NE LAISSER PAS LE 5G DETRUIRE VOTRE ADN Protéger toute votre famille avec les appareils Quantiques Orgo-Life® Publicité par Adpathway
C’est avec allégresse, et un brin de surprise, que l’on retrouve cette année l’irrévérencieux spectacle britannique Sophie’s Surprise 29th — présenté l’an dernier sous un chapiteau — au studio-cabaret de l’Espace Saint-Denis, toujours inclus à la programmation du festival Montréal complètement cirque. Car le contraste est marqué entre la coquetterie du lieu et l’inélégance des personnages, prolétaires un peu rustres, qui célèbrent leur amie en décochant des sacs de croustilles à l’assistance, arborant survêtements, casquettes, collants troués et dégainant un léger mais savoureux accent aux sonorités cockney.
Plutôt que le vingt-neuvième printemps de Sophie — une spectatrice appelée à prendre part à l’action —, ce pourrait bien être un dix-neuvième anniversaire qui se trouve souligné tant les protagonistes, archétypaux, rappellent l’adolescence… et les œuvres cinématographiques destinées à ce public. Il y a, entre autres, le sentimental gothique — qui lira un extrait de sa fanafiction érotique inspirée de la série Twilight —, le bellâtre grossier, le laideron, qui se métamorphosera en canon en se délestant de ses brunâtres et inesthétiques oripeaux et en troquant une masse informe de cheveux foncés contre une jolie tignasse platine. Se joindra à cette fantasque bande un butor québécois, interprété par un artiste local, Jean-Philippe Deltell.
Photo: IG Photography Ltd
Une scène du spectacle «Sophie’s Surprise 29th»
L’intégration de ce membre temporaire à la troupe des Three Legged Race Productions s’avère légèrement moins convaincante que ce dont on a pu être témoin l’an dernier. L’électrisant numéro de vélo acrobatique sur la ritournelle Bonjour la police de RBO apportait considérablement à l’ensemble. Ici, la jonglerie et la corde à danser s’ajoutent avec moins d’éclat à une suite de performances par ailleurs de haut niveau. Autre raison pour laquelle qui n’a pas vu le spectacle en 2024 l’appréciera davantage cette année puisque la comparaison sera exclue de l’équation : Isis Clegg-Vinell, en congé de maternité, a dû céder sa place auprès de son partenaire Nathan Price — tous deux fondateurs, avec Katharine Arnold, de la compagnie — pour le numéro de patin à roulettes le plus époustouflant qu’il nous ait été donné de voir. Notons néanmoins que si la prestation n’a pas tout à fait la même fluidité, Emily McCarthy fait tout de même preuve d’une souplesse et d’une hardiesse qui laissent pantois.
À travers tout ce bienheureux tohu-bohu de blagues, de karaoké, de jeu-questionnaire musical, parviennent à émerger quelques enchaînements alliant la grâce à la vigueur, dont celui, presque onirique, de Kyran Lee Walton à l’équilibre sur cannes et celui, vibrant, de Cornelius Atkinson aux sangles. Or la chorégraphie finale, mariant le trapèze au main à main, où McCarthy transite des bras d’un collègue à ceux d’un autre, ravit par sa singularité, sa précision, son audace, sa théâtralité et sa beauté. Il permet aux spectateurs de sortir de la salle avec le même sourire béat que celui qu’ont dessiné sur leurs visages les impayables artistes de Sophie’s Surprise 29th avant même que le spectacle ne débute véritablement, alors qu’ils se mêlaient à la foule en partageant conversations, friandises et, bien sûr, leur imparable humour.