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Parfois, il arrive qu’un film soit touché par la grâce le temps d’une scène. Souvent, cela suffit à ce que l’on s’en souvienne durablement. Le film The History of Sound, présenté en compétition mercredi, contient de tels moments à foison. Un beau film, un grand film. Dans cette chronique amoureuse se déroulant de 1910 jusqu’à la fin des années 1920, Paul Mescal et Josh O’Connor vivent un amour impossible sur fond de chansons folkloriques, la passion commune de leurs personnages respectifs.
D’ailleurs, le film s’ouvre de manière splendide alors que, au terme d’une douce avancée à fleur de rivière, on croise un petit garçon, Lionel, occupé à écouter les sons de la nature. Or, comme le principal intéressé nous l’apprend en voix hors champ, Lionel a ceci de particulier qu’il peut identifier à quelle note correspond chaque bruit entendu, du clapotis de l’eau à la toux rêche de sa mère. Sa mère qui, malgré une existence à l’évidence difficile, sourit et fredonne lorsque le père de Lionel se met à chanter une vieille ballade à la brunante : encore de la grâce.
Bref, le don de Lionel le conduit à un prestigieux conservatoire. C’est lors de ses études là-bas que, jeune homme, Lionel rencontre un autre jeune homme passionné comme lui de musique folklorique : David.
Photo: Fair Winter LLC
Paul Mescal dans le film «The History of Sound»
La façon dont Oliver Hermanus met en scène leur première rencontre dans un pub donne des frissons. Au piano, David murmure de manière à peine audible cette même ballade que le père de Lionel avait l’habitude de chanter. Et Lionel de s’approcher, irrésistiblement… Grâce, grâce, grâce…
Leur amour n’est jamais verbalisé, l’époque ne le permettant pas, mais il est en revanche consommé, et peut-être surtout chanté, par l’entremise de toutes ces ballades et complaintes romantiques, justement.
Magnificence austère
Le premier acte du film revêt la forme d’une odyssée à travers la Nouvelle-Angleterre lors de laquelle Lionel assiste David dans la recension et l’enregistrement, sur rouleau de cire, de tous les chants folkloriques qu’ils peuvent trouver. À nouveau, moments bénis à répétition, comme ce duo impromptu entre Lionel et une jeune femme vivant dans un hameau insulaire.
Sans oublier ce plan montrant Lionel et David étendus sur l’herbe, de profil : celui du second est à peine visible derrière celui du premier, comme un présage…
Car l’amour que partagent Lionel et David est d’autant plus émouvant qu’on sait d’emblée qu’il ne pourra s’épanouir en société : on est alors en 1919-1920. Pour autant, rien de ce qui suit aux deuxième et troisième actes n’est prévisible ou n’apparaît convenu, au contraire.
Fort d’un magnifique scénario de Ben Shattuck, d’après sa propre nouvelle primée, Oliver Hermanus (Moffie ; Living/Vivre) livre une mise en scène des plus inspirées. La facture possède une magnificence austère, une poésie sans affèterie. Chaque plan séduit l’œil, mais exprime quelque chose également : ce n’est jamais ampoulé.
Nuances de tourments
Et les acteurs, les acteurs… Lui qu’on a adoré dans les films Aftersun (Sous le soleil), de Charlotte Wells, et All of Us Strangers (Tout ce qui nous sépare), d’Andrew Haigh, Paul Mescal livre une performance éblouissante, tout en nuances de tourments contenus sous des dehors imperturbables.
Révélé dans God’s Own Country (Seule la terre), de Francis Lee, et épatant plus récemment dans Challengers, de Luca Guadagnino, Josh O’Connor est excellent également, très habité. Sa partition lui permet en outre de cultiver un certain mystère.
À cet égard, on n’en dira pas davantage sur The History of Sound, sinon qu’on en pleure un coup au terme de ces tribulations. Tiens, cela ferait une belle ballade, une belle chanson.
François Lévesque est à Cannes à l’invitation du Festival et grâce au soutien de Téléfilm Canada.