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Premier long métrage de Mascha Schilinski, Sound of Falling (In die Sonne schauen) est aussi envoûtant que frustrant. La réalisatrice allemande y alterne des fragments de vie de quatre personnages féminins — une enfant, deux adolescentes et une toute jeune femme — ayant en commun de vivre dans la même ferme au cours d’une période d’un peu plus de cent ans. Outre la grande maison, une grange, un champ et une rivière s’avèrent des lieux importants.
Au gré de ce qui s’apparente à un flot de souvenirs entremêlés, on assiste à divers moments tournant le plus souvent autour des thèmes du désir et, surtout, de la mort. D’ailleurs, le film commence et se termine avec une photo de défunt, une tradition macabre d’antan. Il faut voir la petite Alma, la plus jeune des protagonistes, reconnaître sur sa sœur décédée avant sa naissance la robe noire qu’elle porte à présent. Sur la même photo, leur mère, ayant tourné la tête, ressemble à un fantôme. Ce motif reviendra plus tard lorsqu’un autre personnage, ayant quitté en hâte un portrait de famille, apparaît ensuite tel un fantôme sur l’instantané.
Photo: Fabian Gamper Studio Zentral
Une scène du film «Sound of Falling» de Mascha Schilinski
Chacune à son époque, trois des protagonistes fantasmeront leur propre mort, tandis qu’une quatrième mettra fin à ses jours.
L’ensemble des segments se déroulant en été, la facture est solaire, éthérée, comme dans un rêve (ou comme dans un film de Sofia Coppola : on sent dans les parties plus récentes l’influence de The Virgin Suicides/Cri ultime). Or, avec cette mort qui rôde, cela autant lors d’une veillée funèbre que dans les jeux d’enfants, le film dégage en permanence une atmosphère funeste. Plusieurs images frappent l’imaginaire.
Il est toutefois certains éléments narratifs inaboutis (la présence de deux oncles amputés à deux époques dans deux des périodes historiques, les relents d’inceste). Le volet campé à l’aube de la Première Guerre mondiale, vu à hauteur d’enfant, est le plus réussi (et le plus visuellement ambitieux), et celui ayant pour cadre le présent l’est le moins.
À terme, on reste avec une vague impression de confusion, comme si on essayait de voir à travers l’eau limoneuse de la rivière qui jouxte la ferme. Ou plutôt, c’est comme si Mascha Schilinski, dans ce portrait en quatre temps, n’était parvenue à capter que la part évanescente des personnages et des événements, comme la mère sur la photo de la fillette trépassée. Il reste les fantômes, il reste le flou. C’était peut-être voulu, après tout.
François Lévesque est à Cannes à l’invitation du Festival et grâce au soutien de Téléfilm Canada.