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Le Festival de Lanaudière s’ouvrait, vendredi soir, avec l’Orchestre symphonique de Montréal (OSM) sous la direction de Rafael Payare et l’une des œuvres les plus célèbres et spectaculaires du répertoire : Carmina Burana. L’expérience a montré que les recettes simples sont souvent les meilleures.
Le site de l’Amphithéâtre Fernand-Lindsay, à Joliette, avait vraiment fait le plein vendredi soir pour le concert d’ouverture du Festival de Lanaudière 2025. Voilà au moins un point positif à mettre au chapitre « billetterie » des recettes, puisque la question financière semblait obnubiler le nouveau directeur général Clément Joubert, qui semblait fort inquiet et a pris une bonne partie de l’avant-concert pour tempérer l’esprit festif en lançant un appel aux dons afin de sauvegarder le niveau artistique de la manifestation. On voit bien le père Lindsay passer la quête en guise d’ouverture de Festival !
Heureusement, l’ardeur de la baguette de Rafael Payare a rappelé que nous étions venus fêter et communier en musique quitte à endurer les désagréments de l’accès au site et aux stationnements qui, avec de telles foules, est vraiment problématique et stressant.
Simplicité
De nombreuses fois dans les 20 dernières années, les concerts d’ouverture du Festival n’avaient pas vraiment un parfum de concerts d’ouverture, à force de concepts, ou de volontés de faire « autrement » ou « intelligent ». Il ne faut pas chercher midi à quatorze heures. Dans une telle circonstance il s’agit de programmer une œuvre qui en appelle à un grand nombre et qui soit facile d’accès, un « comfort concert », comme il y a du « comfort food ».
De ce point de vue, le programme 2025 réunissait tous les atouts : une œuvre à découvrir moderne, sensible, habile et bien conçue (Icarus d’Auerbach), un soliste déployant un véritable feu d’artifice (Kirill Gerstein au clavier dans Rachmaninov) et une grande œuvre chorale.
Comme nous l’avons écrit dans un récent portrait, Kirill Gerstein est le pianiste associé au Philharmonique de Berlin et à son chef Kirill Petrenko lorsque ces derniers programment Rachmaninov. Gerstein a une marque très personnelle dans Rachmaninov : il prend un total contrepied à tout sentimentalisme. On pourrait penser à de la froideur, mais, en fait, en déconstruisant tout pour en faire un pur jeu pianistique enivrant, il parvient à un résultat qui, au fil des variations, possède une cohérence qui inspire respect et admiration.
Nous ne saurions dire que c’est « notre Rachmaninov », à qui nous associons une dimension plus ludique ou plus ombrageuse, mais Gerstein convainc, et, ce d’autant mieux que l’accompagnement de Payare et de l’OSM était d’un grand raffinement.
Orff
Icarus est une œuvre magnifiquement orchestrée où les ambitions de l’homme se brûlent. Les puissants élans sont ainsi remplacés à la fin par une contribution importante du violon solo Andrew Wan.
Les Carmina Burana de Rafael Payare étaient spectaculaires d’emblée, avec un « Fortuna Imperatrix Mundi » très bien tenu rythmiquement, aux paroles très découpées, nettes et tranchantes. Cette décantation est exactement le sel de l’affaire et ce qu’il faut faire.
Il y eut beaucoup de belles choses (les altos dans « Chum Geselle », posé avec tendresse comme une rosée sonore) et la belle idée de faire chanter en notable crescendo les trois entrées de « Ecce gratum ». Le chœur a chanté juste et équilibré, et le chef a souligné les contrastes (dynamiques et nature des phrasés) avec verve.
Soliste le plus sollicité, le baryton Russell Braun avait toute l’autorité voulue. Parfois, on se demandait dans quelle tonalité il s’embarquait, mais il retombait sur ses pieds comme un chat et avait beaucoup de plaisir à tenir son rôle.
Nous continuons de penser que donner le rôle du cygne à un contreténor est une bévue. Même si Lawrence Zazzo a très bien chanté et a fait un numéro de comédie efficace, l’essence même de ce solo est d’avoir un ténor et que l’effort vocal demandé et l’inconfort projeté soient à la mesure de la pénible épreuve subie par le cygne. Si la chose devient « facile » et élégante, comme pour un contreténor, on perd tout.
À l’opposé, Sarah Dufresne était parfaitement distribuée. Quelle formidable voix et quel talent pour ne pas faire la moindre chose en trop sur le plan de l’expression.
Le Festival se poursuit samedi à 19 h avec Bruckner par Payare.