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«Réunion de famille»: cet été, le théâtre s’invite au parc

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« Est-ce qu’un mot, un sacre, une insulte, une parole d’amour, une envolée lyrique sur la trahison de son ami sonne différemment à l’extérieur ? Ça, je le crois. » Avec Réunion de famille, Hugo Fréjabise, auteur et metteur en scène, bouscule les codes du théâtre pour s’inviter, in situ, dans le quotidien des habitants de Ville-Marie et ainsi « donner du théâtre aux gens qui, a priori, ne voudraient pas y aller ».

Il est 19 h 30 au parc des Faubourgs. Les voitures s’engagent sur le pont Jacques-Cartier sans s’attarder, un chien court après sa balle, les lampadaires s’allument progressivement. Tout est calme, ordinaire. Et puis, de la musique se fait entendre. Une femme, seule sur un tabouret, derrière une table déjà parsemée de bouteilles de vin, se met à déclamer son texte.

Sous le regard discret des passants intrigués, les six personnages se rassemblent progressivement autour de cette unique table, Cène moderne où ils partagent leurs désillusions, écoanxiétés et angoisses métaphysiques. Les échanges s’enchaînent parfois à la manière d’un jeu de ping-pong, parfois plus lentement, plus longuement, formant différents tableaux aux rythmes bien particuliers. Tout à coup, une parenthèse, une joute oratoire entre un De Niro fébrile et Antigone, grande figure tragique, remet en question l’acte théâtral lui-même.

Puis, le discours se tourne de nouveau sur notre monde moderne en perdition. « Bientôt, ça va péter » assène l’un des protagonistes et, comme pour appuyer son propos, un coup de tonnerre retentit. La nature sert de trame sonore, le décor, jamais figé, fluctue avec les paroles, dialogues et autres palabres. Tandis que le ciel s’assombrit petit à petit, que l’odeur du pétrichor nous envahit, on observe la nuit se poser sur ces visages inquiets et pourtant téméraires qui appréhendent l’avenir sans pour autant y renoncer.

L’extérieur comme terrain de jeu

En s’installant dans un parc, dans un tiers lieu, il n’est pas question de privatiser un espace, mais de « se mettre en travers de cette ligne que les gens traversent » pour les captiver, les interpeller. Le spectateur se fait ainsi voyeur, « parce qu’il est tout proche », relève Hugo Fréjabise. Le metteur en scène souhaite qu’il se sente « comme quelqu’un qui écouterait à deux tables à côté. Évidemment, il est témoin privilégié parce qu’il a accès à 100 % de ce qui se joue. On n’a aucun artifice pour le cacher ».

Jouer en extérieur, c’est la plus grande vulnérabilité que je connaisse au théâtre.

— Hugo Fréjabise

D’ailleurs, « jouer en extérieur, c’est la plus grande vulnérabilité que je connaisse au théâtre », avoue Hugo Fréjabise. Il ajoute avec passion : « On joue à nu et en même temps, quand ça fonctionne, c’est quelque chose d’extrêmement beau, parce qu’il y a une espèce de sincérité dans la proposition, de faire confiance à des b.a.-ba du théâtre qui sont le texte, la proposition des interprètes, la direction du jeu, et tous les éléments prennent sens fois mille. » Contrairement à l’intimité de l’intérieur, de la salle obscure, « il n’y a aucune coulisse » à l’extérieur, « tout le monde voit tout le monde, tout le temps ». Le dramaturge rapproche cette idée du plan séquence au cinéma, comme une « espèce d’obligation à tenir, à ne rien cacher, à ne jamais pouvoir jouer du off ou du montage ». Effectivement, dès qu’un personnage entre sur scène, il y reste jusqu’au bout. Il peut passer en arrière-plan, devenir simple observateur pendant quelque temps, puis reprendre la parole, toujours est-il que, du début à la fin, il est partie intégrante d’un tableau vivant dont il ne peut s’échapper.

Loin de faire dans la surenchère visuelle, il y a un réel retour au texte ; Hugo Fréjabise décide de « faire confiance à la parole », d’en épouser toute la force poétique. Les citations fusent dans tous les sens, Parménide, Rousseau, Oscar Wilde sont tour à tour convoqués, sans tomber dans la vanité, c’est bien plutôt la « manière [qu’ont les personnages] de communiquer au monde ».

Avec Réunion de famille, Hugo Fréjabise place ses personnages dans une attente perpétuelle, attente d’un Godot imaginaire qui ne viendra jamais, jusqu’à ce que ces amis, qui s’aiment et se détestent, s’exclament à l’unisson : « Quant au futur, ce qui nous intéresse, c’est qu’il soit imprévu, plutôt qu’exceptionnel. » Avec sa compagnie Joussour — qui signifie « pont » en arabe —, l’objectif est de voyager, d’observer comment l’« art se déplace », de « créer avec d’autres personnes », de voir « comment ça sonne différemment ailleurs ». Parce que cette bande d’amis, rassemblée dans un parc tout à fait banal, exprime finalement un mal du siècle et des inquiétudes universelles.

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