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Le 112e Tour de France commence le samedi 5 juillet 2025. Ancien licencié au club d'Argenteuil, Kévin Reza raconte la souffrance qu'il a endurée lors de son premier Tour en 2013.
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Par Rédaction Pontoise Publié le 5 juil. 2025 à 7h48
Âgé de 37 ans, Kévin Reza regarde désormais le Tour de France de l’autre côté du miroir, sous le prisme du spectateur et non plus de l’acteur. Sa réflexion est identique à celle de tous les cyclistes qui ont disputé la plus grande course du monde et, leur carrière terminée, découvrent de l’intérieur tout son décorum.
« Lorsqu’on est coureur, on reste dans notre bulle, on ne se rend pas compte de la grande machinerie du Tour », souligne-t-il. Le samedi 5 juillet 2025, c’est le départ de la Grande Boucle à Lille.
Pour la troisième année consécutive, il prendra le volant d’une voiture à moteur électrique fournie par Rexel, son employeur saisonnier, fournisseur de matériel électrique et partenaire de la Grande Boucle.
Pendant trois semaines, il conduira des invités de cette société, souvent des VIP, des chefs d’entreprise, leur expliquera la course et ses stratégies…
Dernier Tour de France en 2020
Kévin Reza est gestionnaire de micro-crèches en Vendée où il vit depuis ses 16 ans (à l’époque pour intégrer le Pôle espoirs de La Roche-sur-Yon), après avoir porté pendant deux saisons les couleurs du club d’Argenteuil Val-de-Seine Cyclisme 95 (lire encadré).
Le Tour est, pour lui, l’occasion de revoir d’anciens collègues, une parenthèse dans un cyclisme qui ne l’intéresse plus vraiment.
Son histoire d’amour s’est essoufflée au fil du temps et s’est mal terminée.
« J’ai fait mon dernier Tour en 2020, un Tour en septembre à cause du Covid, avec les tests sanitaires, le masque… Tout cela a contribué à prendre ma décision d’arrêter un an plus tard. J’étais pressenti pour y retourner en 2021, mais je me suis retiré de la présélection. Je n’ai plus jamais touché à un vélo. Je n’en ai même pas gardé : je ne voulais pas avoir devant moi quelque chose qui me fasse penser à ce sport tellement dur. »
Et la réconciliation n’est pas pour demain. « Le cyclisme d’aujourd’hui, je n’en veux pas. Ce n’est pas celui que j’ai aimé, adoré même, que je ne considérais pas comme un métier lors de mes années chez Europcar (de 2011 à 2014). Aujourd’hui, les coureurs pèsent leur nourriture : c’est effrayant ! Où est le plaisir dans tout ça ? Avant, sans abus, on buvait une bière après l’étape, c’était notre petite récompense. »
"Pépé venait nous chercher avec sa camionnette"
Durant l'hiver 2011-2012, lors de la présentation des effectifs du club d'Argenteuil Val-de-Seine 95, en mairie, les enfants de l'école de vélo sont émerveillés : ils ont devant eux un coureur professionnel en chair et en os, et même en tenue. Kévin Reza arbore le maillot de l'équipe Europcar, dont le leader Thomas Voeckler a brillé de mille feux l'été précédent au Tour de France.
"Quand Éric Blanchon est parti du club de Puteaux, où j'habitais, je l'ai suivi à Argenteuil avec tous les autres gamins, car on était vachement attaché à notre éducateur, raconte-t-il. J'y ai passé mes deux années de minimes. Chaque mercredi, sous le coup de 13h30, un bénévole du club que l'on surnommait ''Pépé'' venait nous chercher en haut de Nanterre, dans une camionnette. Après l'école, je me dépêchais de le rejoindre. Le soir, il nous ramenait. On faisait du VTT et du cyclo-cross sur la butte d'Orgemont, des jeux d'adresse sur la piste d'athlé du stade Auguste-Delaune, des trucs de fous, épaule contre épaule, qui m'ont beaucoup servi quand j'avais le rôle de lancer les sprints de Bryan Coquard."
Jusqu'à la fin de sa carrière, en 2021, Kévin Reza est resté un adhérent fidèle du club argenteuillais.
À l’été 2013, son rêve de gamin se réalise. « J’ai découvert le Tour de France par sa centième édition qui partait de Corse. C’était grandiose ! L’arrivée sur les Champs était magnifique. En plus, c’était tout près de la maison, j’avais des frissons. »
Septième du sprint sur les Champs- Élysées
L’Allemand Marcel Kittel s’impose, Kévin Reza est 7e d’un sprint royal où s’opposent les Mark Cavendish, André Greipel, Peter Sagan, Alexander Kristoff ! C’est un petit miracle s’il a vu Paris quelques jours après avoir « connu une descente aux enfers dans le Mont Ventoux ».
