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Shannon Seban : «En République, nul ne devrait choisir entre son identité et son appartenance à la nation»

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FIGAROVOX/ENTRETIEN - Communautarisme religieux, manipulation de l’antisémitisme, instrumentalisation du frérisme... Dans son nouveau livre, l’élue Renaissance Shannon Seban regrette l’effritement de l’universalisme républicain.

Shannon Seban est conseillère municipale Renaissance de Rosny-sous-Bois. Elle vient de publier Française et juive, et alors ? (L’Observatoire, 2025).


LE FIGARO.- Votre livre évoque en premier lieu le besoin de «retrouver du commun », à l’heure où, selon vous, La France insoumise et le Rassemblement national font du clientélisme identitaire. Comment réussir à faire émerger un sentiment d’unité dans une France qui n’a jamais été aussi fragmentée ?

Shannon SEBAN.- Nous vivons une époque marquée par un repli sur soi et par la remise en cause croissante de l’universalisme républicain, de plus en plus concurrencé par des logiques d’appartenance identitaire. Ce cadre commun, censé transcender les appartenances culturelles, religieuses ou communautaires, est affaibli par les extrêmes, qu’ils soient politiques ou religieux. À gauche, certains courants tendent à réduire les individus à leur origine ou à leur religion, au nom de combats qui fragmentent la société au lieu de l’unir. À droite, d’autres nourrissent un discours excluant, fondé sur une vision figée et restrictive de l’identité nationale.

Dans le même temps, certains mouvements religieux extrémistes contribuent également à cette fragmentation. Les Frères musulmans, par exemple, s’emploient à faire croire que l’Occident serait une menace pour l’islam. Cette rhétorique est non seulement trompeuse, mais dangereuse. La laïcité, telle qu’elle est définie en France, n’est pas un instrument dirigé contre les religions : elle garantit au contraire la liberté de conscience, le respect de toutes les croyances et la neutralité de l’État.

Les extrêmes exploitent ces divisions pour attiser les tensions et miner le débat public. Face à cela, il est essentiel de réaffirmer la laïcité comme un principe protecteur, situé au-dessus des croyances, garantissant à chacun la liberté de croire ou de ne pas croire, dans le respect des autres. Retrouver du commun, c’est refuser une société morcelée en communautés repliées. Dans la République, nul ne devrait avoir à choisir entre son identité — religieuse, culturelle ou autre — et son appartenance à la nation. L’unité ne suppose pas l’effacement des différences, mais leur dépassement dans un cadre partagé, fondé sur les valeurs républicaines.

Le hashtag FreePalestine, qui a parfois servi à légitimer les crimes du Hamas, à travers la diffusion d’images truquées ou sorties de leur contexte, générant des milliers d’interactions

Dans quelle mesure les médias et les réseaux sociaux contribuent-ils, selon vous, à banaliser ou à amplifier ce type de stratégie électorale ?

Les réseaux sociaux jouent un rôle préoccupant dans la propagation de la haine en ligne. Ils facilitent la diffusion de contenus violents ou discriminatoires, tout en renforçant un sentiment d’impunité chez leurs auteurs. Ce sentiment s’aggrave à mesure que les sanctions tardent à être appliquées et que les grandes plateformes peinent à faire respecter leurs propres règles. Ce manque de régulation crée un terreau favorable à la circulation de discours extrémistes, qui se diffusent avec une rapidité et une efficacité déconcertantes.

Il est également nécessaire de souligner les manquements en matière de neutralité, tant des réseaux sociaux que de certains médias. Le fonctionnement de ces plateformes repose avant tout sur des logiques d’attention, favorisant les contenus émotionnels, polarisants, souvent au détriment de l’exactitude et de la nuance. La diffusion de fausses informations est ainsi facilitée, notamment lorsque ces contenus servent des récits simplistes ou clivants, souvent exploités par des forces politiques cherchant à diviser.

Un exemple récent en est l’usage massif du hashtag #FreePalestine, qui a parfois servi à légitimer les crimes du Hamas, à travers la diffusion d’images truquées ou sorties de leur contexte, générant des milliers d’interactions. Ce type d’amplification contribue à banaliser les discours extrémistes et à les rendre plus acceptables aux yeux d’une partie de l’opinion. Et les répercussions, dans la « vie réelle » de ces propos tenus en ligne ne sont pas négligeables.

