Dans un appel lancé depuis son exil aux États-Unis, Reza Pahlavi, fils aîné du dernier shah d’Iran, a exhorté les forces de sécurité iraniennes à rompre avec la République islamique, affirmant que le régime théocratique au pouvoir est désormais « faible et divisé ». Le message survient dans un contexte régional tendu, alors qu’Israël a lancé des frappes militaires contre l’Iran.

« L’Iran est à vous, et à vous de le reconquérir », a déclaré Pahlavi dans un communiqué, relayé par l’Agence France-Presse. « Je suis avec vous. Restez forts, et nous gagnerons. »

Dans ce message adressé à la fois au peuple iranien et aux membres de l’armée, de la police et des services de renseignement, l’ancien prince héritier a appelé les forces de sécurité à honorer leur serment en rejoignant le peuple iranien : « Brisez avec le régime. Honorez le serment de tout militaire honorable. »

Pahlavi, qui vit près de Washington depuis la chute de la monarchie en 1979, tient un discours qui vise à mobiliser tant la diaspora iranienne que les acteurs internationaux. « À la communauté internationale : ne jetez pas encore une bouée de sauvetage à ce régime terroriste moribond », a-t-il lancé dans un ton accusateur contre toute tentative de normalisation ou de négociation avec le régime en place à Téhéran.

Un contexte de plus en plus explosif

Le fils du shah a imputé directement au Guide suprême actuel, l’ayatollah Ali Khamenei, la responsabilité d’avoir « entraîné l’Iran dans une guerre » avec Israël. Cette déclaration intervient alors que les tensions entre les deux pays ont atteint un nouveau sommet après des frappes israéliennes contre des cibles en Iran. Israël considère depuis longtemps la République islamique comme une menace existentielle, mais il fut autrefois allié du régime du shah, Mohammad Reza Pahlavi, avant la révolution islamique de 1979.

Un prince en exil, mais politiquement actif

Reza Pahlavi ne réclame pas nécessairement le retour de la monarchie, mais entend mettre son nom et son influence au service d’un mouvement plus large en faveur d’un Iran laïque et démocratique. Il s’est notamment rendu en Israël il y a deux ans, cultivant des relations chaleureuses avec l’État hébreu — un geste hautement symbolique dans un contexte de tensions géopolitiques. Depuis les attaques du 7 octobre 2023 perpétrées par le Hamas, plusieurs membres de la diaspora iranienne monarchiste ont organisé des manifestations en soutien à Israël, brandissant l’ancien drapeau impérial de l’Iran.

Déjà en 2022, à la suite de la mort de Mahsa Amini — une jeune femme décédée après avoir été arrêtée par la police des mœurs pour non-respect du code vestimentaire islamique — Reza Pahlavi avait dénoncé la fragilité du régime islamique. L’indignation populaire née de ce drame avait déclenché un vaste mouvement de contestation à l’échelle du pays.

Une stratégie de rupture

Par ses déclarations, Pahlavi entend galvaniser les forces vives de la société iranienne, notamment les corps en uniforme, qu’il présente comme des patriotes captifs d’un régime illégitime. Le ton martial et déterminé de son message reflète une volonté d’accélérer l’effondrement du pouvoir religieux par la dissidence interne et la pression populaire.

Si la possibilité d’un renversement du régime à court terme demeure incertaine, le discours du fils de l’ancien shah s’inscrit dans une logique d’usure du pouvoir clérical. Il tente ainsi de rallier l’opinion internationale et de renforcer la légitimité d’un mouvement d’opposition démocratique encore largement fractionné.