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À Toronto, une juge a refusé de reporter l'audience sur la détermination d'un individu coupable du rapt d'un enfant, parce qu'il voulait commander un rapport Morris pour tenter d'obtenir un châtiment moins sévère. Un tel document est un rapport pré-sentenciel qui aborde l’impact du racisme systémique sur un criminel et son implication dans le crime pour lequel il a été reconnu coupable.
Samir Abdelgadir a été reconnu coupable en mars de l'enlèvement d'un adolescent en 2020 dans une opération de rançonnage contre le demi-frère du mineur, qui lui aurait volé 90 kg de cocaïne neuf mois plus tôt.
Le mineur de 14 ans, dont l'identité est protégée, avait été retrouvé sain et sauf dans une grange de Brampton.
L'audience qui devait porter sur un simple ajournement s'est vite transformée vendredi en une séance houleuse entre le ravisseur et son propre avocat, Manbir Sodhi.
La juge Sandra Nishikawa, de la Cour supérieure de l'Ontario, avait déjà accordé un ajournement parce que l'avocat avait expliqué que le sous-sol de son bureau avait été inondé.

L'avocat de l'accusé, Manbir Sodhi (debout au lutrin). (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Pam Davies
Me Sodhi avait néanmoins demandé un second ajournement pour commander au préalable un rapport Morris.
Or, de tels rapports prennent de 6 à 9 mois avant d'être complétés.
M. Abdelgadir compte débourser lui-même les frais professionnels de l'auteur du rapport pour s'assurer que le châtiment qu'on lui infligera sera approprié, déclare Me Sodhi.
La procureure Erin Pancer s'est opposée à des délais aussi longs, en expliquant que le crime a été commis il y a cinq ans et que le verdict a été rendu en mars.

La Jeep Wrangler qui a servi selon la Couronne à enlever et transporter l'adolescent de 14 ans le matin du 4 mars 2020 à North York.
Photo : AVEC L'AUTORISATION DE LA COUR SUPÉRIEURE DE L'ONTARIO
Me Pancer a en outre fait valoir que le rapport pré-sentenciel de l'agent de probation de M. Abdelgadir fait déjà amplement mention du passé de l'individu.
Elle a souligné que les annexes de la loi sur le rapport Morris étayent de façon détaillée les façons d'aborder le racisme anti-Noirs dans la société lorsqu'il faut condamner un individu de couleur.
La juge a rejeté séance tenante la requête de la défense en donnant raison à la Couronne.
Votre demande arrive un peu tard et vous auriez dû y penser avant, la cour ne peut se permettre de nouveaux longs délais, a-t-elle dit.

La même Jeep Wrangler calcinée qui a été retrouvée dans un parc de Caledon la nuit du 4 mars 2020.
Photo : AVEC L'AUTORISATION DE LA COUR SUPÉRIEURE DE L'ONTARIO
C'était sans compter sur Samir Abdelgadir qui a demandé à prendre la parole contre toute attente et sans avertir son avocat, le seul présent sur une plateforme numérique.
Le ravisseur avait été libéré moyennant une caution de 100 000 $ et assigné à résidence à Mississauga.
La magistrate lui a suggéré de discuter à son avocat au téléphone durant quelques minutes avant de retourner à son bureau.
Furieux, M. Abdelgadir a parlé à son avocat dans le couloir devant des membres de la presse. La tension est si palpable qu'on comprend que le ravisseur envisage de remercier Me Sodhi de ses services.
Plaidoyer improvisé du ravisseur
Après la pause, Me Sodhi a déclaré que son client persistait à se faire entendre de vive voix.
M. Abdelgadir explique qu'il a enduré le racisme de la police depuis son arrivée au pays et que son avocat n'est même pas au courant de certains faits, d'où sa demande d'ordonner un rapport Morris.
Si les Autochtones ont droit à leur rapport Gladue, je suis en droit d'avoir un rapport Morris, dit-il en ajoutant que sa vie est menacée au Canada comme à l'étranger. La police a fait de ma vie un cauchemar, poursuit-il.
La juge lui a répondu que le rapport de l'agent de probation devrait être suffisant pour la suite des choses, mais elle reconnaît que l'agent n'a pas l'expertise pour écrire lui-même un rapport Morris.
Mais il y a encore tellement à dire sur les événements de ma vie, l'interrompt M. Abdelgadir.
La juge réplique qu'il est inusité pour un individu reconnu coupable d'un crime de prendre la parole alors qu'il est représenté par un avocat. Elle lui rappelle en outre que l'enfant qu'il a enlevé est aussi un jeune Noir.
Elle s'étonne en outre que Me Sodhi ne connaisse pas l'origine d'un rapport Morris. Ce genre de document est connu du Barreau et de la presse, lui lance-t-elle.

La grange de la propriété rurale abandonnée de Brampton, où l'adolescent avait été retrouvé 38 heures après son enlèvement à Toronto.
Photo : AVEC L'AUTORISATION DE LA COUR SUPÉRIEURE DE L'ONTARIO
Samir Abdelgadir, qui n'a pas fini sa tirade, ajoute que des policiers l'ont menacé et battu et que de telles informations n'apparaissent pas dans le rapport de son agent de probation.
Un rapport Morris sur ma cause pourrait même aider d'autres Noirs dans l'avenir, parce que ma situation est extrêmement grave, précise-t-il.
Le ravisseur mentionne que sa vie n'a pas été facile dans la dernière année, parce qu'il a perdu sa mère et deux autres membres de sa famille, sans compter deux amis qui ont été tués dans des fusillades.
Que peuvent changer quelques mois supplémentaires?, s'interroge-t-il.
Dans sa réplique, la procureure Pancer souligne que la Couronne connaît le passé de M. Abdelgadir et qu'elle consent à réclamer une peine réduite à cause du racisme qu'il dit avoir enduré.
Me Sodhi ajoute qu'il s'en remettra à la décision de la juge et qu'il compte de toutes façons aborder le passé de son client dans ses représentations sur sentence.
La magistrate a malgré tout rejeté la requête de M. Abdelgadir en disant que le rapport pré-sentenciel couvrait déjà largement le passé du ravisseur.
Il est dans l'intérêt de la justice de ne pas ajourner cette affaire pendant 9 mois, les détails entourant la vie de M. Abdelgadir seront entendus lors de l'audience sur la peine le 15 août, a-t-elle conclu.
Le refus de la juge n'a pas eu pour effet de calmer M. Abdelgadir, qui a continué à réclamer un rapport Morris.
Son avocat a alors déclaré que son client avait toujours la possibilité s'il le désirait de recourir à des procédures d'appel s'il était en désaccord.
En quittant le prétoire, Samir Abdelgadir a crié que les Noirs étaient victimes de racisme au Canada. Il risque 15 ans de prison minimum pour son crime.