Il retournera sur les pentes du Géant de Provence, en voiture cette fois, le 22 juillet, lors de la 16e étape, et aura plein d’anecdotes à raconter à ses hôtes.
« Ah le Ventoux ! éclate-t-il de rire. Le plus grand calvaire que j’aie connu dans le Tour de France. Heureusement, le lendemain c’était une journée de repos, j’avais encore des crampes vingt-quatre heures après, c’est dire combien je suis allé loin dans l’effort… »
En ce 14 juillet 2013, la plus longue étape de l’épreuve (242 km) est couplée aux grandes chaleurs. Il doit défendre le maillot à pois porté par Pierre Rolland, l’un de ses leaders.
« On a réagi quand l’échappée a pris sept minutes d’avance. Les néophytes, les petits jeunes du Tour de France, dont je faisais partie, se sont mis à la planche. À 30 bornes de l’arrivée, j’étais le dernier de la course, devant la voiture balai.
J’ai pensé : »C’est mort, je vais être hors délais ». Cela avait été ridicule de rouler à ce moment-là, j’ai perdu mon calme face à mon directeur sportif, j’en voulais à la terre entière. »
« Je me suis effondré en larmes »
Il remonte le chemin de sa mémoire, et avec lui de ses souffrances : « Au pied du Mont Ventoux, je voyais le gruppetto devant moi, j’ai fait l’effort de le rattraper, tout au long de l’ascension je faisais l’élastique, j’en ai chié. Le public t’encourage, mais tu es seul. Ma famille était à quelques kilomètres du sommet. Quand je les ai vus, je commençais à m’écrouler, je me suis raccroché à leur présence ».
Il se souvient qu’en franchissant la ligne d’arrivée, une demi-heure après le vainqueur Chris Froome, « mes nerfs ont lâché, je suis me suis effondré en larmes ».
Comme « aucun Tour ne se ressemble », dès l’année suivante, Kévin Reza vit « un Tour fantastique » auprès de Bryan Coquard, 3e au classement du maillot vert, dont il est le poisson-pilote. Il fait chambre avec Thomas Voeckler. « Le soir, il me faisait trop rire avec ses histoires de vélo… »
Les Valdoisiens dans le Tour de France
Le plus illustre des coureurs ayant vécu dans le Val-d'Oise est l'Irlandais Stephen Roche. En 1987, cet habitant du hameau de Saillancourt, à Sagy, a remporté successivement le Tour d'Italie, le Tour de France et le Championnat du monde. Né à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), son fils Nicolas a bouclé dix fois le Tour de France, entre 2009 et 2020.
Le Sannoisien Christian Raymond était un habitué : huit participations entre 1966 et 1974, et même une victoire d'étape en 1970. Pour l'anecdote, c'est lui qui trouva le surnom de Cannibale pour Eddy Merckx.
Dans les années 1970, deux bons copains du Vc Pontoise ont disputé la Grande Boucle. Bernard Quilfen a réalisé l'une des échappées victorieuses les plus longues de l'histoire de la course : 222 kilomètres lors de l'étape Besançon - Thonon en 1977. L'été suivant, Christian Muselet a disputé son unique Tour de France. Par la suite, Quilfen fut le directeur sportif de Pascal Jules, vainqueur d'une étape en 1984, qui débuta le cyclisme au Vc Montigny-lès-Cormeilles.
Côté Yvelines, Gilles Talmant, de la Roue d'or conflanaise, a couru le Tour dans la décennie 1990. En 2000, Christophe Agnolutto, ex-licencié à l'Us Ezanville-Ecouen, s'était imposé à Limoges. Son contemporain Gilles Maignan avait porté le maillot orange du Csm Persan-Bic avant de découvrir le Tour. C'était également le cas d'Atle Kvalsvoll et d'Olaf Lurvik, deux Norvégiens membres du club persanais à la fin des années 1980.
Beaucoup plus près de nous, en 2022, Jérémy Lecroq (Parisis Ac 95 et Argenteuil Val-de-Seine 95) est parvenu jusqu'aux Champs-Élysées.
Cet athlète endurant a terminé les trois éditions auxquelles il a participé : 134e en 2013, 73e en 2014, 137e en 2020 (les deux premières dans l’équipe Europcar, la troisième avec B&B Hotels-Vital Concept). « Le Tour m’a fait grandir », retient-il de toutes ces aventures. Comme sportif et comme homme.
Jean-Luc Gatellier
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