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« Il n'y a qu'une seule politique du gouvernement, c'est moi qui la définis, c'est moi qui tranche. » (François Bayrou, le 3 juillet 2025 sur BFMTV).
C'est ce lundi 7 juillet 2025 que le Président de la République Emmanuel Macron retrouve son droit de dissolution, un an après le second tour des élections législatives qu'il a anticipées par la dissolution du 9 juin 2024. Cela fait un peu penser au permis à points, où il faut attendre trois ans pour retrouver la totalité de ses points, à moins de ne plus pouvoir conduire du tout à cause d'un solde de points réduit à zéro (auquel cas il faut repasser l'examen du permis de conduire, on pourrait imaginer alors que c'est, pour continuer l'analogie, une nouvelle élection présidentielle).
Évidemment que la dissolution du 9 juin 2024 était une erreur, voire une faute politique. La question est : apprend-on toujours de ses erreurs ? Dissoudre à l'issue d'un scrutin qui vous a complètement laminés n'était pas en tout cas inspiré de la meilleure stratégie politique. D'autant plus que cela a fait fi de tous les enjeux européens, nombreux, que portaient les élections européennes.
On en connaît la raison : Emmanuel Macron pensait que la division à gauche entre le PS, FI et EELV et la peur de l'arrivée au pouvoir du RN donnerait un boulevard au bloc central, qui avait pourtant perdu sa majorité absolue en juin 2022. La réalité, c'est que les profondes divisions de fond à gauche n'ont pas empêché un accord électoral pour préserver quelques plats de lentilles, ce qui a abouti à un hémicycle (et à un paysage politique national) divisé en trois forces à peu près du même ordre de grandeur, le RN, la gauche mélenchonée et un socle commun qui n'a pour seule unité que la volonté d'éviter l'arrivée au pouvoir de partis extrémistes.
La leçon devrait être comprise désormais : une nouvelle dissolution devrait aboutir à la même conséquence, une fracturation en trois forces. Et auparavant, malgré les divisions affichées, à un nouvel accord électoral entre le PS, FI et EELV qui ne sont d'accord sur rien sauf sur leurs réélections respectives.
Toutefois, retrouver l'usage du droit de dissolution permettrait un meilleur rapport des forces entre l'exécutif et les oppositions, car personne, aucun parti, à part les insoumis qui sont pour tout brûler, du moins pour brûler toutes les institutions possibles, ne souhaite une nouvelle dissolution. Ni le RN, parce que Marine Le Pen n'est plus éligible et ne pourrait plus s'exprimer à l'Assemblée Nationale, et aussi parce que si le RN, d'aventure, gagnait les élections, il devrait prendre des mesures suffisamment impopulaires pour risquer de perdre l'élection présidentielle (à l'instar de Jacques Chirac entre 1986 et 1988). Ni le PS qui a déjà eu la chance de sauver quelques circonscriptions après le désastre historique de l'élection présidentielle (1,7%). Ni les écologistes qui seraient confrontés à un fort courant anti-écologie punitive dans le pays (on imagine la traduction électorale de ce que signifient les ZFE, l'interdiction provisoire de grands ouvrages comme l'autoroute A69, etc.). Ni bien sûr l'union gouvernementale du socle commun dont la fragilité (numérique mais aussi programmatique) rendrait plus compliquée sa reconduction à l'issue de nouvelles élections législatives.
Grâce à la défaite numérique de la gauche malgré son unité électorale de façade (et sa désinformation postélectorale), face au socle commun, les partis non extrémistes ont réussi à se maintenir au pouvoir mais sans aucune majorité ni absolue ni relative. Ainsi, seule la collusion du PS avec le RN lors d'un vote d'une motion de censure pourrait faire sauter le gouvernement. Ce n'est pas la théorie puisque c'est arrivé le 4 décembre 2024 au gouvernement du malheureux Michel Barnier qui n'a pas compris que ce n'était pas un gouvernement de cohabitation mais un gouvernement minoritaire de coalition.
Dans tous les cas, le Président de la République a perdu son pouvoir d'initiative, du moins en politique intérieure, dans la mesure où ce sont les relations entre le gouvernement et les groupes de l'Assemblée Nationale qui deviennent essentielles. En l'occurrence, comme pour les temps de cohabitation, le Premier Ministre a un rôle central, mais pas pour imposer ses vues à une majorité qui n'existe pas, pour négocier de manière fragile à un certain nombre de textes.
Comme je l'ai déjà écrit, notamment ici, François Bayrou était l'homme de la situation à Matignon. Certes, il s'est imposé, mais tout le monde ne peut pas s'imposer à Matignon. À ma connaissance, deux Premiers Ministres seulement se sont imposés à un Président de la République affaibli par un scrutin populaire : François Bayrou, donc, qui a eu la chance de ne pas être nommé dès l'été 2024 à Matignon (le précédent de la censure du 4 décembre 2024 fait un peu l'effet de la dissuasion nucléaire illustrée par les explosions nucléaires à Hiroshima et à Nagasaki les 6 et 9 août 1945), après l'échec de la dissolution et des élections législatives anticipées, et Dominique de Villepin qui s'est imposé au Président Jacques Chirac après l'échec du référendum du 29 mai 2005. S'il s'est imposé, c'est parce que ses arguments pour devenir Premier Ministre ont convaincu Emmanuel Macron (et on sait qu'il est difficile de convaincre le Président de la République).
