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À Ninove, le 13 octobre 2024, la voix des électeurs a été plus forte que le cordon sanitaire. La liste d'extrême-droite Forza Ninove, tirée par Guy D'haeseleer de Forza Ninove, y a obtenu une majorité des sièges (18 sur 35). Le soir du scrutin, Guy D'haeseleer savourait sa victoire. Fort de ses 8 552 voix de préférence, rien ne l'empêchait de devenir le premier bourgmestre d'extrême-droite de Flandre depuis la Seconde Guerre mondiale.
Devant une salle bondée de militants d'extrême-droite, il s'est exclamé : "Le cordon sanitaire est définitivement jeté à la poubelle".
Conseiller communal depuis près de trente ans, Guy D'haeseleer a axé sa campagne sur la sécurité. Il a aussi promis de contrer la francisation de sa ville. Son parti proposait même de réserver certains avantages sociaux et les logements sociaux aux personnes qui parlent néerlandais.
Des changements commencent à se marquer. Ce qui n'enchante pas tous les habitants. "Ninove est une ville où il fait bon vivre. Dommage qu'on nous interdit de parler une autre langue que le néerlandais dans les administrations publiques", se désole Camille, née à Bruxelles, et qui habite à Ninove depuis 15 ans ainsi que son fils Aissam, étudiant, qui parle couramment quatre langues.
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Francis Stevens, un éducateur à la retraite qui a travaillé pendant longtemps à Bruxelles, pointe aussi des changements. "La nouvelle administration communale est obsédée par le budget. La ville a supprimé les subsides de l'ASBL Natuurpunt, association de protection de la nature en Flandre et à Bruxelles. Ninove a aussi renoncé à son label de "commune Fair Trade" en affirmant que les subsides pour cette initiative peuvent alimenter des projets locaux plutôt que de donner de l'argent à des pays en voie de développement", commente-t-il.
Mais ce n'est pas tout. "Un projet citoyen à l'attention de non-néerlandophones (cours de langues) est passé à la trappe. La culture woke est bannie. Ainsi, Forza interdit de hisser le drapeau LGBTQIA + sur la façade des lieux publics. La ville a privé plusieurs ASBL de subventions, mais elle n'a toujours pas approuvé son budget pour cette année. Forza Ninove avait promis d'augmenter les salaires du personnel soignant dans les résidences pour personnes âgées. Rien. C'est écœurant !" s'exclame notre interlocuteur qui dénonce le regain de racisme envers les personnes issues de l'immigration.
C'est la nouvelle normalité à Ninove ? Francis Stevens insiste : "Oui, c'est exactement cela, la nouvelle normalité. C'est violent !"
L'insécurité, est l'un des thèmes favoris du parti extrémiste ? "Clairement, d'ailleurs ils mettent de paquet. Le nombre de policiers dans les rues de la ville impressionne. Récemment, un convoi de 12 combis police a quadrillé l'athénée, c'était exagéré. Trois personnes ont été emmenées au poste, dont deux sans-papiers. Aucun écolier. Cette mobilisation policière ne se justifie pas. J'habite avec ma femme près de la gare et j'ai une vue sur la place où sont garés les bus. Notre fille habite dans les environs. Des écoliers passent là tous les jours. Je n'ai jamais vu d'incident majeur lié à la consommation de stupéfiants dans notre quartier", appuie notre source.
"Il ne faut pas exagérer, pose Glenn Scheerlinck, jeune cadre dans une firme pharmaceutique, l'insécurité n'augmente pas dans notre ville. Le souci, c'est le fossé qui se creuse toujours plus entre les aînés et les jeunes de moins de 20 ans."
Le parti d'extrême-droite a-t-il polarisé les opinions ? "C'est le moins que l'on puisse dire. Le parti surfe sur cette vague de l'exclusion sociale en prônant le repli sur soi et sur l'identité flamande qu'il convient de muscler. Il y a 30 ans, Guy D'haeseleer a injecté un poison tuant Ninove à petit feu, déclarant la guerre aux criminels de Bruxelles", fulmine l'ancien éducateur.
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Aujourd'hui, le bourgmestre de Ninove se remet d'une transplantation hépatique. Dans la ville, son absence prolongée comme bourgmestre semble mettre en difficulté les membres de son propre parti. Francis Stevens : "D'haeseleer est un profil atypique au sein de son parti. Il sort du lot car il est le seul à contrôler la situation. Il profite de son aura pour imposer ses convictions. Il prêche le repli sur soi, et cela marche. Il a aussi un côté social. Au café Vlaams Huis, la bière "Guy" coule à flots. Ses fans croient tout ce qu'il dit surtout quand il parle de l'insécurité due aux petits voyous venus de Bruxelles… Que des mensonges ! C'est tout le contraire ici. Les gens parlent le néerlandais et le français, sans hésitation."
Le collège échevinal, privé de son bourgmestre aujourd'hui, peine-t-il à diriger la ville ? Lutgarde (nom d'emprunt) : "Les échevins du Belang ne respectent même pas les procédures administratives. On les sent maladroits, perdus même. Il fallait désigner une personne pour remplacer Guy D'haeseleer à la présidence du Conseil communal durant sa convalescence. Cela s'est mal passé. L'échevin de la mobilité Dany Goessens et son collègue de l'aménagement du territoire Werner Somers se disputent la fonction symbolique. Le conseil communal n'a pas pu trancher la question parce que le nombre de signatures requises était insuffisant", se désole notre interlocutrice.
Optimiste pour Ninove ? Francis Stevens : "Forza Ninove se sait observé de très près. Le parti veille à ne pas basculer dans l'illégalité mais il essaie d'aller le plus loin possible quand même. Mais les habitants qui ont acheté une maison ou un appartement ici ne quitteront pas la ville pour autant. Je suis réaliste. Si Guy D'haeseleer ne revient pas, il y a fort à parier que le parti volera en éclats. Car Forza, c'est Guy D'haeseleer, sans lui tout s'écroule. Imaginez la N-VA sans Bart De Wever… c'est la même chose", analyse Francis Stevens.
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