Le gouvernement taïwanais passe au crible des centaines de milliers de fonctionnaires à la recherche de sympathisants au pouvoir chinois, dans un contexte d’augmentation des cas d’espionnage au profit de Pékin.
Si Pékin et Taipei se surveillent mutuellement depuis des décennies, les experts jugent aujourd’hui la menace plus sérieuse en raison des craintes d’attaque chinoise.

La Chine qui considère que Taïwan fait partie de son territoire et n’exclut pas d’employer un jour la force pour placer l’archipel sous son contrôle.
Alors que Pékin a accentué sa pression militaire avec des déploiements et manœuvres au large de l’archipel, les poursuites pour espionnage au profit de la Chine se sont multipliées ces dernières années.
Les cartes d’identité chinoises : un moyen de pression de Pékin
L’inquiétude est encore montée l’année dernière après qu’une vidéo YouTube a affirmé que des dizaines de milliers de taïwanais possèderaient des documents d’identité chinois, ce qui est interdit par la loi taïwanaise.
Le gouvernement se penche désormais sur ses propres effectifs, dans les ministères, l’armée ou encore les établissements scolaires. Lors de la première enquête qui s’est tenue récemment, 371.203 personnes, soit presque la totalité des personnes interrogées, ont signé des déclarations affirmant qu’elles ne détenaient aucun de ces documents.
Seules deux personnes ont admis avoir des cartes d’identité chinoises et 75 des permis de séjour, qui ont été annulés, a déclaré le Conseil des affaires continentales, organe du gouvernement taïwanais qui gère les relations avec la Chine.
Chaque fonctionnaire en possession de cartes résidence ou d’identité chinoises risque de perdre sa résidence à Taïwan, ce qui équivaut à perdre sa citoyenneté effective. Une deuxième série de vérifications est en cours, mais le gouvernement a précisé que le grand public ne serait pas ciblé.
« Si nous avons commencé à enquêter (sur les cartes d’identité chinoises), c’est parce que la Chine utilise cette méthode pour faire pression sur les Taïwanais, pour infiltrer notre système, en particulier la fonction publique, » a déclaré le député Wang Ting-yu, membre du Parti Démocrate Progressiste (DPP), le parti présidentiel, à l’AFP.
Menaces de certains « nouveaux immigrants » de Chine
Pour M. Wang, une application plus stricte est nécessaire car certains « nouveaux immigrants » de Chine ont espionné pour Pékin et ont interféré dans les élections taïwanaises. « La menace devient de plus en plus grave et nous devons y faire face. »
Selon un responsable sécuritaire taïwanais, la Chine fournit des papiers d’identité à un nombre croissant de personnes originaires de Taïwan, mais il est « difficile d’estimer » combien ou de retrouver les contrevenants sans la coopération de Pékin.
Si les Taïwanais ne divulguent pas volontairement ces informations, « le gouvernement ne peut pas faire grand-chose », concède le juriste Su Yen-tu, professeur à l’Academia Sinica.
La collecte d’informations en cours reste « potentiellement utile », explique à l’AFP Peter Mattis, président de la Jamestown Foundation, en particulier si l’on s’aperçoit qu’une personne sous le coup d’une enquête à l’avenir a menti sur ses documents.
Un possible rétablissement du tribunal militaire
Le président taïwanais Lai Ching-te a récemment annoncé un projet de rétablissement du tribunal militaire, notamment pour traiter les cas d’espionnage chinois au sein des forces armées.

Il a qualifié plus tôt cette année la Chine de « force étrangère hostile » et proposé de nouvelles mesures pour lutter contre l’infiltration et l’espionnage chinois.
Des preuves de renoncement à la nationalité chinoise
Taïwan a également demandé à environ 10.000 époux et épouses chinois et leurs enfants nés en Chine de fournir une preuve indiquant qu’ils avaient renoncé à leurs citoyenneté chinoise, en vertu d’une exigence en vigueur depuis des décennies.
Li I-ching, née en Chine d’une mère chinoise et d’un père taïwanais, doit obtenir des preuves qu’elle ne possède plus le statut de résidence permanente en Chine. « Personnellement, je pense que c’est un peu perturbant », critique cette étudiante de 23 ans.
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