Le déficit commercial des États-Unis bondit à 71,5 milliards de dollars en mai malgré la baisse des importations

Publié le 4.7.2025 à 00h25 – Par Valentina Costa – Temps de lecture 3 mn

Le déficit commercial des États-Unis a connu une forte aggravation au mois de mai 2025, atteignant 71,5 milliards de dollars, soit une hausse de 18,7 % par rapport au mois précédent. C’est ce qu’a annoncé ce jeudi le Bureau of Economic Analysis (BEA), rattaché au ministère du Commerce américain. Ce creusement s’explique principalement par une chute marquée des exportations, même si les importations ont également reculé.

Les données du mois d’avril ont été révisées à la baisse : le déficit y avait atteint 60,3 milliards de dollars, contre 61,6 milliards initialement annoncés. Les analystes sondés par Reuters prévoyaient un déficit à 71,0 milliards de dollars en mai, un chiffre quasiment atteint, mais légèrement dépassé.

Dans le détail, les exportations américaines ont chuté de 4 %, pour s’établir à 297 milliards de dollars. Ce recul concerne particulièrement les fournitures et matières premières industrielles, qui figurent parmi les principales catégories touchées par le ralentissement. Les exportations de biens manufacturés ont également montré des signes de faiblesse.

Du côté des importations, un léger repli de 0,1 % a été enregistré, avec un total de 350,5 milliards de dollars. Les biens de consommation, en particulier, ont vu leur volume d’importation diminuer de 4 milliards de dollars. En revanche, les importations de véhicules automobiles et de pièces détachées ont progressé, atténuant légèrement la baisse globale.

Les économistes estiment que, malgré l’augmentation du déficit, la contraction des importations pourrait contribuer à une reprise du produit intérieur brut (PIB) au second trimestre 2025. En effet, une baisse des achats de biens étrangers réduit mécaniquement la sortie nette de devises, ce qui peut temporairement soutenir la croissance nationale.

Cette situation intervient dans un contexte toujours influencé par les mesures protectionnistes mises en place durant la présidence de Donald Trump. Ce dernier avait instauré une série de droits de douane, atteignant parfois 10 %, sur les importations en provenance de nombreux partenaires commerciaux. Cette politique a conduit les entreprises américaines à anticiper une hausse des prix, augmentant à court terme leurs achats à l’étranger tout en désorganisant les flux commerciaux globaux.

Aujourd’hui encore, les effets de ces mesures pèsent sur les statistiques du commerce extérieur. Les économistes avertissent qu’il faudra probablement plusieurs trimestres avant que les distorsions causées par les politiques tarifaires ne soient complètement effacées des données.

Analyse 

L’élargissement du déficit commercial américain en mai 2025 illustre les défis persistants auxquels fait face l’économie des États-Unis dans un environnement international incertain. La baisse simultanée des exportations et des importations reflète un ralentissement des échanges mondiaux, aggravé par la persistance de tensions géopolitiques, la fluctuation des prix des matières premières, et l’impact résiduel des politiques protectionnistes de la précédente administration.

Pour Washington, ce déficit pourrait raviver les débats sur la nécessité de relocaliser certaines chaînes de production stratégiques. Toutefois, l’amélioration potentielle de la croissance via la réduction des importations reste fragile et conjoncturelle.

À l’échelle mondiale, ces données rappellent l’importance d’un système commercial stable et multilatéral. Pour des pays exportateurs comme la Tunisie, qui souhaitent pénétrer le marché nord-américain, il devient crucial de s’aligner sur des filières à forte valeur ajoutée, notamment les services numériques, les produits semi-transformés ou les niches agroalimentaires, moins sensibles aux barrières douanières classiques.

Le déficit américain reste un indicateur avancé de l’évolution de l’économie mondiale. Sa volatilité actuelle invite à une vigilance accrue des États exportateurs dépendants de la demande américaine.