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FIGAROVOX/TRIBUNE - Nice accueillera la conférence de l’ONU sur l’océan à partir de ce 9 juin. L’ancien porte-parole du WWF, Arnaud Gilles, espère que la France plaidera pour réserver les zones protégées, puis les eaux territoriales les plus proches des côtes, à la petite pêche artisanale.
Arnaud Gilles, spécialiste des politiques de l’environnement et ancien porte-parole du WWF.
Lutte contre la pollution plastique, protection des fonds marins menacés d’exploitation minière, décarbonation du transport maritime. À quelques jours de l’ouverture, à Nice, de la troisième conférence de l’ONU sur l’océan, la diplomatie française se mobilise sur tous les fronts, à une exception près : la pêche. Alors que le sommet de Nice relance le débat sur l’interdiction du chalut dans les aires marines protégées, la France pourrait saisir cette occasion pour clarifier, une bonne fois pour toutes, un niveau de protection plancher garanti dans tous les espaces protégés. Et réconcilier la pêche et l’écologie, en réservant les zones protégées à la petite pêche artisanale, plus respectueuse de l’environnement et créatrice d’emplois.
Si les jardins à la française sont, partout dans le monde, réputés pour leur tracé géométrique et strictement ordonné, les aires marines protégées à la française représentent peut-être tout l’inverse : alors qu’elles couvrent plus de 30 % de l’espace maritime français, les 560 aires marines françaises recouvrent une telle diversité de situations qu’elles offrent une vitrine pour le moins confuse et désordonnée, et un niveau de protection environnementale très variable.
Des techniques de pêche destructrices, telle que le chalut de fond industriel, y sont autorisées et largement pratiquées : en 2022, les chalutiers de fonds les plus imposants de la flotte française y ont passé plus de 30 % de leur temps de pêche et extrait un quart de leur production en valeur, d’après les services de la Commission européenne. Et quand elles encadrent les pratiques de pêche sur place, les aires protégées voient parfois leurs objectifs contrariés par une politique nationale qui laisse encore trop de place à la surpêche : en 2023, plus de 20 % des pêches françaises provenaient de populations de poissons surexploitées voire complètement effondrées, comme le merlu de Méditerranée ou le lieu jaune dans la Manche. En plus d’instiller un doute sur les efforts réellement consentis par la France pour protéger ses mers, ce brouhaha réglementaire empêche le développement des filières d’avenir.
Le gouvernement pourrait réserver progressivement les zones protégées, puis les eaux territoriales les plus proches des côtes, à la petite pêche artisanale. L’océan, y gagnerait
Alors que la conférence de l’ONU sur l’océan promet de relancer le débat sur l’interdiction du chalut dans les zones protégées, la France a l’opportunité de clarifier, une bonne fois pour toutes, un niveau de protection plancher, garanti dans toutes ses aires protégées. Pour y parvenir, le gouvernement pourrait réserver progressivement les zones protégées, puis les eaux territoriales les plus proches des côtes, à la petite pêche artisanale. L’océan, y gagnerait : les méthodes de pêche artisanales - filets, casiers et lignes - ont un meilleur impact environnemental. D’après le récent rapport TransiPêche sur la transition des pêches françaises, elles permettraient même d’assurer la majorité des captures aujourd’hui réalisées au chalut, mais sans la destruction collatérale des fonds marins. L’économie, aussi, en sortirait gagnante : la pêche artisanale représente plus de 80 % des navires français et 60 % de l’emploi français à la pêche.
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Initié à l’Assemblée et au Sénat par les propositions du député Jimmy Pahun et de la sénatrice Mathilde Ollivier, ce débat sur l’avenir de la pêche aura aussi lieu à Nice. Ce ne sera pas la première fois que pêcheurs et écologie partagent des combats : frappée de plein fouet par le naufrage de l’Erika au large de la Bretagne, la filière ostréicole a mis plus de six ans à s’en remettre. En Méditerranée, les pêcheurs sont aujourd’hui inquiétés par l’invasion de crabes bleus, arrivés d’Amérique par le trafic maritime, qui sectionnent leurs filets. En Méditerranée encore, le thon rouge, après avoir frôlé la disparition, se refait une santé, grâce aux efforts consentis par les pêcheurs ces dernières années. Pêcheurs et écologie partagent aussi des victoires, quand ils y sont encouragés.