NE LAISSER PAS LE 5G DETRUIRE VOTRE ADN Protéger toute votre famille avec les appareils Quantiques Orgo-Life® Publicité par Adpathway
Après quelques années sans écrire de romans, Rafaële Germain revient à la fiction avec un texte qui célèbre l’humanité, raconte la vie dans tout ce qu’elle a de simple, d’inéluctable, de surprenant et d’authentique. Un roman dans lequel elle met en lumière l’esprit d’une toute petite communauté, lieu aussi improbable qu’idyllique où la rivière est reine.
Inspirée par ce quartier en dehors du monde, « un village un peu patchwork [qui] n’a pas une identité claire », dit-elle au bout de l’écran, un lieu qu’elle a adopté et où elle réside depuis maintenant 15 ans, Rafaële Germain a eu envie de raconter une histoire tout à fait fictive, mais de la camper dans ce lieu qu’elle connaît bien.
« Il y avait une plage à Laval qui était assez populaire dans les années 1950-1960, un lieu de villégiature qui portait le nom de plage Laval, et je trouve qu’il y a une connotation le fun dans ce nom, parce qu’on n’associe pas du tout Laval à une plage », raconte-t-elle, sourire en coin. Au-delà du lieu bien réel présenté dans le roman, Plage Laval, c’est l’histoire de Laurence, 48 ans, mère et femme célibataire depuis que Stéphane, son conjoint de toujours, lui avoue avoir « commencé à remarquer d’autres femmes ».
Un peu perdue, fouillant les sites de propriétés à vendre à la recherche d’un espace de liberté, elle tombe sur cette petite maison sur le bord de la rivière des Mille Îles. Les couchers de soleil, l’eau et surtout les habitants, personnages aussi flamboyants que marginaux, de grandes âmes prêtes à tout pour conserver leur liberté, ont tôt fait de la convaincre de s’y amarrer. Mais c’est surtout l’idée du vivre-ensemble qui a fait naître cette nouvelle histoire dans la tête de Germain. « Je n’avais pas écrit de romans depuis longtemps. J’ai une chronique dans La Presse dans laquelle je parle de sujets qui me tiennent à cœur, puis qui me semblent importants. Mais dans une chronique, je ne peux pas juste écrire “aime ton voisin”. C’est quelque chose qu’il faut nuancer un peu plus. Alors, l’idée du livre est partie un peu de ça, du désir de raconter justement l’idée du village gaulois. Tu connais tes voisins, tu leur parles, vous vous entraidez. Ça, ce n’est pas inventé dans le roman. C’est sûr que je l’ai magnifié un peu, mais c’est quelque chose que je retrouve dans le quartier où j’habite et qui est touchant et important », raconte l’autrice.
Photo: Marie-France Coallier Le Devoir
Sans être autobiographique, Plage Laval reprend par ailleurs des idées qui habitent la chroniqueuse, qui la motivent et qui pulsent en elle. L’idée de ce que peut être la liberté, notamment, a fait son chemin dans l’esprit de l’autrice. « À la base, l’histoire est complètement inventée, mais cette idée de liberté qui est celle d’être seule et sans attaches m’a toujours habitée. Toutefois, l’espèce de dichotomie entre, justement, le fait d’être seule et de ne rendre de comptes à personne et une autre forme de liberté que tu peux trouver dans des liens qui sont réels et dans la communauté, c’est quelque chose que j’ai, par la bande, un peu expérimenté […] J’ai vieilli et aujourd’hui je vis dans une famille, un voisinage, où il y a des liens qui se tissent, et je trouve ça précieux […] Donc, j’ai inventé une histoire pour essayer d’illustrer ces deux points de vue là. […] », explique-t-elle.
Portraits d’humanité
Si l’esprit de communauté, d’entraide et de voisinage participe du récit, il y a en filigrane une quantité de pistes de réflexion qui témoignent de différentes réalités. La vieillesse et la maladie d’Alzheimer, la jeunesse actuelle dans toute sa flamboyance et ses contrariétés, les zones inondables, la solidarité, les laissés-pour-compte, tous ces sujets se rejoignent autour du personnage principal, cette femme qui vieillit, élément phare de cette traversée. Germain, qui n’avait pas écrit de romans depuis 2012, depuis cette époque où elle était, dit-elle, dans un genre chick lit, dans cette « espèce de quête de l’amour qu’on voit dans les comédies romantiques », trouve ici une toute nouvelle façon de parler de la femme. « Là, j’ai 48 ans. Je trouve que c’est un âge qui est vraiment intéressant. Il y a ce [thème] de la femme qui vieillit, mais il se décline en plein de petits sujets. C’est quoi, le désir, à cet âge-là ? C’est quoi, être désirée, à cet âge-là ? C’est quoi, la rencontre vers l’inconnu ? »
Photo: Marie-France Coallier Le Devoir
Rafaële Germain, qui n’avait pas écrit de romans depuis 2012, depuis cette époque où elle était, dit-elle, dans un genre «chick lit», dans cette «espèce de quête de l’amour qu’on voit dans les comédies romantiques», trouve dans «Plage Laval» une toute nouvelle façon de parler de la femme.
À l’instar de son personnage qui, après le départ de son mari, est convaincu qu’il ne revivra pas d’histoire d’amour, Germain lance souvent cette même réflexion à son conjoint. « Mais est-ce que ça se passerait comme ça ? » dit-elle. Est-ce qu’elle resterait seule alors que son conjoint, croit-elle — parce que vieillir est plus facile pour les hommes —, trouverait facilement l’amour ?
« C’est le fun d’avoir un personnage qui se fait prendre de court par ça […] Parce que dater à 48 ans, c’est pas sexy, là […] Tu sais, en février, quand on est verts pet, je me regarde dans le miroir pas maquillée le matin et je tripe pas tant ! Je voulais parler de ça aussi. Je ne voulais pas qu’on soit juste dans la glorification, dans le “c’est donc beau, vieillir”. Quand t’es une femme, c’est dull, et la société ne nous rend pas ça facile. Et je trouvais que c’était riche. Cette espèce de vulnérabilité qui est tempérée par une lucidité et une force aussi. Et le fait qu’on peut se faire surprendre même quand on pense qu’on est trop vieille. »
Roman intimiste rempli de sensibilité tout autant qu’un hommage à ce retour à la petite communauté, à la solidarité, aux relations humaines entre tous les groupes d’âge, Plage Laval a été pour l’autrice un grand bonheur d’écriture, confie-t-elle. Elle se réjouit d’y avoir mis en scène des « choses simples, mais qui font partie de la vie ». Elle souhaite par ailleurs que les gens puissent se reconnaître dans ces réalités-là, ces âges-là, en offrant une œuvre ouverte qui invite chacun à y trouver un espace de liberté.