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Du rêve des organisateurs à l’intervention du chef de l’État, le projet de faire passer la dernière étape du Tour par Montmartre a été une course d’obstacles où «la méthode JO» a fini par prévaloir.
Lorsque, au soir du 3 août 2024, la clameur retombe peu à peu dans Paris, les responsables d'Amaury Sport Organisation (ASO), la société organisatrice du Tour de France, se mettent à rêver. Et si la Grande Boucle faisait pareil ? Pareil que la course en ligne des Jeux olympiques remportée par le Belge Remco Evenepoel devant deux Français, Valentin Madouas et Christophe Laporte, sous les yeux de 500.000 spectateurs déchaînés dans un vacarme tel que Laporte aura «mal aux oreilles encore vingt minutes après l'arrivée».
«C'était formidable, extraordinaire, merveilleux, une ode au cyclisme», souffle le patron du Tour Christian Prudhomme qui s'avoue même «jaloux» devant l'exceptionnelle ferveur populaire au passage des coureurs, en particulier dans la Butte Montmartre. «À un moment, on ne pouvait plus bouger tellement il y avait du monde. C'était super chaleureux. C'était extraordinaire», se rappelle auprès de l'AFP son adjoint Pierre-Yves Thouault, qui sera au cœur des difficiles tractations à venir. En attendant, il en est persuadé : «il faut le faire». «J'avais déjà Montmartre dans un coin de la tête mais quelque part on se l'interdisait parce qu'on pensait que c'était impossible. Les Jeux ont rendu l'impossible possible».
De fait, le défi n'est pas simple : le peloton du Tour de France est deux fois plus gros que celui des JO, beaucoup plus compétitif, et le barnum de la Grande Boucle se marie difficilement avec les rues étroites et bondées du XVIIIe arrondissement. Mais les organisateurs, dont les équipes techniques se penchent déjà sur un parcours, sont déterminés. Et optimistes, d'autant que la mairie de Paris est tout de suite emballée.
Le but n’était pas de changer le lieu d’arrivée, surtout pour les 50 ans de la première arrivée sur les Champs-Élysées, mais de redonner un côté plus compétitif et de renforcer l’attractivité populaire de la dernière étape.
Pierre RabadanLe vendredi 20 septembre, Christian Prudhomme et Pierre-Yves Thouault remontent ainsi la rue Lepic à pied avec Pierre Rabadan, l'adjoint aux sports d'Anne Hidalgo à la mairie de Paris. «À l'angle, on se pose dans un café et on se dit : qu'est-ce qu'on fait ? On tente le coup ?», raconte Pierre Rabadan à l'AFP. «On avait tous les images des Jeux dans la tête. Le but n'était pas de changer le lieu d'arrivée, surtout pour les 50 ans de la première arrivée sur les Champs-Élysées, mais de redonner un côté plus compétitif et de renforcer l'attractivité populaire de la dernière étape. On se dit surtout que si on ne le fait pas là, on ne le fera sans doute jamais».
Reste à faire le plus dur : obtenir les autorisations de la Préfecture de police (PP). La réponse arrive par courrier et elle refroidit tout le monde : c'est non. Passer par les rues étroites de Montmartre, dans «un secteur qui est quand même assez habité, où il y a beaucoup de terrasses et de commerces», constitue «une autre dimension sécuritaire» qui «implique un dispositif plus conséquent», explique le préfet de police Laurent Nuñez à l'AFP. «Le sujet à cette époque des discussions préalables, c'est celui de la mobilisation de moyens à cette période de l'année, c'est-à-dire au moment du chassé-croisé, où les fonctionnaires de police et les militaires de la gendarmerie sont en partie en congé, après un été 2024 où ils ont été très sollicités», ajoute-t-il.
L’intervention déterminante d’Emmanuel Macron
Chez ASO, c'est la douche froide. «On était optimistes, on est devenus pessimistes», soupire Christian Prudhomme en marge de la présentation fin octobre du parcours 2025 qui comprend alors une dernière étape sans Montmartre. Début janvier, alors que le projet semble toujours au point mort, un acteur du dossier peste. «De toute façon, à la PP, ils disent non à tout», en rappelant le veto initial contre la tenue de la cérémonie d'ouverture des JO sur la Seine. À l’époque, l'intervention du président Macron avait permis de débloquer l'affaire. Ce sera aussi le cas dans le dossier Montmartre.
«Amoureux» du Tour de France, le chef de l'État, qui cultive d'excellentes relations avec Christian Prudhomme, s'implique personnellement et demande, comme le confirme l'Élysée à l'AFP, «à ce que tout le monde se réunisse pour rendre ce projet possible». «Le président a été moteur dans cette décision car il est très attaché à l'idée de faire vivre l'héritage des Jeux et notamment ce sentiment de fierté française qui a dominé l'été 2024», ajoute l'Élysée qui résume ainsi la volonté présidentielle : «il a souhaité qu'on applique la méthode JO».
«Il y a eu une impulsion assez forte du président de la République. À partir de là on s'est mis en ordre de bataille pour rendre les choses faisables. On a travaillé avec ASO et la Ville, centaine de mètres par centaine de mètres», souligne Laurent Nuñez. Sur le terrain, les repérages et les réunions s'enchaînent, «une quinzaine», calcule Pierre-Yves Thouault, la plupart présidées en personne par le préfet de police dont tout le monde loue l'implication. «On a eu une réunion courant février où il nous a dit : maintenant on va se voir toutes les semaines, on va travailler et je déciderai lorsque j'aurai toutes les garanties», explique Pierre-Yves Thouault.
Tous les voyants étaient au vert et, bim, le coup des jardinières, un truc auquel on n’aurait jamais pensé.
Pierre-Yves Thouault«Il faut être franc», ajoute-t-il. «Au départ, on n'apportait peut-être pas toutes les réponses aux questions qui pouvaient se poser en matière de barriérage, de cordage, d'effectifs de police, de points de cisaillement ou de blocage de circulation. Là, on s'est tous mis autour de la table et on a commencé à apporter les réponses». Mais les acteurs ne sont pas encore au bout de leur peine. Fin avril, un responsable d'ASO rend visite à de la famille à Montmartre lorsqu'il découvre le bas de la rue Lepic en travaux «pour mettre des jardinières». «Tous les voyants étaient au vert et, bim, le coup des jardinières, un truc auquel on n'aurait jamais pensé. Je me rends sur place et je vois la route complètement décaissée. Impossible pour nous de passer. Là, je me suis dit: ça va être compliqué», se rappelle le numéro 2 d'ASO.
Une solution est trouvée dans l'urgence. Le parcours va contourner le chantier en passant par une rue parallèle pour reprendre la rue Lepic 100 mètres plus haut. Et la mairie du XVIIIe arrondissement reporte les travaux prévus dans le reste de la rue. Ce dernier obstacle levé, une réunion le 30 avril permet de valider enfin le projet. Et le 12 mai, Emmanuel Macron annonce sur TF1 que «notre Tour chéri finira sur ce même parcours» olympique. «Moi, je l'avais dit dès le début au président. S'il faut faire, on sait faire», insiste Laurent Nuñez. «J'espère», affirme aujourd'hui Pierre Rabadan, «qu'on va revivre, non pas les Jeux, parce que les Jeux, ce n'est qu'une fois et il ne faut pas chercher à les reproduire, mais ces moments festifs et populaires où les gens se créent des souvenirs, dans une ambiance de fraternité, car il n'y en a pas beaucoup malheureusement au quotidien. Mais très franchement, à un moment, je ne savais pas si on allait y arriver».