Un rapport de 2021 avait mis en garde la province contre les risques liés aux feux de forêt dans la région du Whiteshell. Selon ce rapport, des feux non maîtrisés pourraient entraîner des pertes humaines et matérielles catastrophiques. La semaine dernière, des feux de forêt ont forcé l’évacuation de centaines de personnes du parc provincial.

Le rapport commandé par la province inclut dix recommandations, avec pour objectif de les achever dans un délai de cinq ans.

Quatre ans plus tard, aucune n’a été entièrement mise en œuvre, bien que la province affirme que le travail est en cours.

Ce délai ne surprend pas Shaun Harbottle, un résident de longue date et propriétaire des Crescent Beach Cottages ainsi que d’une épicerie à West Hawk Lake.

Très peu de choses ont été faites dans le Whiteshell. Notre dernier grand incendie remonte à 2016. On nous avait promis que le problème serait réglé, mais cela n’a pas été fait, explique-t-il.

Shaun Harbottle affirme que la région de Whiteshell s'était vu promettre de l'aide pour atténuer les incendies après 2016, mais que cela ne s'est jamais produit. La fumée de l'incendie de forêt qui a débuté près d'Ingolf, en Ontario, est visible au loin derrière lui.

Photo : Radio-Canada / Caroline Barghout

En mai 2016, un feu de plus de 5000 hectares a forcé plusieurs évacuations dans le Whiteshell. Cette année, les autorités ont évacué l’intégralité du parc en raison d’un feu de plus de 31 000 hectares qui se propage depuis Ingolf, en Ontario.

Une zone particulièrement vulnérable

Le rapport, qui n’a jamais été diffusé au grand public, souligne une combinaison de facteurs qui rend le parc provincial particulièrement vulnérable.

Le parc abrite environ 3500 chalets ainsi que des entreprises disséminées sur un vaste territoire.

Les maisons dans le parc sont reliées par des chemins à voie unique, et une forêt dense, entourée de nombreux lacs, entoure les habitations. Cela rend l’évacuation difficile en cas d’urgence, selon le rapport.

De nombreuses personnes pourraient se retrouver coincées en cas de fermeture de routes résultant d’un accident ou d’un feu de forêt.

Cela pourrait conduire à des événements catastrophiques, y compris des pertes humaines importantes, si les personnes évacuées restent bloquées le long des corridors de transport, souligne le rapport.

Le rapport simule des feux de forêt dans le parc ainsi que dans un rayon de 20 kilomètres autour de celui-ci, afin de déterminer le comportement d'un incendie dans la région.

Trois communautés à haut risque ont été identifiées en raison de l’accès limité aux voies d’évacuation : Falcon Lake, Rennie et Pointe du Bois.

Le risque au nord de Rennie est également exacerbé par son éloignement d’un point d’eau.

Si un incendie se déclarait sur ma propriété, tous les habitants de l’est n’auraient pas d’issue. Si un incendie se déclare au sommet de la colline, je n’ai pas d’issue. C’est un véritable problème.

La région de Falcon Lake, le corridor de l'autoroute 44 et l'autoroute 312 ont été identifiés comme les principales zones à améliorer pour les itinéraires d'évacuation.

Un porte-parole du gouvernement n’a pas fourni de détails sur ce qui a été fait des recommandations du rapport, mais a indiqué que plusieurs facteurs avaient changé depuis sa publication en 2021.

L'expert en feux de forêt de l’Université de Thompson Rivers, Mike Flannigan, a examiné le rapport.

Selon lui, les recommandations sont pertinentes et adaptées aux types de situations que les résidents de Whiteshell ont vécues la semaine dernière.

Mike Flannigan est professeur en gestion des urgences et en science du feu à l’Université Thompson Rivers. (Photo d'archives)

Photo : Fournie par Mike Flannigan

Le parc du Whiteshell est un terrain inflammable, avec une végétation dense qui peut augmenter l’intensité des feux. Mike Flannigan insiste sur la nécessité de construire de nouvelles routes d’évacuation, quel qu’en soit le coût financier.

Avec les informations de Kristin Annable et de Caroline Barghout