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Syrie : sept mois après la chute de Bachar al-Assad, carnet de route dans un pays en mutation

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1 - Dans les ruines d'Alep

L'itinéraire de notre journaliste Wassim Nasr à travers la Syrie. L'itinéraire de notre journaliste Wassim Nasr à travers la Syrie. © Studio graphique France Médias Monde

C'est à l'aéroport de Damas que ce périple devait commencer mais la guerre Israël-Iran en a décidé autrement. C'est donc le Nord qui a été choisi comme point de départ d'un périple de dix jours à travers la Syrie.

Sur la route qui mène à Alep, ville anéantie par quatorze années de guerre, un paysage de destruction défile à perte de vue. Mais ici et là, des parpaings disposés devant des bâtiments en ruines indiquent que la reconstruction a commencé. C'est l'espoir d'une nouvelle ère pour la Syrie, alors que Washington vient d'assouplir la plupart de ses sanctions pour faciliter le retour de Damas dans le système financier international et encourager les investissements étrangers.

Un bâtiment effondré dans la ville d'Alep en Syrie. Un bâtiment effondré dans la ville d'Alep en Syrie. © Wassim Nasr, France 24

Comme ailleurs dans le pays, le nouveau pouvoir d'Ahmed al-Charaa offre des gages de protection aux minorités religieuses après les massacres de mars dans la communauté alaouite et des affrontements entre druzes et groupes armés. Mais dans la région d'Alep, les autorités doivent aussi composer avec une majorité sunnite fracturée entre partisans de la révolution et anciens pro-Assad.

Symbole de cet équilibre fragile : les relations tendues avec les anciens membres du groupe armé Liwa al-Baqir qui, après avoir soutenu le régime Assad, a retourné sa veste pour rejoindre la coalition rebelle. Ce qui a permis la prise de la ville d’Alep, étape décisive sur le chemin de Damas. Sept mois après la chute de Bachar al-Assad, le clan des Bakara auquel appartient le groupe estime ne pas avoir suffisamment récolté les fruits de son alliance avec les nouveaux maîtres de la Syrie.

Dans la mosaïque d'Alep, les Kurdes des YPG maintiennent leur contrôle sur les districts d’Achrafieh et de Cheikh Maqsoud. Ces deux quartiers doivent progressivement repasser sous le contrôle du gouvernement tout en conservant une certaine autonomie en vertu des accords signés en mars pour intégrer les Kurdes dans l'État syrien. Pour le moment, selon différentes sources impliquées dans le dossier, ces accords restent sans effets décisifs.

2 - Les tunnels de Manbij

À l'est, toujours dans le gouvernorat d'Alep, se dessinent les fortifications de Manbij, ancien fief de l'organisation État islamique passé aux mains des forces kurdes, soutenues par les États-Unis, puis repris en décembre dernier par l’Armée nationale syrienne (ANS) appuyée par l’armée turque.

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Sous la ville serpente un réseau de tunnels, dont certains sont suffisamment grands pour faire circuler des véhicules. Dans l'hôpital militaire, ancien QG des YPG, des entrées de tunnel sont dissimulées derrière de simples portes. Sur les hauteurs, l'université privée est en ruines. Mais des travaux de déblaiement ont commencé, signe que la population est prête à réinvestir les lieux.

L'entrée d'un tunnel dans l'hôpital militaire de Manbij, dans le gouvernorat d'Alep. L'entrée d'un tunnel dans l'hôpital militaire de Manbij, dans le gouvernorat d'Alep. © Wassim Nasr, France 24

Cependant, les défis restent nombreux dans cette localité minée par le trafic de drogue et confrontée à des attentats en série. En février, l'explosion d'une voiture piégée a tué au moins quinze personnes, en majorité des femmes. La huitième attaque depuis la chute de Bachar al-Assad.

Tous les interlocuteurs interrogés pointent du doigt les YPG, dont l'aile dure serait prête à tout pour faire dérailler la reprise en main de la ville. Manbij ou un avant-goût des problèmes qui attendent le gouvernement syrien dans le nord-est du pays, si un accord politique n’est pas conclu et respecté.

3 - Homs et Damas sous tension

Direction maintenant le Sud syrien et la ville de Homs, qui, elle aussi, doit faire face à d'importants défis sécuritaires sur fond de tensions communautaires. Sur place, les enlèvements sont devenus monnaie courante. Selon nos informations, une soixantaine de femmes alaouites ont ainsi été kidnappées ces derniers mois entre la région de Homs et la côte syrienne.

