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Il y a un peu plus d’un an, j’attirais l’attention sur une omission troublante dans le projet de loi C-63 du gouvernement Trudeau : l’absence d’une vérification d’âge obligatoire sur les sites pornographiques, malgré le fait que cette exigence était au cœur d’un autre projet de loi appuyé par la majorité des partis d’opposition. L’élément le plus dérangeant tenait à la présence, parmi les dirigeants du fonds propriétaire de Pornhub, d’une figure centrale du Parti libéral du Canada : Sarah Bain, ex-attachée de presse pour Stéphane Dion et Michael Ignatieff, et ancienne directrice des communications du PLC.
Aujourd’hui, cette affaire refait surface dans les pages du Journal de Montréal, grâce à une enquête fouillée signée Anne Caroline Desplanques. On y apprend que Sarah Bain, aujourd’hui vice-présidente à l’engagement public chez Ethical Capital Partners (ECP) – propriétaire de la maison-mère de Pornhub, rebaptisée Aylo – a rencontré pas moins d’une dizaine d’élus et de fonctionnaires entre octobre 2023 et novembre 2024 pour influencer la législation entourant l’accès des mineurs aux sites pornographiques.
Ce travail de lobbying, mené via sa firme Liskeard Consulting et inscrit officiellement au registre du Commissariat au lobbying du Canada, visait à désamorcer le projet de loi S-210 déposé par la sénatrice indépendante Julie Miville-Dechêne, qui proposait un mécanisme inspiré du modèle français pour restreindre l’accès des mineurs à la pornographie en ligne. Ce modèle imposerait une vérification d’âge stricte à tous les utilisateurs de sites comme Pornhub – une mesure à laquelle Mme Bain, tout comme Aylo, s’oppose fermement au nom de la vie privée.
Or, cette influence s’est avérée efficace. Comme le rappelle Le Journal de Montréal, le projet de loi S-210 avait été rejeté par une majorité de députés libéraux, malgré l’appui des conservateurs, néodémocrates et bloquistes. Il est ensuite mort au feuilleton lors de la suspension des travaux parlementaires en janvier 2025, à l’initiative du gouvernement Trudeau. Parmi les 133 voix contre, on ne comptait pratiquement que des libéraux – un revirement par rapport à leur position initiale, souligne la sénatrice Miville-Dechêne, qu’elle attribue directement au travail de lobbying.
Une trajectoire révélatrice
Le parcours de Sarah Bain, tel que reconstitué par Le Journal de Montréal et que j’avais déjà détaillé en mars 2024, incarne une proximité préoccupante entre l’industrie du divertissement pour adultes et le pouvoir politique fédéral. Après une carrière de 20 ans dans les hautes sphères libérales, Mme Bain s’est recyclée dans le lobbying d’entreprises controversées. Elle fut vice-présidente chez Nesta Holding Co., un fonds d’investissement actif dans le cannabis fondé par Chuck Rifici, ancien directeur financier du PLC, avant de siéger au conseil d’administration de Bruinen Investments, également dirigé par Rifici, qui avait tenté d’acquérir MindGeek avant qu’ECP ne le fasse.
Depuis 2023, elle est l’une des dirigeantes d’ECP, qui s’est empressé de rebaptiser MindGeek pour faire oublier les controverses liées à la diffusion massive de contenus non consensuels, y compris pédopornographiques, sur ses plateformes. Ce rebranding s’est accompagné d’une stratégie de communication vantant la sécurité et l’éthique de Pornhub, incarnée notamment par Alexzandra Kekesi, diplômée en études féministes à Concordia et actuelle cheffe de marque.
Le contraste est saisissant. Une entreprise souvent accusée de violer la dignité humaine se dote aujourd’hui d’un vernis féministe et éthique, tout en bénéficiant d’un accès privilégié à la haute fonction publique. La tentative d’étouffer une législation pourtant modérée, qui fait consensus dans plusieurs États américains et pays européens, en dit long sur la capacité d’influence d’Aylo… et sur la réceptivité d’Ottawa.
La continuité d’une orientation libérale?
Depuis mars 2025, Mark Carney a pris la tête du Parti libéral et du gouvernement canadien à la suite du départ de Justin Trudeau. Malgré le changement de leadership, la posture du PLC à l’égard de la vérification d’âge sur les sites pornographiques ne semble pas avoir fondamentalement changé. Le projet de loi S-210 a de nouveau été déposé par la sénatrice Miville-Dechêne, mais les signaux émanant des ministres du Patrimoine et de la Justice sont pour l’instant peu clairs, et les cabinets de Steven Guilbeault et de Sean Fraser ont refusé de commenter la situation, selon Le Journal de Montréal.
Alors que 19 États américains, la France et l’Union européenne ont déjà légiféré pour imposer la vérification d’âge obligatoire sous peine d’amendes substantielles, le Canada continue de traîner des pieds. Au-delà des considérations techniques, la question politique demeure entière : qui influence réellement les choix du gouvernement libéral dans ce dossier?
Une question de confiance démocratique
Il reste une vérité simple : des décisions majeures en matière de protection des mineurs ont été influencées, puis bloquées, par une ancienne stratège libérale devenue lobbyiste pour Pornhub. Ce constat n’est pas une insinuation partisane, mais un fait observable, documenté dans les registres de lobbying, confirmé par les votes en Chambre et mis en lumière aujourd’hui par une enquête journalistique majeure.
La transparence démocratique exige que cette influence soit pleinement débattue. Car si le Parti libéral sous Justin Trudeau avait déjà suscité des doutes quant à sa proximité avec certaines puissances économiques controversées, le gouvernement de Mark Carney ne semble pas en rupture avec cet héritage, du moins sur ce dossier précis.