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S'inspirer de l'Irlande pour mieux soutenir les artistes

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Alors que les pressions augmentent de la part des syndicats professionnels québécois et canadiens de la culture pour étendre le filet de sécurité sociale aux artistes et aux artisans, Le Devoir présente deux modèles étrangers pouvant servir d’exemples. Premier cas : l’Irlande et son projet expérimental de Basic Income for the Arts.

L’autrice irlandaise Katie McDermott a passé les trois dernières années sous perfusion étatique : elle reçoit encore un peu plus de 500 $ par semaine pour faire son boulot d’écrivaine.

Il ne s’agit pas d’une bourse de création comme en distribue le Conseil des arts du Canada, mais bien d’une allocation versée par le gouvernement irlandais dans le cadre d’un nouveau programme expérimental baptisé Basic Income for the Arts (BIA), soit le revenu de base pour les arts.

« J’ai pu écrire un roman, la moitié d’un recueil de nouvelles et j’ai commencé un nouveau roman », explique Mme McDermott, jointe chez elle dans le comté de Meath, au nord de Dublin. Avant le programme, la diplômée de maîtrise en création littéraire enseignait pour subvenir à ses besoins de base. « Sans ce revenu, j’aurais été obligée de m’endetter pour arriver à écrire ou j’aurais été obligée de déménager pour me trouver un emploi alimentaire. Ce revenu garanti m’a épargné les incertitudes et les tensions de la vie artistique habituelle. »

L’exemple venu d’Europe semble d’autant plus intéressant que les plus grands syndicats du milieu culturel au Québec, dont l’Union des artistes, ont interpellé les partis en lice dans la dernière campagne électorale fédérale en réclamant un meilleur filet de sécurité sociale pour leurs membres. La refonte passerait notamment par une modification de la Loi sur l’assurance emploi pour que les artistes et les artisans puissent bénéficier des prestations comme les employés des pêcheries et d’autres travailleurs saisonniers du pays.

L’assurance emploi est de compétence fédérale. Steven Guilbeault, ministre sortant du Patrimoine qui a retrouvé son poste dans le nouveau cabinet Carney, s’est engagé, dans un débat sur la culture en avril à Montréal, à « travailler avec le secteur sur cette question du filet social ». Le Bloc québécois et le Nouveau Parti démocratique ont appuyé la promesse de réforme.

Mme McDermott souhaite que ses collègues canadiens et québécois aient aussi accès à un programme de revenu garanti comme celui dont elle bénéficie encore au moins pour quelques mois. Elle le connaît d’autant mieux qu’elle milite au sein de l’Irish Writers Union, l’équivalent de l’Union des écrivaines et des écrivains du Québec. Elle s’exprime toutefois en son nom et non comme porte-parole du syndicat.

8000 créateurs admissibles

Le programme a été mis en place en 2022 sous l’ex-ministre irlandaise de la Culture, l’écologiste Catherine Martin. L’objectif était de tester un moyen de contrer l’instabilité des revenus de beaucoup de créateurs du pays.

Le projet pilote a retenu 8000 dossiers individuels jugés recevables selon des conditions préétablies, comme l’appartenance à une association professionnelle. Près de 2000 personnes ont finalement été retenues après une sélection aléatoire (avec des critères de représentativité). Le tirage au sort a eu lieu le 29 août 2022.

La cohorte expérimentale comprend 707 artistes en arts visuels (dont la sœur de Mme McDermott), 584 musiciens, 204 créateurs du milieu du cinéma, 173 comédiens et autres professionnels du théâtre, 32 personnes de la danse, 13 artistes circassiens, une dizaine d’architectes et 184 écrivains (dont Katie McDermott).

Les prestataires peuvent aussi bonifier leurs revenus par d’autres sources. Les versements du BIA sont imposables. Ils dépassent un peu ceux de l’assurance chômage (à 244 euros par semaine, soit environ 380 $CA).

Un rapport d’évaluation publié cette semaine s’appuie sur des entrevues menées avec une cinquantaine d’artistes soutenus. L’analyse révèle que la participation au programme a été largement saluée par la communauté artistique. Les bénéficiaires font état d’une réduction significative de l’anxiété financière et d’une augmentation du temps consacré à la création grâce à ce soutien financier hebdomadaire. Ils s’enthousiasment aussi pour la plus grande autonomie artistique obtenue.

Le rapport établit que les artistes soutenus investissent directement environ 40 % des fonds du programme dans leurs pratiques artistiques. L’argent sert par exemple à acheter du matériel, ce qui contribue en retour à l’économie générale.

Katie McDermott, elle, explique avoir utilisé une partie des fonds pour payer les frais de garderie de son jeune enfant. Son inscription au BIA a suivi de peu son accouchement.

Pour la suite de ce monde

Le programme triennal se termine donc dans quelques mois, à la fin de l’été 2025. L’Union des écrivains d’Irlande a lancé avec la guilde des scénaristes du pays une campagne en faveur du renouvellement du projet. La National Campaign for the Arts, coalition semblable au Front commun pour les arts regroupant ici 21 organismes, multiplie les démarches pour que le BIA soit reconduit.

Dublin n’a pas encore tranché sur son sort, qui sera vraisemblablement joué en octobre lors du dévoilement du nouveau budget national. Le ministre de la Culture actuel, Patrick O’Donovan, a fait des déclarations en faveur du maintien du programme, sans toutefois préciser si la nouvelle version pourrait s’appliquer à plus de 2000 artistes. En dévoilant le rapport sur le projet pilote en début de semaine, M. O’Donovan a parlé d’impacts « étendus qui affectent tous les aspects de la vie des bénéficiaires ».

La république a déjà la réputation d’être assez généreuse avec ses créateurs. Les revenus des activités artistiques de 50 000 euros (près de 80 000 $CA) et moins peuvent ne pas être imposés sous certaines conditions.

Le projet pilote s’ajoute à d’autres mesures étatiques de soutien sonnantes et trébuchantes aux créateurs. L’instauration permanente d’un revenu minimum garanti pour certains, voire pour tous les artistes, signerait-elle la fin de ces autres moyens pour soutenir la création, notamment les bourses ponctuelles ?

« Ce revenu de base prend une autre direction, souligne Mme McDermott. Une bourse, disons de 5000 euros (8000 $CA), c’est bien, mais ça ne dure qu’un temps, alors qu’il faut du temps pour écrire un roman, par exemple. »

La question de l’équité générale se pose aussi. Pourquoi les artistes auraient-ils droit à ce revenu minimum, mais pas tous les citoyens ?

« Il y a beaucoup de commentaires en ligne signalant que les gens sont fâchés que seuls les artistes aient droit au revenu de base, avoue l’autrice irlandaise. Je suis d’accord. J’aimerais bien que le revenu minimum soit garanti pour tout le monde. Ce serait franchement merveilleux. »

Demain : la France et la « présomption de salariat » pour les artistes.

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