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Six soignants racontent pourquoi ils feront grève le 7 juillet : “Je veux soigner dignement, pas chronométrer mes patients”

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Des témoignages recueillis par Edouard Haumont, médecin spécialiste

Ce ne sont plus uniquement les médecins, mais bien l'ensemble des soignants qui se retrouvent aujourd'hui dans le viseur de la politique de Frank Vandenbroucke. Pour la première fois, une prise de conscience collective émerge et s'organise, notamment sur les réseaux sociaux. En à peine deux semaines, un groupe informel, né de l'initiative d'une professionnelle de santé, a rassemblé près de 8500 membres : médecins, kinésithérapeutes, logopèdes, infirmiers, sages-femmes, dentistes… Son nom : Union Belge des Prestataires de Soins.

Ce mouvement dépasse les clivages syndicaux traditionnels. Il se veut unitaire, horizontal et représentatif de tous les prestataires de soins, pour exprimer un ras-le-bol généralisé face à la dévalorisation continue de leurs professions et à une politique de santé qu'ils jugent idéologique, unilatérale et déconnectée du terrain. Cette union interprofessionnelle permet aussi de donner une voix aux professions moins représentées, souvent oubliées des concertations.

Pourquoi la réforme Vandenbroucke met le secteur de la santé en ébullition

Ensemble, ce groupe apolitique réclame une réforme construite avec les acteurs de terrain, et non imposée par des cabinets ministériels et leur vision d'étatisation de la santé. Ces prestataires de soins vous expliquent aujourd'hui pourquoi ils feront grève le 7 juillet prochain, et ce qu'ils craignent pour leurs patients et ainsi que pour l'avenir du système de santé belge.

Olivier Otte, Dentiste

"Je suis dentiste à Arlon, passionné par mon métier. Comme 53 %* de mes confrères en province du Luxembourg, je suis totalement déconventionné, 11,5 % de mes autres confrères sont partiellement déconventionnés. Non pas par appât du gain, mais pour garantir des soins humains, optimaux, avec du personnel formé, du matériel de qualité et une organisation digne de nos patients.

Aujourd'hui, je suis profondément inquiet. La réforme du conventionnement, portée sans concertation réelle, va accélérer la fuite des soignants vers le Luxembourg (Pays), où les conditions sont plus attractives. Un quart des dentistes de la province partira à la retraite dans les cinq prochaines années, et cette réforme pourrait bien les pousser à partir encore plus tôt. Ce projet de loi va provoquer des départs anticipés de la profession.

Il va diminuer la qualité des soins par manque de moyens et d'investissements, accentuer la pénurie médicale dans une région déjà en souffrance, et créer un bain de sang social avec la perte des emplois de nos assistantes, secrétaires et collaborateurs.

J'ai investi plus de 50.000 euros dans des formations universitaires complémentaires de 4 ans, en plus de 6 années d'études, et je demande simplement que mon engagement, mon expertise et mon travail soient reconnus.

Nous rejetons cette réforme en bloc. Elle est déconnectée du terrain, de la réalité des patients, et elle menace directement la santé publique dans nos régions. Ce sont nos patients qui en paieront le prix."

*(Statistiques issues du cadastre des dentistes réalisé par la province de Luxembourg – 2024)

Morgan Moucheron, Médecin généraliste

En tant que médecin généraliste conventionné, je redoute l'avant-projet de loi-cadre du Ministre Vandenbroucke. Plusieurs dangers sont à souligner : violation du secret médical, perte de liberté des patients et du praticien, diminution de la qualité et de l'accessibilité des soins… Il sera encore plus compliqué de trouver des rendez-vous rapidement chez les spécialistes. Le Ministre cherche in fine à protocoliser la médecine et à empêcher une pratique humaine, personnalisée et accessible.

Emmanuelle Jacques, Logopède

Si ce projet passe, il y aura des répercussions importantes pour nos patients et pour nous, les logopèdes. Nous verrons notamment les délais d'obtention des prescriptions médicales exploser. Vu la raréfaction des médecins prescripteurs, ces délais passeront d'"inconvenables" à "parfaitement intenables", ne permettant plus aux patients de bénéficier du remboursement de leur bilan logopédique dans les délais impartis.

