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« Trente secondes avant d’y croire. » C’est le temps de doute, devant une information proposée par des réseaux sociaux, que suggère de prendre le Centre québécois d’éducation aux médias et à l’information pour développer l’esprit critique en matière de médias.
Dans la tempête de la désinformation qui souffle sur le monde, à l’heure où chacun peut publier ce qu’il veut sur les réseaux sociaux et être accessible à tous, l’éducation aux médias était au cœur des discussions au Festival international du journalisme de Carleton-sur-Mer. Au centre des débats : le clivage générationnel, qui partage les publics plus vieux, plus fidèles aux médias traditionnels, des publics plus jeunes, abonnés des réseaux sociaux. À ce sujet, les statistiques sont claires. Selon une enquête de l’Université Laval conduite en 2021, 67 % des jeunes de 18 à 24 ans s’informent en priorité sur les réseaux sociaux. Alimentés, voire dominés par des algorithmes, qui y dirigent en partie la circulation des informations, les réseaux sociaux condamnent souvent leurs usagers à converser avec des gens partageant leurs idées.
« Il y a des chambres d’écho dans les réseaux sociaux, qui font qu’on est toujours confrontés aux informations qui ressemblent à ce à quoi on croit déjà », disait Marie Couture, étudiante au cégep de Carleton-sur-Mer, et participante à un atelier. Au moment de faire un travail sur les masculinistes, elle a par exemple constaté que ceux-ci échangeaient dans des bulles en vase clos sur les réseaux sociaux. « J’aimerais ça enclencher un dialogue, pour essayer de comprendre, et parler avec quelqu’un qui a justement des idées très polarisées », disait-elle, évoquant la mouvance masculiniste alimentée par des influenceurs comme le Britannico-Américain Andrew Tate.
Apprendre à douter
Dans les ateliers que le Centre québécois d’éducation aux médias et à l’information donne dans les écoles depuis 2018, on suggère d’interroger ses sources, et éventuellement, de consulter des médias traditionnels, qui sont encadrés par un processus de rigueur et de vérification des informations diffusées.
« Si on leur apprend à douter, c’est déjà beaucoup », disait Anne Gaignaire, qui a fondé le magazine Le Curieux, qui vise l’éducation des jeunes à l’information.
Photo: Charles-Frédéric Ouellet Le Devoir
Un panel au Festival international du journalisme de Carleton-sur-Mer
Mais ça n’est pas gagné. Selon des sondages, menés par exemple par le centre d’études sur les médias ou l’institut Reuters, la moitié des répondants considèrent Facebook comme un média très crédible. « Alors qu’on le sait, Facebook est un engin de désinformation puissant. On y trouve ce que l’algorithme a bien voulu faire de nous, et ce qu’on a laissé l’algorithme faire de nous », relevait Brian Myles, directeur du Devoir, qui participait à Carleton à un panel intitulé Informer à l’heure de la post-vérité.
Si la désinformation existe depuis très longtemps, elle a aujourd’hui le pouvoir, à travers les réseaux sociaux, de regrouper des communautés à la vitesse grand V, qui peuvent devenir « des fermes à fausses nouvelles », ajoutait Marc Gendron, éditeur du Soleil.
Émotion plutôt que raison
« C’est la proximité qui dicte la confiance, on tombe dans le ressenti. Aujourd’hui, on n’est plus dans “je pense donc je suis”, mais plutôt dans “je pense donc c’est vrai” », selon Brian Myles. Les fausses nouvelles circulent six fois plus vite que les vraies, selon les données du Centre québécois d’éducation aux médias et à l’information, et elles font appel à l’émotion plutôt qu’à la raison.
Devant un tel clivage, les médias traditionnels font eux aussi le pari d’aller chercher de nouveaux lecteurs sur les plateformes de réseaux sociaux comme TikTok. « On doit être présents sur TikTok, on doit être présents sur YouTube, on doit vraiment essayer de joindre le public là où il est », disait Luce Julien, directrice générale de l’information de Radio-Canada. « Je ne peux pas juste me dire : “ils vont revenir quand ils vont être vieux”. »
Mais ils y sont en concurrence avec ceux que le festival a nommés « les nouveaux conquérants de l’information », qu’on désigne comme des « créateurs de contenus », des « influenceurs », des « vulgarisateurs » voire des « néojournalistes ». Indépendants, ils conçoivent souvent leur propre chaîne YouTube, qu’ils financent à même des revenus gagnés encore ou à l’aide de placements de produits.
En France, les youtubeurs HugoDécrypte et Gaspard G sont immensément populaires auprès des jeunes de 18 à 35 ans. Au Québec, Émile Roy diffuse du contenu sur sa chaîne YouTube et Farnell Morisset s’anime sur TikTok. Bâti dans un langage familier des jeunes, par des jeunes qui ont grandi avec Internet, ce modèle a, face aux médias traditionnels, la faiblesse de ne pas s’appuyer sur une équipe se chargeant de vérifier, de contre-vérifier et de garantir la qualité des informations diffusées. Les influenceurs bénéficient en quelque sorte d’un chèque en blanc de la part de leurs abonnés.
Il s’appuie aussi sur un modèle d’affaires qui ne garantit pas la non-intervention des ressources publicitaires dans le contenu. À cet égard, Gaspard G, qui est présentement à la tête d’une équipe, affirmait à Carleton-sur-Mer toujours chercher des commanditaires qui n’ont rien à voir avec le contenu des informations diffusées dans ses reportages. Il déplore d’être mis dans l’obligation de « se maquiller pour ses commanditaires », notamment parce que ces chaînes d’influenceurs ne reçoivent pas d’argent public en France.
Avocat de pratique et de formation, Farnell Morisset finance lui-même ses activités sur TikTok. Travaillant à partir du Québec pour une firme d’avocats new-yorkaise, il admet ne pas pouvoir traiter sur sa chaîne de sujets américains touchant ses activités d’avocat. « Je perdrais mon emploi », admet-il. Émile Roy admet lui aussi accepter certains placements de produits, mais surtout financer les activités de sa chaîne avec des revenus extérieurs de réalisateur ou de publicitaire.
Encore du papier
De l’autre côté du spectre de l’âge, il existe une population plus âgée qui, elle, ne prend pas le virage numérique. À Rimouski et en Gaspésie, les éditions Le Soir viennent de lancer deux éditions hebdomadaires en papier livrées à domicile. « Cela appartient aux publications Le Soir, associées aux Éditions Nordiques », explique la toute nouvelle directrice régionale adjointe de l’information, Johanne Fournier. Ces publications visent « des populations vieillissantes dans l’est du Québec. Il y a des gens qui nous disent : jamais je ne vais me mettre au numérique. Soit ils ne savent pas comment, ou parfois, ils n’ont pas d’ordinateur. Pour eux, le papier est important ».