Quand le producteur de musique pendjabie torontois Manveer Singh s'amusait à créer de la musique avec ses amis il y a quelques années, la répartition des royautés ne faisait pas partie de la discussion. Il ne s'attendait ni à ce que son style de musique devienne aussi populaire, ni à ce que cela fasse un jour l'objet d'un cours universitaire.

C'est inspirant , se réjouit-il. C'est tellement une belle réussite pour ma communauté.

En automne 2026, l'Université métropolitaine de Toronto (TMU) offrira un cours entièrement consacré à Diljit Dosanjh, un chanteur, acteur et producteur de films indien qui travaille dans le cinéma en langues pendjabie et hindie. Il a déjà plus de 14 albums studio et 50 chansons à son actif. Il a aussi été le premier artiste de langue pendjabie à se présenter sur la scène de Coachella en 2023.

L'année dernière, il a établi un record lorsqu'il a donné le plus grand concert pour un artiste indien en dehors de l'Inde à Vancouver, avec plus de 55 000 billets vendus. Cette année, il est devenu le premier artiste de langue pendjabie à faire son entrée sur le tapis bleu du Met Gala.

Toute personne qui grandit dans une maison pendjabie connaît Diljit Dosanjh. C'est un des plus grands artistes pendjabi de tous les temps, estime Manveer Singh, qui est aussi étudiant en quatrième année au programme de musique de TMU.

J'aimerais tant suivre ce cours. Ce serait sans doute mon préféré.

Une étude de cas

Charlie Wall-Andrews est professeure adjointe à l'Université métropolitaine de Toronto dans le domaine des industries créatives. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Soumis par Charlie Wall Andrews

Le cours aura comme but principal de contextualiser l'engouement grandissant pour la musique en langue pendjabie. Charlie Wall-Andrews, professeure adjointe à TMU dans le domaine des industries créatives, croit que l'artiste Diljit Dosanjh est le cas d'étude parfait.

Il a popularisé le style de musique et la culture qui l'entoure à l'échelle mondiale, dit-elle. Nous allons étudier ses stratégies de marketing, son image de marque, ses tournées, ses produits dérivés et les partenariats qui l'ont rendu célèbre.

Dans le cours, les étudiants pourront en apprendre plus sur les origines de la musique pendjabie et comment elle a été transformée en hymnes sociopolitiques et en grands titres contemporains.

Nous allons explorer les traditions orales, les héritages postcoloniaux et les premières icônes de la musique pendjabie. Nous étudierons aussi comment cette musique est une forme de résistance et comment elle a été touchée par la censure.

Le cours inclura aussi une analyse critique des médias et des opportunités pour les étudiants de rencontrer des personnes de l'industrie qui ont d'une manière ou d'une autre travaillé avec Diljit Dosanjh. Le cours a été créé en partenariat avec Billboard.

Un marché en essor

Si l'engouement pour la musique pendjabie ne cesse de croître partout dans le monde, c'est parce que les acteurs principaux de l'industrie ont réalisé la rentabilité de ce style de musique. C'est ce qu'avance Mme Wall-Andrews.

Voilà pourquoi il y a de plus en plus de maisons de disques, de partenaires de distribution, d'opportunités de spectacles, explique-t-elle.

Manveer Singh abonde aussi dans ce sens. Certains de ses artistes pendjabis préférés ont des millions d'auditeurs mensuels sur les plateformes de distribution en continu comme Spotify et Apple Music.

Pour les maisons de disques, les artistes pendjabis sont de véritables mines d'or. Ils essaient de surfer sur cette vague, selon M. Singh.

Plusieurs universités offrent des cours sur des vedettes comme Taylor Swift et Beyonce. Compte tenu de la diversité du pays et de notre campus, c'est logique que nous offrions un regard différent sur une vedette qui n'est pas du monde occidental.

Miser sur son identité

Mo Ghoneim, président de Billboard Canada, croit qu'en étudiant le succès de Diljit Dosanjh, les étudiants apprendront à se détacher des voies traditionnelles de la réussite.

Diljit Dosanjh a vraiment redéfini l'architecture de la célébrité mondiale. Il a su déplacer le centre de gravité sans diluer son identité. Il ne s'est pas adapté à l'industrie. Au contraire, c'est l'industrie qui s'est adaptée à lui. Le cours permettra de comprendre le nouveau schéma de ce à quoi ressemblent le pouvoir et l'influence dans l'industrie de la musique.

Mme Wall-Andrews ajoute que la nouvelle génération d'artistes doit comprendre à quel point ils peuvent profiter de leur identité culturelle pour bâtir des carrières durables.

Le cours devrait encourager les étudiants à puiser dans leur propre identité et leur propre communauté, pour que les auditeurs puissent s'identifier à eux, suggère-t-elle.

Manveer Singh est du même avis.

Diljit Dosanjh porte le turban de manière si élégante. Grâce à lui, c'est cool de le porter, admire-t-il.