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FIGAROVOX/TRIBUNE - Quelques jours avant la finale, qui aura lieu le 8 juin, l’écrivain David Brunat loue l’organisation du tournoi de Roland-Garros, une compétition dont le charme ne s’estompe pas avec les années.
David Brunat est consultant et écrivain. Il vient de publier À la machine, vies d’Elisabeth de Miribel (éditions de la Thébaïde, 2025).
Année après année, le charme opère, et avec quelle force ! Les époques se suivent, les champions se succèdent, la magie perdure et se renouvelle sans cesse d’édition en édition. Bientôt centenaire (en 2028), le stade Roland-Garros brille au firmament de la «planète jaune». Entre mémoire et invention, entre tradition et audace, entre continuités et contrepieds, il s’impose décennie après décennie comme le fleuron indétrônable du tennis sur terre battue. La performance doit être saluée, car il faut des trésors de persévérance et de talent pour «durer» dans cet univers archi-compétitif où les pays de langue anglaise se taillent la part du lion en matière de grands chelems et où de nouvelles puissances – Chine en tête – poussent à la roue pour s’imposer dans le concert mondial des géants de la raquette.
Alors qu’il avait pris des rides et menaçait ruine, le stade s’est refait une beauté il y a quelques années. Repensé, rajeuni, requinqué, splendidement agrandi du côté des serres d’Auteuil, muni enfin de toits (pour ses deux principaux courts), agréablement réaménagé avec sa belle esplanade et ses espaces de circulation, le stade est non seulement moderne et rationnel, attrayant et confortable : il est magnifique. Des racines et des ailes, mais aussi du style, une vitrine de l’élégance à la française - pardon pour ce cliché, mais c’est une réalité - et ce je ne sais quoi qui caractérise le bon goût. On s’y sent bien. On prend plaisir à fouler ces lieux bruissant d’activité et d’énergies positives. On rêverait d’y passer davantage de temps. On se promet d’y revenir.
L’organisation y est l’une des meilleures de tous les tournois de la planète. Les « Gaulois réfractaires » valent bien les Romains ou les Anglo-Saxons quand ils se mettent en ordre de bataille
Oh, bien sûr, tout n’est pas parfait ! Les victoires françaises y sont trop rares, bien que les titres tricolores soient nombreux en doubles ou chez les juniors (mais on en parle rarement). Le public n’est pas toujours à la hauteur. Les loges sont trop souvent désertées. Mais que pèsent ces griefs dans la balance d’un tournoi aussi exceptionnel sur les terrains qu’en dehors ? Je crois que l’on peut dire que l’organisation y est l’une des meilleures de tous les tournois de la planète. Les «Gaulois réfractaires» valent bien les Romains ou les Anglo-Saxons quand ils se mettent en ordre de bataille.
Chaque année, je passe du temps à Roland-Garros. Je me rends un peu partout dans le stade. Curieux de tout. Le regard neuf, juvénile et frais comme au premier jour. Et chaque année, j’ai des étoiles dans les yeux. C’est une fête pour l’œil et l’esprit. Roland-Garros, c’est beau. C’est magiquement beau. À la beauté du jeu lorsque le tennis est pratiqué à si haut niveau correspond l’éclat du cadre dans lequel il se donne à voir, à écouter, à percevoir et à se laisser apprécier par tous les sens – au premier chef, l’ouïe aussi bien que la vision.
Il faut dire que Roland-Garros n’est pas seulement une terre d’exploits sportifs et un terrain en or pour l’économie du spectacle : c’est aussi un remarquable terrain d’expression artistique. Architecture, sculpture (la statue de Rafa Nadal ou celles des Mousquetaires !), peinture avec par exemple l’affiche officielle du tournoi qui rend cette année un hommage très réussi à la bande dessinée, musique, cinéma … : les arts y sont bien servis et célébrés. Sans oublier, évidemment, la danse, tant il est vrai que le tennis, de Suzanne Lenglen à Federer, s’apparente chez ses plus admirables prodiges à une savante et ensorcelante chorégraphie. Ou la poésie épique (celle des commentateurs, facilement portés au lyrisme). Ou encore le théâtre, présent sur la scène des virtuoses de la raquette comme dans les tribunes ou en salle de presse.
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C’est cette beauté que je voudrais saluer très simplement dans ces lignes, cette beauté de l’œil et de l’esprit, des athlètes et des lieux, à laquelle je crois que nous sommes tous plus ou moins sensibles quand nous foulons ces lieux. Ils ont été pétris par un siècle de faits d’armes tennistiques et d’émotions. Mais ils sont également empreints d’expressions esthétiques multiples, dont découle une part du plaisir que nous éprouvons à être à «Roland». La fierté tricolore que nous y ressentons, aussitôt que nous faisons taire nos instincts chauvins qui nous inclinent à être obnubilés par les résultats de nos compatriotes, est elle aussi belle et juste. D’ailleurs, que les Français s’imposent ou non ne change rien à la magie de cet écrin de terre battue et de verdure, même si les bons résultats de nos représentants - comme cette année l’enthousiasmante révélation Loïs Boisson - ne font évidemment qu’ajouter à la fête leur réjouissant attrait.
Longue vie à Roland, terre rouge de passion, terre de feu, terre de grâce !