Publié le 29/05/2025 à 9:25

Mardi 18 mars 2025. Erik Tegnér, fondateur du média d’extrême droite Frontières, doit s’envoler pour l’Argentine avec l’un de ses associés, le député et entrepreneur ciottiste (allié du RN) Gérault Verny. Il souhaite couvrir les manifestations – qu’il qualifie d’« extrême gauche » – anti-Javier Milei, le président-tronçonneuse. Seulement, à l’enregistrement, le trentenaire est mis sur le côté. Tegnér avait préalablement déclaré son passeport comme perdu et ne peut embarquer. Il finit au commissariat de la police aux frontières. Fin du reportage ? Non, il décroche son téléphone et appelle… le cabinet du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau. Celui-ci débloque aussitôt la situation. « On est intervenu pour s’assurer qu’il puisse passer, confirme le cabinet. On le fait souvent pour des journalistes […]. Quoi d’étonnant à ça ? » Circulez, il n’y a rien à voir. Qu’importe si la Fondation Jean-Jaurès qualifiait deux jours plus tôt le média d’« organe de propagande antirépublicaine ». L’ancien militant LR s’envole pour Buenos Aires grâce à la réactivité du ministre, qu’il s’empresse de saluer.

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Car ironie de l’histoire : assis au commissariat pour régler son problème de passeport, le patron de Frontières, obnubilé par la question migratoire, se retrouve assis juste en face d’un Algérien frappé d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF). L’habitué des happenings dégaine son téléphone pour raconter l’histoire sur X et saluer l’action de Retailleau. « Sur le coup, je suis agréablement surpris de la réaction rapide du ministère de l’Intérieur, qui l’expulse le jour même, écrit Tegnér. Côté Retailleau, le travail est fait. Je pars avec un sentiment clair : Retailleau n’attend pas une minute avant de les expulser. » Ni pour débloquer sa situation personnelle, visiblement.