Une invasion de rats sème l’émoi dans le quartier Hochelaga, à deux pas d’une école primaire. Des résidents sont convaincus que l’espacement de deux semaines des collectes d’ordures favorise la prolifération des petites bêtes, attirées par les sacs de déchets éventrés qui jonchent les trottoirs.

La multiplication des rats est le sujet de discussion de l’heure près de l’école primaire Notre-Dame-de-l’Assomption, rue Darling, à Montréal. Les résidents des rues avoisinantes et de la ruelle Winnipeg, derrière l’école, affirment croiser des rongeurs même en plein jour.

« J’en ai vu autant depuis quelques mois que dans les dix années précédentes », affirme Nathan Vandermeulen, qui habite rue Saint-Germain. Le père de trois jeunes enfants constate que les rats sont attirés par les sacs de déchets qui traînent en tout temps sur les trottoirs — ou par l’odeur de restes de table qui émane des bacs derrière les restaurants de la rue Ontario.

Il estime que la majorité des résidents respectent l’horaire de la collecte des ordures, mais que les délinquants — qui sortent leurs déchets n’importe quand ou les laissent dans des sacs sur leur balcon — créent des conditions susceptibles d’attirer les rats.

Le père de famille est favorable à la collecte des ordures à intervalle de deux semaines plutôt qu’une semaine, décrétée par l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve (MHM) pour réduire le volume d’ordures envoyé au dépotoir. Le raisonnement des élus est simple : plus on espace les collectes, plus les citoyens vont envoyer de matières au recyclage ou dans le bac à compost.

L’espacement de la collecte des ordures entraîne toutefois des « défis », admet Nathan Vandermeulen. Le plus jeune membre de la famille est encore aux couches. Avec la collecte quinzomadaire des déchets, l’odeur des couches peut devenir intense, surtout l’été.

Meilleur tri des déchets

Le maire de l’arrondissement de MHM, Pierre Lessard-Blais, considère que la collecte des ordures toutes les deux semaines est un succès. « Les citoyens font un meilleur tri des déchets, donc compostent davantage, ce qui contribue à la salubrité des milieux de vie. Contrairement à un sac-poubelle rempli de résidus alimentaires, un bac brun fermé hermétiquement n’attire pas la vermine », indique-t-il par écrit.

Lorsque la présence de rats est signalée, les équipes municipales tentent de déterminer s’il s’agit d’un drain d’égout brisé à proximité : c’est généralement la cause de la présence de rats. « Ensuite, nos équipes vérifient si des enjeux de salubrité sont observables dans les environs, puisque ceux-ci peuvent amplifier la problématique. Si ces interventions ne suffisent pas, l’arrondissement mandate une expertise en extermination », précise le cabinet du maire Lessard-Blais.

« Le non-respect des horaires de collectes et les mauvais comportements individuels [laisser ses déchets dans une ruelle, par exemple] peuvent rendre la vermine visible sur la rue, sans toutefois en être la cause », souligne-t-on.

Depuis l’espacement de la collecte des ordures ménagères, qui s’est fait de façon graduelle à partir de 2022, le nombre de plaintes liées à la présence de rongeurs a baissé de façon importante dans l’arrondissement. Par exemple, le nombre de plaintes durant le mois d’avril est passé de 10 à 2 entre les années 2023 et 2025.

Pour l’ensemble de la Ville, le nombre de signalements de la présence de rongeurs est passé de 914 en 2021 à 1166 en 2024. Ce nombre est de 252 pour les quatre premiers mois de 2025.

Rectifier le tir

Le parti Ensemble Montréal, qui forme l’opposition officielle à l’Hôtel de Ville, réclame que la collecte des ordures se fasse chaque semaine, plutôt que toutes les deux semaines, entre le 1^er juin et le 30 septembre. « Il suffit de se promener dans les rues du secteur pour constater qu’il y a des odeurs nauséabondes, des bruits de mouches et davantage de vermine durant l’été », dit la conseillère Alba Zúñiga Ramos.

Le parti appuie le principe de la collecte quinzomadaire pour réduire le volume de déchets, mais l’administration Plante doit rajuster le tir devant les effets pervers de cette décision, souligne l’élue de l’opposition.

Ensemble Montréal réclame un véritable plan de lutte contre les rats. La Ville engagerait systématiquement une procédure de dératisation lors de travaux dans les égouts. Toutes les résidences et tous les commerces seraient munis de bacs fermés pour conserver les déchets. Et les poubelles en bordure de rue ou dans les parcs seraient dotées d’un couvercle. Les brigades de propreté seraient aussi actives toute l’année.