C’est une croyance pas plus bête qu’une autre, qui ne fait juste pas partie de notre vision de l’au-delà judéo-chrétienne. La métempsychose compte beaucoup en Asie, pourtant, que ce soit pour des questions de logique narrative ou d’insuffisance visionnaire, elle échappe autant au 7e art que le paradis et l’enfer. D’où l’intérêt de Samsara – mot qui, dans la tradition bouddhiste, désigne le cycle de la vie, de la mort et de la réincarnation –, drôle de tentative d’un jeune cinéaste espagnol. Un typique «film de festivals», d’ailleurs produit par celui de Jeonju, en Corée du Sud, et que les Cinémas du Grütli de Genève ont jugé bon de distribuer.
Comme dans tous les films de leur catalogue jusqu’ici (cinq), on y retrouve une balade en forêt, cette fois vers des chutes d’eau enchanteresses au Laos. Mais l’essentiel se situe ailleurs, dans une autre sorte de voyage: celui qu’effectue une âme à travers le bardo, l’entre-monde du bouddhisme tibétain. C’est en effet là que se situe le moment proprement expérimental du film. Soit dix minutes sans images, de pur «son et lumière» censé vous mettre en condition pour accepter une continuité entre deux parties par ailleurs totalement distinctes.