La volonté de François Bayrou, c'est de restreindre les possibilités d'application de l'article 49 aliéna 3 de la Constitution aux seuls textes budgétaires. Et de ne pas déposer de texte d'origine gouvernementale pour le reste, mais d'inciter les proposition de loi (d'origine parlementaire) afin de donner aux parlementaires une plus grande influence. Ainsi, tous les textes débattus à l'Assemblée, parfois très polémiques, ne sont pas à l'initiative du gouvernement mais du Parlement. C'est important de le signaler car la période actuelle est sans doute celle qui a donné le plus de pouvoir au Parlement depuis 1958.
Ces derniers jours, François Bayrou est intervenu dans deux grandes émissions politiques : "Le grand jury" diffusé en direct le 29 juin 2025 sur RTL, M6, Public Sénat et "Le Figaro", et "Face à Duhamel" diffusé en direct le 3 juillet 2025 sur BFMTV. Notons pour l'anecdote que cette dernière émission est bel et bien la dernière émission de télévision du grand éditorialiste Alain Duhamel qui a pris ce soir-là sa retraite après soixante-deux ans de bons et loyaux services, l'un des politologues qui connaît le mieux la vie politique de la France depuis 1958. Une encyclopédie à lui tout seul. Une érudition monumentale de la vie politique.
À cette occasion, François Bayrou a rappelé les règles de gouvernance. Il a expliqué qu'il a choisi de constituer un gouvernement fait de poids lourds de la politique (deux anciens Premiers Ministres, deux ministres très importants, etc.) et que, par conséquent, il était normal que chacun de ceux-ci expriment eux-mêmes leurs convictions. Il a expliqué qu'il ne pouvait pas demander à ces poids lourds de se taire comme dans une classe de primaire. Mais il a bien rappelé qu'en cas de désaccord, c'est bien lui le chef, le chef du gouvernement, c'est lui qui arbitre et qui prend la décision.
Ces émissions étaient une sorte de teasing car il n'a pas annoncé de mesures nouvelles. Le rendez-vous important est après la fête nationale du 14 juillet, lorsqu'il présentera les premières esquisses concrètes du budget de 2026. Au menu, 40 milliards d'euros d'économie pour réduire le déficit et une trajectoire avec pour objectif de ne plus augmenter la dette en 2029. En ce qui le concerne, il se moque de son impopularité (80% de mauvaises opinions) car il sait que son intérêt électoral aurait été de ne pas prendre ses responsabilités.
Ce sondage et d'autres sondages ont confirmé sa grande impopularité, mais, comme le dit Patrick Cohen le 26 juin 2025 sur France Inter : « Aucun des remplaçants potentiels du Premier Ministre, comme aucun de ceux qui rêvent de succéder au Président de la République, ne peut se frotter les mains à la lecture d'un tel sondage. Ses opposants sont déterminés à le faire tomber, mais pas en même temps. C'est incompréhensible, mais c'est sa chance. Ce qui lui donne un sursis jusqu'en octobre. ».
Le rôle de François Bayrou sera au contraire la consécration de son action politique : sa première conviction était qu'il était scandaleux de laisser une dette publique aussi élevée aux générations futures pour ne financer que le fonctionnement du moment, sans investissements d'avenir. Il a donc averti que tout le monde sera appelé à faire un effort.
François Bayrou a refusé de confirmer ou d'infirmer l'idée d'une hausse d'impôt et dans tous les cas, le problème général est de faire baisser le niveau des dépenses publiques. Le problème, c'est de déterminer lesquelles (car chaque fois qu'on touche à quelque chose, c'est la révolte des impactés). La grande victoire intermédiaire de François Bayrou, c'est qu'un nombre croissant de Français est sensibilisé et comprend l'importance de réduire la dette et les déficits, ce qui signifie que sa communication porte, même si ce n'est pas pour sa pomme.
Le Premier Ministre va demander donc de l'esprit de responsabilité à l'ensemble des partis politiques du Parlement face aux mesures qu'il va considérer comme courageuses pour réduire le déficit budgétaire. Ce sera historique... ou pas. À l'unisson d'Alain Duhamel qui regrette les trop faibles audaces des gouvernements précédents, François Bayrou sait que ses jours sont comptés (ce qui, du reste, est le lot de tous les Premiers Ministres, même bénéficiant d'une large majorité à l'Assemblée).