Homs connaît également un nombre élevé d'homicides liés à des campagnes orchestrées sur les réseaux sociaux : d'anciens militaires ou miliciens sont retrouvés pour être livrés à la vindicte populaire. À ces actes de justice expéditive, l'État syrien répond en menant des campagnes d'arrestations d'anciens du régime, pour les juger et tenter tant bien que mal d’empêcher les vendettas et de maintenir la cohésion sociale.

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Le jour de notre arrivée à Damas, le 22 juin, un attentat kamikaze frappe l'église Saint-Élie dans le quartier de Dwelaa. Une attaque revendiquée deux jours plus tard par un groupuscule extrémiste sunnite, lié au groupe État islamique selon les autorités, qui a semé la terreur dans la communauté chrétienne et fragilisé les liens de confiance avec les nouvelles autorités.

Cette photo montre les dégâts causés par l'explosion déclenchée par un kamikaze dans l'église Saint-Élie à Damas. Cette photo montre les dégâts causés par l'explosion déclenchée par un kamikaze dans l'église Saint-Élie à Damas. © Wassim Nasr, France 24

Lors des funérailles de neuf des victimes, le patriarche grec-orthodoxe d'Antioche et de tout l'Orient, Jean X, a fustigé un "massacre inacceptable" et critiqué les autorités, les appelant à "assumer leurs responsabilités". Des propos qui sont passés non censurés sur la télévision syrienne.

4 - Palmyre, le joyau dévasté

Sous 45 degrés, sur une route en piteux état, le désert de Syrie ouvre ses bras. Sur le bas-côté, la carcasse d'un char T-72 de fabrication russe, vestige des combats entre rebelles et forces loyalistes. En chemin, on aperçoit une ligne de chemin de fer, infrastructure cruciale au transport des ressources minières dont regorge la région, en particulier le phosphate.

Mais là encore, le danger guette. L'organisation État islamique est toujours active dans la région. Selon nos informations, beaucoup de ses membres ont rejoint les villes des environs dès la chute du régime pour mieux se fondre dans la masse et, pour certains, préparer des attentats.

Enfin, le désert laisse place à l'oasis verdoyante de Palmyre et sa célèbre cité antique endommagée par le groupe État islamique et les frappes russes. Jusqu’en 2011 et le début de la guerre civile syrienne, plus de 150 000 visiteurs venaient admirer ce site classé au patrimoine mondial de l'Unesco.

Le temple gréco-romain de Baalshamin détruit par l'organisation État islamique à Palmyre. Le temple gréco-romain de Baalshamin détruit par l'organisation État islamique à Palmyre. © Wassim Nasr, France 24

À proximité, la ville moderne, qui abrite la prison de Tadmor, est en ruines. On ne peut s'empêcher de noter la propension de l'ancien régime à édifier ses prisons les plus sinistres dans des régions touristiques, à l'instar de Saydnaya. Comme si le clan Assad voulait rendre complice de ses crimes tous les touristes qui se pressaient en ces lieux.

5 - Deir Ezzor, la vie malgré la guerre

Depuis la chute de Bachar al-Assad, aucun journaliste étranger n'avait mis les pieds à Deir Ezzor, dans l'Extrême Est syrien. Sur la route, la file de camions d'aide humanitaire en provenance du voisin irakien est impressionnante. Après une décennie de combats meurtriers qui ont entraîné la destruction de près de 90 % des bâtiments, la ville située sur les rives de l'Euphrate n'est plus que l'ombre d'elle-même.

La chute du régime a également engendré trois jours de pillages et une brève occupation des forces kurdes. Aujourd'hui, l'ancienne ville agricole prospère ne compte plus que 154 000 habitants contre plus de 280 000 il y a quinze ans. Paradoxalement, les loyers y sont très élevés en raison de la pénurie de logements habitables.

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Si la ville était jadis célèbre pour ses ponts qui enjambent l'Euphrate, notamment le pont suspendu érigé à la fin des années 1920 sous le mandat français, plus rien ne subsiste de ces ouvrages bombardés lors de la guerre civile syrienne. Pour pouvoir circuler entre les deux rives, les habitants ont improvisé un unique pont de gravats ou bien utilisent des barges.

Une barge sur les rives de l'Euphrate à Deir Ezzor, dans l'est de la Syrie. Une barge sur les rives de l'Euphrate à Deir Ezzor, dans l'est de la Syrie. © Wassim Nasr, France 24

En fin de journée, quand la chaleur devient moins étouffante, ils sont nombreux à profiter d'une baignade rafraîchissante au bord du fleuve, où des cafés flottants diffusent de la musique. Signe que la vie continue en Syrie, malgré les cicatrices béantes de la guerre.

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