Lorsque le cinéma s’intéresse au journalisme, c’est le plus souvent pour retracer de grandes enquêtes édifiantes: le Watergate dans Les Hommes du président (Alan J. Pakula, 1976), le scandale de prêtres pédophiles à Boston dans Spotlight (Tom McCarthy, 2015), la divulgation de documents classés secrets d’Etat durant la guerre du Vietnam dans Pentagon Papers (Steven Spielberg, 2017). En France, Vincent Garenq retraçait en 2014 les investigations de Denis Robert autour de la société Clearstream (L’Enquête), cinq ans avant un film de Pierre Jolivet sur le travail d’Inès Léraud pour dénoncer une pollution des plages bretonnes liée à l’agriculture intensive (Les Algues vertes).
Dans Rapaces, Peter Dourountzis s’intéresse, lui, à des journalistes travaillant pour l’hebdomadaire Détective, créé en 1928 et rebaptisé en 1982 Le Nouveau Détective. Un titre à tendance sensationnaliste dédié aux faits divers, et porté par une appétence pour le sordide, car cela fait vendre. Inspiré de l’affaire Elodie Kulik, du nom d’une jeune fille violée et assassinée en 2002, il raconte l’enquête de Samuel (Sami Bouajila), qui tout en s’arrangeant parfois avec la déontologie est bien décidé à prouver qu’un féminicide sur lequel il doit écrire est peut-être le fruit d’un criminel récidiviste.