Des milliers de personnes ont tenté, au péril ou au prix de leur vie, la traversée des Pyrénées au cours de la Deuxième Guerre mondiale. Elles étaient juives, résistantes, ou membres d’équipages d’avions de combats alliés abattus dans le ciel français. Pour célébrer leur mémoire, l’écrivain-marcheur Jean Rolin a mis ses pas dans les leurs dans son nouveau livre, Tous passaient sans effroi.
Il marchera à vrai dire assez peu. Né en 1949, l’auteur est presque aussi âgé que les faits qu’il entend relater, une sciatique le tourmente et les ascensions des cols sont ardues: ce n’est pas en conquérant des montagnes mais en «allégorie du grand âge» qu’il se représente avec une bonne dose d’autodérision. Qu’il marche ou non, c’est un bonheur de suivre ses longues phrases élégantes, rythmées de virgules en cascade. Et de retrouver cette manière de faire côtoyer l’épique et l’accessoire qui fait le charme de ses livres. Il y aura une place de choix, comme de coutume, pour les observations ornithologiques. Pour des histoires d’ours, sujet clivant s’il en est, dans les Pyrénées. Pour son curieux tropisme, aussi, pour les équipements militaires, aéronautiques en particulier, penchant qui sera jugé puéril et patriarcal à la fois par une jeune femme moqueuse marchant un jour à ses côtés.