"La réforme Vandenbroucke met en péril l'équilibre complet du système de soins de santé"

La seule mesure que je considère comme indispensable dans cet ensemble de propositions incohérentes est la suppression de la discrimination actuelle en matière de remboursement (sanction de 25 %) pour les patients qui consultent les logopèdes/kinésithérapeutes/sages-femmes déconventionnés. En effet, ces patients sont pénalisés et sont moins bien remboursés par leur mutuelle si leur prestataire de soins n'est pas conventionné. Cette discrimination est une atteinte aux droits fondamentaux du patient, comme l'a confirmé le Conseil d'État.

Enfin, autre point évoqué dans l'avant-projet, des modifications de nomenclature pourront désormais être imposées unilatéralement par le pouvoir politique, sans la moindre validation par nos instances professionnelles, reléguées à un rôle purement consultatif. Je considère cela comme absolument inacceptable dans un état de droit.

Maria Iglesias, Sage-Femme

Avec la réduction de la durée des séjours à la maternité, les familles rentrent rapidement à domicile (48h-72h). Cette sortie précoce implique un suivi rapproché et immédiat, qui repose sur une disponibilité constante de la sage-femme libérale, avec des charges mentale et logistique importantes : déplacements, coordination interprofessionnelle, gestion des urgences. Pourtant, le système de remboursement ne reconnaît ni la complexité, ni l'intensité de ce travail. La nomenclature INAMI actuelle sous-évalue nos prestations, et ne prend pas en compte la réalité du terrain (nous prenons en charge deux patients, la mère et le nouveau-né, pour le prix d'un). Cela met en péril la qualité de l'accompagnement postnatal et l'équilibre des sages-femmes. Face à ce décalage entre les besoins des familles et la réalité du terrain, j'ai choisi de me déconventionner. Ce choix me permet d'offrir un accompagnement plus juste, plus complet, préserve ma santé et m'assure un revenu décent.

Julie Warnij, Kinésithérapeute

Je suis kiné, et j'ai toujours pris 30 minutes par patient, parfois plus lors d'une première séance, en gériatrie ou en pédiatrie. C'est un vrai temps d'écoute, de bilan, d'ajustement.

J'ai déjà dû renoncer aux soins en maison de repos, limités à 20 minutes. Avec cette réforme, je ne pourrai plus adapter mes séances : seuls 25 % de supplément seront autorisés.

Je devrai alors travailler bénévolement… ou réduire mon activité. Sinon, je serai contrainte de me réorienter vers une pratique de soins qui se rapproche de mon métier mais qui sera non reconnue par l'INAMI, sans remboursement pour mes patients, mais qui me permettrait de conserver une liberté thérapeutique.

Je veux soigner dignement, pas chronométrer mes patients.

Edouard Haumont, Médecin spécialiste

Personnellement, le déconventionnement partiel me permet d'allouer une partie de ma semaine à la chirurgie dans un hôpital non conventionné de proximité, tout en réalisant les gestes d'hyperspécialisation dans un centre universitaire tertiaire adapté. Après treize années d'études, de sacrifices et de résilience pour apprendre à soigner, j'aimerais pouvoir exercer pleinement la spécialité pour laquelle j'ai été formé – sans que cela me soit empêché par une politique de rationalisation mal pensée.

Le projet de loi sur la médecine libérale rompt un équilibre déjà fragile

Comme moi, de nombreux collègues ont une pratique mixte, partiellement déconventionnée, permettant d'assurer des consultations de proximité, souvent en soirée ou le week-end, tout en poursuivant leur activité hospitalière (conventionnement imposé), scientifique ou académique. Elle constitue un levier essentiel pour garantir la disponibilité locale des prestataires, y compris dans des zones moins bien desservies.

Supprimer le déconventionnement partiel, sans revalorisation massive, risque d'entraîner une vague de déconventionnements complets, creusant davantage le fossé entre médecine libérale et médecine d'État. Cette mesure pourrait être le point de bascule vers des soins de santé à deux vitesses, où certains patients perdraient l'accès à des professionnels aujourd'hui encore disponibles pour tous.

Plutôt que d'empêcher la médecine libérale, misons sur la transparence, la qualité et une meilleure coordination des soins.

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