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Soigner est et doit rester un acte politique

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Tu es « devenue trop politique », me lance une collègue alors que je lui parle de la faillite humaine du système éducatif et de la néolibéralisation du système de santé.

Je devrais me cantonner au soin, me rappelle-t-on. Mais qu’est-ce que signifie le fait de soigner, alors ?

Le médecin est-il l’agent d’une pratique ultraspécialisée, déshumanisée, une médecine dite d’organes où chacun ne se concentre que sur son « petit bout d’humain » — pour moi, donc, l’espace intersynaptique, dans une vision biomédicale qui considère que le trouble mental serait un débalancement neurochimique ?

Soigner serait, par conséquent, individualiser le problème et rendre le patient responsable de sa bonne santé — ou coupable de sa maladie ? Cela sonne étrange à mes oreilles, mais sonne sans doute familier à qui maîtrise les codes du langage économique néolibéral. Nous serions, selon cette logique, responsables de « faire notre bonheur », dans une amélioration permanente de la version de nous-mêmes. Et quand nous échouons, c’est par notre faute.

Dans mon bureau, je ne vois pourtant pas de « faillites » et d’« échecs » individuels, même si on me demande régulièrement de dire que c’est l’enfant qui défaille (ou plutôt son cerveau, en fait).

Mes patients ne fonctionnent pas tout seuls, ils sont interdépendants, dans et avec les systèmes qui les entourent. Cette interdépendance les nourrit, mais elle peut aussi leur nuire, les blesser, voire les détruire.

Et c’est ce que je constate depuis plus de 20 ans de pratique : les systèmes autour des enfants leur sont devenus extrêmement nuisibles et inadaptés. Inadaptés à la réalité de ce qu’est un enfant en 2025, de ce qui l’entoure, le « nourrit », de ce dont il est privé (de liens avec l’adulte, de liens avec le vivant).

L’enfant d’aujourd’hui n’est plus celui d’il y a 20 ans. Les systèmes qui « prennent soin » de lui, eux, n’ont pas changé et font comme s’il fallait continuer à faire entrer ces enfants dans leur fonctionnement devenu désuet.

De fait, oui, M. Drainville, il existe de plus en plus d’enfants « à besoins ». Mais ce que leur présence croissante révèle, et on ne cesse de le répéter, c’est que c’est le système éducatif qui a besoin indéniablement et urgemment d’une réforme, pas eux. Une réforme complète, courageuse, audacieuse, basée sur les connaissances précises des besoins de l’enfant d’aujourd’hui et en adéquation avec les défis inhérents à son époque.

Il est révolu, le temps d’une école qui forme de petits pions soumis, futurs candidats à un néolibéralisme destructeur qui entraîne notre propre perte.

Alors, oui, soigner, c’est aussi refuser de conclure, comme vous le faites, M. Drainville, que les « besoins des enfants deviennent infinis ». C’est plutôt pointer précisément les responsabilités systémiques.

Soigner, c’est aussi dénoncer les inégalités vis-à-vis des populations les plus vulnérables en santé. M. Dubé, c’est refuser votre sémantique économique qui parle de clients, de gestionnaires et de médecine performante qui privilégie le nombre de patients vus par jour plutôt que la qualité du soin.

Soigner, c’est remettre en question les priorités de ce système qui aime les « belles » interventions de crise en aval, qui sont visibles (pour bien paraître auprès des électeurs) et qu’on peut quantifier pour les statistiques, mais qu’on aurait pu éviter.

Soigner, c’est dire que beaucoup de nos patients n’ont pas le luxe de ces « saines habitudes alimentaires » dont on leur rebat les oreilles, car chaque mois ils ne savent pas quoi prioriser pour survivre. C’est dire la réalité de ces gamins qui arrivent le ventre vide à l’école…

Soigner, c’est dévoiler les angles morts de nos dirigeants. C’est leur dire et leur redire sans relâche leur déconnexion du terrain, jusqu’à ce qu’ils daignent y descendre et nous entendre.

De tout temps et partout, des médecins se sont levés pour dénoncer la souffrance humaine dont ils étaient les témoins « privilégiés ». Certains ont fait le choix de ne pas entretenir de mascarade.

Soigner est donc, oui, éminemment politique, ou alors nous devenons complices par notre silence. Je refuserai toujours ce silence. Je le dois à mes patients, à mes enfants.

C’est ma désobéissance, mon acte de foi, ma mission. Dans le monde actuel, un médecin ne peut malheureusement pas être « trop politique ».

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