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Pédiatre, Simon Renucci a exercé les fonctions de maire d’Ajaccio de 2001 à 2014, ainsi que celles de député de la Corse-du-Sud de 2002 à 2012, en étant apparenté au groupe socialiste. Dans un contexte actuel marqué par l'accentuation des déserts médicaux, il préconise, dans une tribune, la création d’un statut de praticien de proximité, afin de renforcer l’offre de soins et de garantir un meilleur accès à la santé dans les territoires les plus isolés.
Dans un village isolé du centre de la France, une femme âgée attend depuis des semaines une consultation médicale. Le médecin du secteur est parti à la retraite, et personne n’est venu le remplacer. Ailleurs, en ville, un salarié est contraint de poser une demi-journée de congé pour se faire soigner, faute de pouvoir obtenir un rendez-vous dans des délais acceptables. Ces scènes ordinaires ne relèvent pas du fait divers : elles incarnent la réalité quotidienne de millions de Français confrontés à un accès restreint aux soins.
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La question des déserts médicaux dépasse désormais les territoires ruraux. Elle touche aussi les villes moyennes, les périphéries urbaines, les quartiers populaires. Elle nous oblige à repenser non seulement la répartition géographique des professionnels de santé, mais aussi les fondements mêmes de notre modèle de soin. Car la situation actuelle n’est pas simplement conjoncturelle. Elle s’inscrit dans une dynamique de long terme, marquée par le vieillissement de la population, le déficit chronique de la protection sociale, la raréfaction des vocations médicales, et un endettement public qui bride les marges de manœuvre.
Une France solidaire menacée
Pourtant, la France dispose d’un atout considérable : un système fondé sur la solidarité, qui garantit une prise en charge des soins et la liberté du choix du médecin. Ce modèle est précieux. Mais il est fragile. Il appelle des réformes ambitieuses, guidées non par des slogans ou des automatismes technocratiques, mais par une vision collective, concrète et durable.
En 2022, le gouvernement a lancé la stratégie « Ma Santé 2022 » pour mieux organiser la réponse aux besoins de santé sur les territoires. Des actions ont été engagées : développement des maisons de santé pluridisciplinaires, appui aux centres de santé, structuration des communautés professionnelles territoriales. Mais les écarts persistent. Les solutions ne suffisent pas à enrayer la spirale du renoncement aux soins. Il faut aller plus loin. C’est pourquoi nous proposons la création d’une nouvelle filière : celle du praticien libéral de proximité. Ce parcours structuré viserait à identifier des étudiants motivés dès leur première année, à les intégrer à la vie hospitalière dès la deuxième année dans des missions rémunérées, puis à les former à exercer dans les zones sous-dotées à partir de la cinquième année, comme remplaçants encadrés.
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Ce cursus reposerait sur un contrat d’engagement avec l’université et les collectivités territoriales, associant responsabilité et accompagnement. Les praticiens bénéficieraient d’un cabinet équipé, d’un secrétariat partagé, d’un appui infirmier, et d’un lien étroit avec les services hospitaliers locaux. Ils disposeraient de droits comparables à ceux des autres agents publics : congés payés, formation continue, accompagnement du conjoint, évolutions de carrière.
Penser global, agir local
Pour les patients, la transparence et la qualité seraient garanties par un dossier médical numérique, une charte éthique signée par le soignant, et l’application du tarif opposable. Une telle réforme ne pourra aboutir qu’à la condition de mobiliser l’ensemble des acteurs : professionnels de santé, élus locaux, institutions, citoyens. Elle suppose une vision claire : penser global, agir local. Redonner envie aux jeunes de s’engager dans des carrières médicales là où le besoin est le plus criant. Offrir une médecine de qualité, de proximité, humaine et durable.
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Après cinq ans d’exercice dans les déserts médicaux, le praticien de proximité pourra choisir librement parmi cinq nouvelles possibilités professionnelles :
1‑ de continuer à exercer au même endroit avec le même statut
2- de s’installer dans la région de son choix avec les mêmes modalités d’exercice.
3- de devenir spécialiste et d’intégrer à mi-chemin (dès la troisième année) le cursus de la spécialité dans le service choisi où il a effectué les vacations avec contrôle et examen final ou comme CES (certificats d’études de spécialité) avec liberté de choix du lieu d’exercice.
4- intégrer le service hospitalier de médecine générale où il a effectué les vacations et préparer le concours de praticien hospitalier (qui existe actuellement) pour ensuite postuler et choisir selon les places disponibles.
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5- postuler pour des postes administratifs après concours (médecin de la Sécurité Sociale) mais aussi comme expert médical auprès des tribunaux ou des assurances. Pour cette dernière option, il pourra, dans les sept ans qui suivent, revenir et choisir un poste de praticien de proximité.
Le serment d’Hippocrate nous rappelle que « les yeux du médecin ne doivent voir que le malade ». Ce principe ancien demeure une boussole. Il invite à reconstruire un système de soin fidèle à ses valeurs fondatrices : égalité, solidarité, dignité. Retrouver ce cap, c’est sortir du labyrinthe. Et renouer, tout simplement, avec l’esprit de la République.