Le clientélisme électoral que La France insoumise entretient est un scandale. C’est précisément lorsque la critique de l’État d’Israël se transforme en propos hostiles à l’égard des Juifs dans leur ensemble que la frontière avec l’antisémitisme est franchie

Face à cette réalité, il est urgent de renforcer l’éducation à l’esprit critique. Cela passe par la déconstruction des préjugés, l’apprentissage du traitement de l’information et le développement de compétences en matière de discernement, dès le plus jeune âge. L’école doit être un lieu central de cette prévention. Des actions concrètes, telles que l’intervention d’associations spécialisées dans les établissements scolaires, doivent être soutenues et généralisées. Elles permettent de sensibiliser les élèves, de leur offrir des repères et de leur donner les outils nécessaires pour faire face à la haine et aux discriminations. La prévention reste la réponse la plus durable et la plus efficace face à la montée des discours de haine. C’est par l’éducation que l’on peut construire une société plus lucide, plus unie et plus résiliente face aux dérives numériques.

Vous affirmez que LFI instrumentalise l’antisionisme à des fins antisémites. Comment établir une distinction claire entre une critique légitime de la politique israélienne et un discours qui glisse vers l’antisémitisme, surtout depuis le 7 octobre ?

La critique d’un gouvernement, qu’il s’agisse d’Israël ou de toute autre démocratie, est parfaitement légitime. Elle fait partie du débat public et du droit à l’expression. Mais lorsque l’antisionisme nie le droit d’Israël à exister ou qu’il assimile le sionisme à une idéologie malveillante ou complotiste, une ligne rouge est franchie. Les actions de l’armée israélienne, quelles qu’elles soient, n’engagent en rien la responsabilité des juifs du monde entier. Pourquoi, alors, les juifs de France devraient-ils être pris à partie à chaque flambée de violence au Proche-Orient ? Ce glissement est inacceptable.

Certaines formations politiques, comme La France Insoumise, portent une part de responsabilité lorsqu’elles entretiennent un discours ambigu. En banalisant l’antisionisme ou en reprenant, même indirectement, certains stéréotypes historiquement liés à l’antisémitisme, elles contribuent à entretenir une confusion dangereuse. Le clientélisme électoral que La France insoumise entretient est un scandale. C’est précisément lorsque la critique de l’État d’Israël se transforme en propos hostiles à l’égard des Juifs dans leur ensemble que la frontière avec l’antisémitisme est franchie. Ce glissement, trop souvent ignoré ou relativisé, doit être clairement identifié et fermement sanctionné.

À lire aussi La France insoumise et les islamistes : l’histoire secrète d’une alliance politique

Vous évoquez le repli de certaines familles juives vers l’enseignement privé. Le système éducatif public français a-t-il selon vous échoué à sa mission d’intégration et de protection face aux discriminations ?

Lorsque l’école publique n’est plus en mesure de garantir un climat de sécurité à ses élèves, en particulier ceux de confession juive, c’est l’ensemble du pacte éducatif républicain qui vacille. De plus en plus d’enseignants témoignent de leur difficulté à aborder certains sujets en classe, parfois par peur pour leur propre sécurité. Depuis l’assassinat des professeurs Samuel Paty en 2020 ou de Dominique Bernard en 2023, cette inquiétude s’est profondément enracinée. Les tensions dans certains établissements, les pressions communautaires, les insultes à répétition et les silences face aux propos antisémites fragilisent le quotidien des élèves, des familles et des enseignants. L’école ne peut être le théâtre de la démission ou de la peur. Elle doit redevenir un sanctuaire de transmission, de respect et d’autorité. Cela exige non seulement des moyens à la hauteur des enjeux, mais aussi une volonté collective forte pour combattre, sans ambiguïté, toutes les formes d’antisémitisme ou de racisme, d’où qu’elles viennent.

Vous évoquez le dialogue interreligieux comme une piste de solution face aux tensions identitaires. Peut-il vraiment être efficace ?

Oui, à condition que le dialogue interreligieux ne soit pas réduit à une simple vitrine de bonne conscience. Il n’a de sens que s’il s’incarne, au quotidien, dans des actions concrètes : visites croisées de lieux de culte, interventions communes dans les établissements scolaires, projets collectifs à dimension sociale. Ce dialogue ne doit pas reposer uniquement sur des figures religieuses (rabbins, imams, prêtres) mais aussi sur des amitiés authentiques, des liens du quotidien qui traduisent une réelle volonté de vivre ensemble. C’est avant tout un message de paix, de confiance et d’espoir que nous devons faire passer. Dans cette démarche, l’école a un rôle central à jouer. L’enseignement du dialogue interreligieux doit y être encouragé, voire placé au cœur des priorités éducatives, afin de transmettre dès le plus jeune âge une compréhension mutuelle des différences qui composent notre société. Et ce, tout en respectant le principe de laïcité.

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