Pour la postérité, s'il devait être renversé par une motion de censure, autant que ce soit pour un projet ambitieux, responsable et courageux. Il y a dans cette ambition un petit air de Pierre Mendès France qui n'a pu gouverner que sept mois et demi avant d'être censuré. François Bayrou, lui, est en passe d'égaler cette longévité à la fin du mois de juillet 2025 (exactement le 28 juillet 2025), ce qui semble assuré après l'échec de la huitième motion de censure déposée contre son gouvernement en six mois et demi. Et le 10 août 2025, il pourra même se vanter d'avoir dépassé Gabriel Attal en longévité. Quatre-vingts ans après Hiroshima et Nagasaki !
Je propose au bas de cet article les deux émissions politiques citées ainsi que, pour l'occasion (depuis le titre, elle me trotte dans la tête), l'excellente chanson de Jacques Brel, "Vesoul", sortie en septembre 1968.
« T'as voulu voir Paris, et on a vu Paris
T'as voulu voir Dutronc, et on a vu Dutronc
J'ai voulu voir ta sœur, j'ai vu le Mont Valérien
T'as voulu voir Hortense, elle était dans le Cantal
Je voulais voir Byzance, et on a vu Pigalle
Gare Saint-Lazare, j'ai vu les Fleurs du Mal
Par hasard »
Sylvain Rakotoarison (05 juillet 2025)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
Tu as voulu voir la dissolution, et on a vu Bayrou !
8e motion de censure pour convenance personnelle (du PS).
La réforme de l'audiovisuel public rejetée par les députés (en première lecture).
L'indignation de François Bayrou.
Conférence de presse du Premier Ministre François Bayrou le 26 juin 2025 à Matignon (texte intégral et vidéo).
Déclaration du Premier Ministre François Bayrou le 24 juin 2025 à Matignon (texte intégral et vidéo).
L'échec du conclave sur les retraites : une occasion perdue.
Emmanuel Macron à la télévision : Mélanie avant l'Urgence Océan.
Mélanie, la douceur incarnée.
Sidération institutionnelle.
Il y a un an, la dissolution !
La proposition de loi Duplomb pour les agriculteurs.
Le rejet de la 7e motion de censure contre le gouvernement Bayrou.
Interview de François Bayrou le 27 mai 2025 sur BFMTV (vidéo intégrale).
La longévité du Professeur Bayrou.
Les Républicains.
Le PS.
EELV.
Emmanuel Macron : qu'allait-il faire dans cette galère ?
Interview du Président Emmanuel Macron le mardi 13 mai 2025 sur TF1 (vidéo).
Emmanuel Macron à l'initiative pour la paix en Ukraine.
Emmanuel Macron, le référendum et les Français.
Emmanuel Macron veut-il influencer l'élection du nouveau pape ?
Bétharram : François Bayrou a apporté les preuves de sa bonne foi.
Bétharram : François Bayrou bouleversé par le témoignage de sa fille.
Budget 2026 : François Bayrou promet-il du sang et des larmes ?
Discours du Premier Ministre François Bayrou le 15 avril 2025 à Paris (texte intégral et vidéo).
Emmanuel Macron sur le front du commerce international.
François Bayrou et l'heure de vérité de l'Europe.
Gabriel Attal attaque Marine Le Pen sur l'Ukraine.
Manuel Valls pour la paix, mais pas au prix de la fin de l'Ukraine !
Claude Malhuret s'en prend à Néron et à son bouffon !
Emmanuel Macron : la patrie a besoin de vous !
François Bayrou : la France avait raison !
Le Pen : inéligibilité, exécution provisoire, récidive et ordre public.
Marine Le Pen, est-elle si clean que cela ? (22 février 2017).
Condamnation Le Pen : la justice vole-t-elle l'élection présidentielle de 2027 ?
Le fond accablant de l'affaire Le Pen.
Texte intégral du jugement délibéré du 31 mars 2025 sur l'affaire Le Pen (à télécharger).
Affaire Le Pen : ne confondons pas victime et coupable !
Marine Le Pen : voler l'argent des Français !
Marine Le Pen et la sérénité d'une future condamnée ?
L'avenir judiciaire de Marine Le Pen dans une décision du Conseil Constitutionnel ?
L'installation du nouveau Conseil Constitutionnel présidé par Richard Ferrand.
Richard Ferrand validé de justesse par le Parlement.
François Bayrou et la motion de censure de congrès du PS.
François Bayrou surmonte une 6e motion de censure en cinq semaines !
Bétharram : François Bayrou contre-attaque !
Bétharram : François Bayrou coupable... de quoi, au fait ?
Alain Juppé à la rescousse de Richard Ferrand ?
Mission accomplie : les budgets 2025 (PLF et PLFSS) définitivement adoptés (ouf !).
4 motions de censure et pas d'enterrement !
Emmanuel Macron à la télévision le dimanche soir !
Interview du Président Emmanuel Macron le dimanche 9 février 2025 sur France 2 (vidéo).
Sam Altman salue la France, centre névralgique de l'intelligence artificielle.
François Bayrou, le début du commencement.
La quadrature du cercle de Michel Barnier.