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FIGAROVOX/TRIBUNE - La vasque olympique s’envolera à nouveau dans le ciel parisien ce samedi 21 juin, à l’occasion de la fête de la musique. Un an après les JO, la Fondation Jean-Jaurès et BVA XSight ont interrogé les Français sur leurs souvenirs de cet évènement.
Jérémie Peltier est co-directeur général de la Fondation Jean-Jaurès et Adélaïde Zulfikarpasic est directrice générale de BVA XSight et a récemment publié Réhumaniser la société de l’absence. Comment recréer du lien et lutter contre la disparition de l’humain ? (Fondation Jean-Jaurès, Éditions de l’Aube, juin 2025).
Avec le retour cette semaine de la désormais fameuse vasque olympique dans le jardin des Tuileries à Paris, qui va donner lieu sans aucun doute à de multiples vidéos, selfies et autres reportages télévisés, les Français vont se replonger un an après dans les images d’archive et dans différentes rétrospectives des Jeux olympiques et paralympiques de l’été 2024. Une période considérée par beaucoup comme une parenthèse enchantée où tout semblait plus apaisé qu’à l’accoutumée et où la politique, les débats sectaires et polémiques, les problèmes de l’époque et de la société ont été ponctuellement mis de côté.
Et c’est vrai que lorsqu’on interroge les Français (nous l’avons fait pour l’occasion dans une enquête BVA Xsight pour la Fondation Jean-Jaurès et Plead) sur ce moment singulier qu’a vécu notre nation, il y a quelque chose de l’ordre de la «nostalgie d’ambiance» qui pointe le bout de son nez. En effet, pour beaucoup, les meilleurs souvenirs des Jeux sont d’ordre extra-sportif : on se souvient d’abord des cérémonies (jugées «offensantes» par certains sur le moment, preuve de leur décalage avec le corps central de la société), de la fête, de la bonne humeur des gens, de l’engouement du public en France, de la joie ressentie, ou encore de la mise à l’honneur d’une partie du patrimoine national et notamment parisien, pour une fois sur le devant de la scène médiatique autrement que pour des cassages ou des émeutes (mais une fois n’est pas coutume comme nous l’a montré l’après JO). D’ailleurs, il est amusant de noter à quel point les habitants de l’agglomération parisienne ont semblé, encore plus que les autres, apprécier cette période durant laquelle ils ont pu goûter à une capitale où il faisait de nouveau bon vivre, avec davantage de présence humaine dans les transports, de sécurité dans l’espace public, et donc avec davantage de sérénité au quotidien (les prétendants au royaume de Paris ont ici un laboratoire intéressant pour les prochaines élections municipales qu’ils auraient tort de négliger).
Plus de 40 % des Français associent aux Jeux olympiques et paralympiques le terme « réussite » et 36 % le terme « fierté », preuves s’il en fallait que durant quelques semaines, les Français ont eu cette occasion si rare de voir leur pays au centre du monde pour de bonnes raisons
Mais ce qui est encore plus frappant lorsqu’on analyse dans le détail «l’imaginaire mental» de cet été dernier si particulier, c’est la place chez nos compatriotes de la nostalgie de ce que nous nommerons ici «l’esprit de conquête et de victoire» qui régnait alors dans une partie du pays, esprit qui malheureusement semble s’est très vite évaporé une fois les Jeux terminés. En effet, plus de 40 % des Français associent aux Jeux olympiques et paralympiques le terme «réussite» (premier terme associé au souvenir de cette période !) et 36 % le terme «fierté», preuves s’il en fallait que durant quelques semaines, les Français ont eu cette occasion si rare de voir leur pays au centre du monde pour de bonnes raisons, loin de l’image d’un pays déclassé ou démoyennisé comme ont parfois pu le révéler les grandes crises récentes (on peut citer la crise Covid ou encore la crise des Gilets jaunes).
Bien aidée par ses athlètes qui furent eux aussi touchés par la réussite et la victoire (rappelons que notre pays termina cinquième au classement des médailles et premier pays d’Europe avec un total de 64 médailles dont 16 médailles d’or), la France rayonnait de nouveau dans le monde. C’est en tout cas l’avis de 72 % des Français pour qui les Jeux olympiques ont permis de valoriser la France à l’international, ainsi que des 33 % de nostalgiques des jeux qui regrettent le rayonnement de notre pays pendant cette période.
Fierté, victoires, réussite, rayonnement… Cet imaginaire autour des JO ne semblait pourtant pas si évident quand on se replonge dans ce qu’était notre pays il y a tout juste un an, juste un mois avant le début des épreuves, moment où bon nombre de commentateurs et d’experts nous expliquaient que l’enfer était promis à notre pays et à Paris, qu’il était irresponsable d’organiser cette grande fête dans le contexte d’alors et qu’il fallait tout annuler car nous n’étions pas capables d’assurer avec nos seules forces la bonne organisation d’un tel évènement. Mais comme souvent dans notre pays, l’optimisme des «faiseurs» a déjoué les pronostics, sublimé par le génie des organisateurs et des différentes parties prenantes qu’ils s’agissent des artistes, des stylistes, des réalisateurs, des athlètes, des bénévoles, de l’administration, des pouvoirs publics et des entreprises partenaires de ce spectacle mondial. Mis ensemble, ceux qui croient encore dans le fait que la France a encore quelques atouts sont parvenus à enjouer à la fois tout un pays mais aussi le monde entier.
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Alors que faire de tout cela un an après ? D’abord, il ne faut pas faire dire au sport et aux JO ce qu’ils ne disent pas. Penser que le sport et l’évènement sportif sont capables de ressouder les fractures et de résoudre les grands et nombreux enjeux géopolitiques qui font l’actualité en ce moment même serait à la fois bien naïf et bien enfantin. Ensuite, malgré l’engouement suscité par le retour de la vasque, il faut bien avoir en tête que la flamme s’est déjà éteinte pour une grande majorité de Français et que le véhicule JO ne pourra plus être utilisé pour faire passer des messages une fois cet «anniversaire» célébré. Si 61 % des Français estiment que les JO ont favorisé le vivre-ensemble et 44 % qu’ils leur ont redonné confiance dans l’avenir, ils sont plus de 70 % à considérer que c’est une parenthèse qui s’est vite refermée et que «tout est redevenu comme avant», l’actualité nous le démontre d’ailleurs chaque jour.
Il y a malgré tout quelque chose à tirer. Les Français ont montré qu’ils n’étaient pas totalement hermétiques à la joie, à la victoire et au fait de réussir, qu’ils aspiraient encore à quelque chose de grand pour leur pays et que cet esprit de combat s’est avéré beaucoup plus fédérateur que l’esprit de défaite de certains responsables politiques et autres animateurs du débat public qui n’aiment se baigner que dans un bain plein de discours apocalyptiques. En somme, il y a un an, les Français ont goûté à la performance et à la fierté d’être Français, et ils en redemandent. L’offre économique et politique doit donc désormais suivre, dans les paroles et dans les actes, loin de la communauté des «Ouin Ouin» bien trop bruyante. Car il n’est pas impossible parfois de réunir en parlant de la France en bien.