Le 30 juin 2025, Larry Johnson (ancien agent de la CIA spécialisé dans les conflits) a discuté dans l’émission « Judging Freedom » avec le juge Andrew Napolitano des réactions diplomatiques et internationales de l’Iran aux récents bombardements américains et aux attaques occidentales contre les pays BRICS. L’accent a été mis sur l’affirmation du gouvernement américain selon laquelle les installations nucléaires iraniennes ont été « totalement détruites » par les attaques. Johnson réfute fermement cette affirmation et met en lumière le contexte ainsi que les conséquences géopolitiques.

Pas de destruction des capacités nucléaires iraniennes

Johnson souligne que l’affirmation du président Donald Trump et de sa conseillère Tulsi Gabbard selon laquelle les installations nucléaires iraniennes ont été entièrement détruites par les bombardements de l’avant-dernier samedi soir est dénuée de tout fondement. « Il n’y a aucune preuve de cela », a déclaré Johnson. Il compare cette affirmation à la propagande occidentale sur la guerre en Ukraine, où des récits exagérés ou erronés sont également diffusés, comme les prétendues pertes élevées de la Russie. Johnson critique le fait que de tels mensonges font partie d’un réseau plus large de désinformation qui sert à justifier les conflits et la « guerre du génocide en Palestine ». Il fait référence à des attaques antérieures comme le virus Stuxnet, développé il y a environ 14 ans par les Etats-Unis et Israël pour saboter l’enrichissement d’uranium de l’Iran. A l’époque, on avait également prétendu que cela paralyserait le programme nucléaire de l’Iran. En réalité, les dommages ont été minimes et l’Iran a repris l’enrichissement au bout de quelques semaines, parfois même de manière plus intensive. Johnson souligne que les attentes de telles opérations sont souvent très éloignées de la réalité.

La réaction diplomatique de l’Iran et le rôle de l’AIEA

Un point central de la discussion est la réaction de l’Iran aux attaques. L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a joué un rôle douteux dans cette affaire. Selon Johnson, l’Iran a expulsé les inspecteurs de l’AIEA du pays après que ceux-ci aient apparemment transmis des informations sur les scientifiques iraniens aux services secrets occidentaux, notamment au Mossad israélien. Ces informations ont conduit à l’assassinat ciblé de scientifiques iraniens, ce que Johnson qualifie de « complicité de meurtre » par l’AIEA. Il critique la double morale de l’Occident : alors que l’Iran, signataire du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP), était soumis à des inspections régulières, Israël, qui n’a pas signé le traité et n’autorise pas les inspections, n’est pas critiqué.L’expulsion de l’AIEA a des conséquences importantes : Sans inspecteurs sur place, l’Occident manque d’informations fiables sur le programme nucléaire iranien. Johnson considère cela comme un « revers imprévu » des bombardements américains, car les services de renseignement sont désormais « aveugles ». L’Iran aurait en outre transféré son uranium enrichi dans des lieux sûrs avant les attaques, ce qui aurait encore réduit l’efficacité des bombardements.

La guerre des 12 jours : l’Iran vainqueur ?

Johnson considère l’Iran comme le véritable vainqueur du conflit de 12 jours avec Israël. Alors qu’Israël tentait de frapper des cibles civiles – souvent avec des dommages collatéraux importants – l’Iran s’est concentré sur des cibles militaires et stratégiques, notamment les ports d’Ashdod et de Haïfa, une raffinerie de pétrole et l’aéroport Ben Gourion. L’Iran s’est délibérément abstenu de maximiser les victimes civiles ou d’attaquer l’approvisionnement en eau d’Israël, ce qui, selon Johnson, montre sa retenue stratégique. En fin de compte, c’est Israël qui a demandé un cessez-le-feu aux États-Unis, ce qui indique les dommages considérables causés par l’Iran.

Attaque contre les pays BRICS

Un autre thème est la « guerre contre les BRICS » menée par l’Occident, notamment contre l’Iran en tant que membre de ce groupe. Johnson explique que les pays des BRICS – notamment la Russie, la Chine et l’Iran – s’opposent de plus en plus à la domination du dollar américain et des institutions financières occidentales comme le FMI et la Banque mondiale. Selon lui, la coopération croissante au sein des BRICS, poussée par les sanctions occidentales, menace l’ordre financier mondial des Etats-Unis. L’Iran, avec ses énormes réserves de pétrole et de gaz, est un acteur central de cette dynamique. Les attaques contre l’Iran seraient donc également une tentative d’affaiblir cette alliance et de remplacer la direction iranienne par un dirigeant favorable à l’Occident, semblable à l’ancien Shah.

Unification du peuple iranien

Contrairement aux intentions de Trump et du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, le bombardement a uni l’Iran. Johnson renvoie aux informations selon lesquelles les divergences politiques au sein de l’Iran ont été reléguées à l’arrière-plan par les attaques. La population iranienne s’est rangée derrière le gouvernement, comme lors de la guerre Irak-Iran soutenue par les Etats-Unis dans les années 1980. Cette unité constitue un revers important pour la stratégie occidentale de déstabilisation du régime.

Conclusion

Larry Johnson dresse un tableau de l’hubris et de la désinformation occidentale, qui évalue mal aussi bien l’efficacité des bombardements américains que leurs conséquences géopolitiques. Selon lui, l’Iran a non seulement survécu à l’échange militaire avec Israël, mais il a également renforcé sa position sur la scène internationale en expulsant l’AIEA et en consolidant son rôle au sein des BRICS. Selon lui, le récit occidental qui présente l’Iran comme une menace est empreint de mensonges et de deux poids deux mesures. Johnson appelle à une introspection honnête des Etats-Unis afin de remettre en question leur propre rôle dans ces conflits.

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