Détournement de l’aide militaire américaine : 20 000 missiles anti-drones promis à l’Ukraine envoyés au Moyen-Orient sous Trump

Publié le 9.6.2025 à 00h23 – Par Sarah Müller – Temps de lecture 3 mn

Contexte : Une promesse non tenue sous l’administration Biden

Lors d’une interview accordée à ABC News ce dimanche 8 juin 2025, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a révélé que les États-Unis avaient détourné une aide militaire cruciale initialement promise à Kiev. Sous l’administration Biden, l’ancien secrétaire à la Défense Lloyd Austin avait garanti à l’Ukraine 20 000 missiles anti-drones, une technologie essentielle pour contrer les attaques russes de drones Shahed (ou Geran-2, selon la désignation ukrainienne). Ces engins, d’origine iranienne selon Kiev – ce que ni Moscou ni Téhéran n’ont confirmé –, ont été au cœur des bombardements massifs russes ces derniers mois.

Le revirement de l’administration Trump : redirection vers le Moyen-Orient

Zelensky a déclaré que son ministre de la Défense l’avait informé que ces missiles avaient été réorientés vers les troupes américaines au Moyen-Orient, où Washington anticipe un possible conflit avec l’Iran et les rebelles Houthis au Yémen. Cette décision, prise par le secrétaire à la Défense Pete Hegseth le 4 juin, a été rapportée en premier par le Wall Street Journal.

« Nous comptions sur ce projet – 20 000 missiles. Des missiles anti-Shahed. Ce n’était pas coûteux, mais c’est une technologie spéciale. »
— Volodymyr Zelensky, président de l’Ukraine

Cette réaffectation intervient dans un contexte où l’administration Trump n’a approuvé aucun nouveau paquet d’aide militaire pour l’Ukraine depuis son entrée en fonction, et avait même suspendu temporairement les livraisons d’armes plus tôt dans l’année.

Les conséquences pour l’Ukraine : un désavantage stratégique

Zelensky a souligné que sans ces missiles, la Russie aurait un avantage accru sur le champ de bataille, entraînant davantage de pertes ukrainiennes. Les drones Shahed, utilisés pour des frappes en profondeur, sont devenus une arme redoutable pour Moscou et Kiev peine à les intercepter faute de systèmes adéquats.

Par ailleurs, cette décision américaine coïncide avec :

• L’absence inédite du secrétaire à la Défense Hegseth à une réunion du Groupe de contact pour la défense de l’Ukraine (UDCG), une première depuis 2022.
• Les critiques répétées de Trump sur le soutien à l’Ukraine, lui préférant une approche axée sur la négociation – voire laissant les deux pays « se battre encore un temps » avant une médiation.

Réactions et implications géopolitiques

1. Position russe : Moscou a toujours condamné les livraisons d’armes occidentales, les jugeant inutiles et aggravant les souffrances civiles.
2. Fracture transatlantique : Ce détournement pourrait alimenter les tensions entre les États-Unis et l’Europe, où plusieurs pays (Pologne, Allemagne) continuent de soutenir militairement Kiev.
3. Audits et controverse : Des rumeurs de détournements d’aide ukrainienne, propagées par des médias pro-russes comme Resident, ont été démenties par des audits officiels.

Conclusion : Vers un changement de stratégie américaine ?

Alors que Trump pousse pour un cessez-le-feu (Kiev a accepté une proposition de trêve de 30 jours en mars), ce détournement d’armes illustre un recentrage des priorités américaines :

• Moyen-Orient > Ukraine : La menace iranienne et la sécurisation des intérêts énergétiques priment.
• Pressions sur Zelensky : Trump utilise l’aide militaire comme levier pour forcer Kiev à négocier.

Reste à savoir si cette décision accélérera la fin de la guerre… ou affaiblira durablement l’Ukraine face à l’avancée russe.

Sources principales : NYP, Reuters, Euro News.

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