises ont augmenté moins que prévu en mai en raison des tensions avec les États-Unis (Reuters/FILE)

Les exportations chinoises ont augmenté de 4,8 % en glissement annuel en mai, selon les données officielles publiées lundi, en dessous des 6 % anticipés par les économistes et loin des 8,1 % enregistrés en avril. Les données, qui révèlent un ralentissement des expéditions à l’étranger, ont été publiées quelques heures seulement avant une nouvelle série de négociations entre Pékin et Washington à Londres, où ils tenteront de maintenir la fragile trêve commerciale conclue le mois dernier.

Les importations chinoises ont chuté de 3,4 % par rapport au même mois de l’année précédente, accentuant la pression sur la deuxième plus grande économie du monde. L’excédent commercial a atteint 103 200 millions de dollars.

Dans le cas des États-Unis, les exportations chinoises ont chuté de 34,5 % sur un an, à 28 819 millions de dollars (25,283 millions d’euros), après la baisse de 21 % observée en avril, tandis que les importations en provenance des États-Unis ont chuté de 18 %, à 10 808 millions de dollars (9,482 millions d’euros), après la baisse de 13,8 % en glissement annuel en avril.

Cette baisse survient dans un contexte de tensions bilatérales persistantes qui vont au-delà des droits de douane, notamment des différends sur les semi-conducteurs, les minéraux stratégiques et les restrictions imposées aux étudiants chinois dans les universités américaines.

Les importations chinoises chutent et l’excédent commercial atteint 103 200 millions de dollars 

Malgré ces baisses, les exportations vers d’autres régions ont offert un certain soulagement : les expéditions vers l’Asie du Sud-Est ont augmenté de 14,8 % en glissement annuel et celles vers l’Union européenne de 12 %. « L’accélération des exportations vers d’autres économies a aidé les exportations chinoises à rester relativement dynamiques face à la guerre commerciale », a déclaré Lynn Song, économiste en chef pour la Grande Chine chez ING.

Cependant, la croissance des exportations chinoises a ralenti par rapport au mois précédent, de nombreuses entreprises ayant avancé leurs commandes pour éviter les nouveaux droits de douane. Certains de ces tarifs ont été suspendus à la suite de l’accord conclu à Genève, qui prévoyait une pause de 90 jours dans les hausses mutuelles des tarifs.

Faiblesse interne et signes de déflation

En plus des pressions externes, l’économie chinoise est confrontée à des défis internes. L’indice des prix à la consommation a diminué de 0,1 % en mai, sous l’effet de la faiblesse de la demande intérieure. C’est le quatrième mois consécutif que les prix baissent, un phénomène que les économistes attribuent en partie à la baisse des prix des denrées alimentaires.

L’économie chinoise montre des signes de faiblesse intérieure et de déflation en mai (REUTERS/FILE)

Les perspectives sont plus sévères au niveau industriel : l’indice des prix à la production a chuté de 3,3 % sur un an, sa plus mauvaise performance en près de deux ans. Cela suggère que les fabricants chinois, en plus de faire face à des revenus plus faibles, ont peu de marge de manœuvre pour répercuter leurs coûts sur les consommateurs.

Un nouveau cycle de négociations à Londres

Lundi, des délégations de la Chine et des États-Unis se réunissent à Londres pour tenter de prolonger la trêve commerciale convenue en Suisse il y a un mois. Du côté de Washington, la délégation est dirigée par le secrétaire au Trésor Scott Bessent, le secrétaire au Commerce Howard Lutnick et le représentant au Commerce Jamieson Greer. La Chine sera à nouveau représentée par le vice-Premier ministre He Lifeng.

« La réunion devrait très bien se dérouler », a écrit le président Donald Trump sur sa plateforme Truth Social. S’adressant à FoxNews, la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, a déclaré qu’ils souhaitaient que la Chine « remplisse sa part de l’accord » conclu à Genève.

La trêve tarifaire entre la Chine et les États-Unis offre un soulagement temporaire, mais les risques persistent

Le pacte précédent prévoyait une réduction temporaire des droits de douane : de 145 % à 30 % pour les importations chinoises aux États-Unis, et de 125 % à 10 % pour les produits américains en Chine, avec une durée de 90 jours. Mais Washington a accusé Pékin de revenir sur une partie de l’accord.

La Chine, pour sa part, a exhorté à « corriger le cours des relations sino-américaines », selon les médias d’État qui ont rapporté un appel entre Xi Jinping et Trump la semaine dernière.

Le Royaume-Uni, hôte de la réunion, est resté à l’écart, bien qu’un porte-parole du gouvernement britannique ait déclaré qu' »une guerre commerciale n’est bonne pour personne » et soutenu les négociations.

L’un des points sensibles des discussions sera le commerce des terres rares, essentielles à la fabrication des batteries de véhicules électriques et d’autres produits de haute technologie. La Chine a exporté 5 865 tonnes de ces minéraux en mai, en hausse par rapport à avril, mais toujours en dessous du volume exporté en mai de l’année dernière.

Ce segment est devenu stratégique dans l’impasse géoéconomique entre Washington et Pékin. Et alors que la trêve commerciale reste en suspens, l’économie chinoise est confrontée au double défi de maintenir sa compétitivité mondiale sans perdre sa stabilité interne.

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