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Qui est George Simion, le Donald Trump de Roumanie?

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Rasé de près, coiffure impeccable et costume bleu saphir ajusté, George Simion a une nouvelle fois soigné son apparence. Le candidat d’extrême droite à l’élection présidentielle de la Roumanie, arrivé en tête du premier tour avec plus de 40 % des voix, a convié une poignée de journalistes internationaux à une rencontre informelle.

Une chance que n’auront pas les journalistes roumains. George Simion refuse d’accorder des entrevues aux médias traditionnels de son pays, et quand il s’adresse à eux, c’est pour leur reprocher de ne pas poser les bonnes questions.

Cette défiance, comme celle qu’il entretient envers les institutions démocratiques, est une des nombreuses facettes qu’il partage avec l’un de ses modèles : Donald Trump.

Présent à l’assermentation du président américain le 20 janvier dernier, George Simion s’inspire sans complexe du mouvement MAGA. « Donald Trump et moi représentons le même mouvement, explique-t-il d’entrée de jeu, et oui, je marche sur ses traces. Désormais, il n’y aura plus que des hommes et des femmes aux États-Unis, comme en Roumanie ». Une première flèche décochée en direction de l’Union européenne (UE) et de ses politiques progressistes qui accordent, selon lui, trop d’importance au « délire LGBT ».

L’homme est affable et répond sans détour aux questions, en politicien aguerri. Sa deuxième flèche sera pour la classe politique roumaine et pour l’UE, coupables à ses yeux d’avoir appauvri son pays.

« La Roumanie est un pays riche, mais figure au dernier rang, avec la Bulgarie, des pays de l’Union européenne en matière de richesses produites. À partir de maintenant, la politique économique de la Roumanie sera “Drill, baby, drill” », affirme-t-il, faisant sien l’un des slogans de campagne de Donald Trump. Pour lui, il est temps que la Roumanie recommence à exploiter ses ressources naturelles, tombées aux mains d’intérêts étrangers. « Trump veut faire passer les intérêts de l’Amérique en premier, moi, je veux faire passer les intérêts de la Roumanie en premier. »

Adina Marincea, chercheuse à l’Institut national Elie Wiesel pour l’étude de l’Holocauste en Roumanie et spécialiste des courants d’extrême droite, retrouve la rhétorique du président américain dans les discours de George Simion. « Il utilise les mêmes références au patriotisme ou à la révolution conservatrice. Comme Trump, il s’est aussi rapproché du religieux, alors qu’il n’était pas vraiment proche de l’Église auparavant. »

Recettes chères à l’extrême droite

Titulaire d’un baccalauréat en affaires et administration et d’une maîtrise en histoire, George Simion s’est fait connaître très tôt pour sa fibre nationaliste exacerbée. Les prises de position expansionnistes du candidat, un nostalgique de la Grande Roumanie de l’entre-deux-guerres, qui s’étendait sur une partie du territoire actuel de l’Ukraine et de la Moldavie, lui ont valu d’être persona non grata dans ces deux pays, encore aujourd’hui. Impliqué dans la formation de deux groupes de partisans de l’équipe nationale de soccer connus pour leurs chants racistes et leurs comportements violents, il a écopé en 2011 d’une interdiction de stade de six mois.

C’est en 2019 que George Simion se lance pleinement sur la scène politique avec la création de l’Alliance pour l’unité des Roumains (AUR), un parti qui reprend les recettes chères à l’extrême droite : défense des valeurs chrétiennes, conservatisme social, glorification du passé et discours nationaliste.

Dopé par le contexte pandémique et l’opposition d’une partie de la population aux mesures sanitaires, l’AUR prend son envol lors des élections de 2020, faisant élire 33 députés et 14 sénateurs. Une percée confirmée lors des élections suivantes, en 2024, et lors du premier tour de la présidentielle du 4 mai dernier, où il obtient plus de 20 points d’avance sur son plus proche concurrent, le candidat de centre droit Nicusor Dan. Et ce, alors qu’il n’avait réuni que 14 % des suffrages lors du premier tour de ce même scrutin en novembre 2024, annulé en raison d’une tentative d’ingérence russe au profit du candidat d’extrême droite Calin Georgescu, arrivé en tête, mais écarté depuis de la course présidentielle.

Ouvertement populiste, son programme économique est fait de promesses que lui-même affirme parfois ne pas pouvoir tenir. Comme quand il propose de faire construire un million de maisons à 35 000 euros (55 000 $CA) pour les moins nantis, avant d’avouer sans scrupule au lendemain du premier tour qu’il s’agissait « d’une opération de marketing » afin de l’emporter. S’inspirant du président américain, George Simion a promis de mettre à la porte 500 000 fonctionnaires s’il était élu. Et comme Donald Trump, il affole les marchés boursiers, à tel point que la Banque centrale de Roumanie a dû injecter plusieurs milliards d’euros pour maintenir la valeur du leu, la monnaie locale.

En quête de respectabilité

Quand il répond en tête à tête aux questions du Devoir, George Simion joue continuellement avec la bague qu’il porte à l’annulaire gauche, celle de son mariage largement médiatisé avec Ilinca Munteanu, professeure d’éducation sociale au niveau collégial.

En août 2022, cette union s’est révélée un événement chargé de symbolisme nationaliste. Dans un cadre champêtre, Simion est apparu en costume traditionnel lors d’une cérémonie grandiose qui rappelait le mariage en 1924 de Corneliu Codreanu, un leader nationaliste et antisémite de l’entre-deux-guerres. Si ce mariage a donné des gages à ses électeurs les plus radicaux, George Simion a depuis essayé d’adoucir son discours afin de rendre son parti plus fréquentable.

Il tente d’appliquer ce qu’on appelle en France la “dédiabolisation” de l’extrême droite.

— Adina Marincea

« Il tente d’appliquer ce qu’on appelle en France la “dédiabolisation” de l’extrême droite. Il a par exemple éliminé de ses prises de parole les références néofascistes explicites et certaines références pro-russes, explique Adina Marincea. Cependant, il a toujours un discours ambivalent dans certaines entrevues. Il joue sur les deux tableaux pour ne pas s’aliéner une partie de son électorat. »

Sur la Russie et l’Ukraine, son discours aussi a évolué. En entrevue au Devoir, Simion parle de la Russie comme d’un agresseur qui constitue « le plus grand danger pour la stabilité de l’Europe de ces 200 dernières années ». Pourtant, à Moscou, on se réjouit du succès de celui qui est considéré comme « l’ennemi des ennemis du Kremlin », comme l’a affirmé à la radio roumaine un officiel russe après la victoire de George Simion au premier tour.

Après avoir plusieurs fois changé d’avis sur le dossier ukrainien, Simion se dit aujourd’hui pour la paix et contre l’escalade, reprenant la rhétorique du président américain. « Je soutient le plan de Donald Trump pour la paix. Je suis prêt à aider l’Ukraine si l’Ukraine respecte les minorités roumaines » a-t-il déclaré devant les médias étrangers le soir du premier tour.

Et quand Le Devoir lui demande ce qu’il pense du fait que des politiciens l’accusent d’adoucir son discours uniquement pour amasser des voix, la réponse est nette : « Ils ont raison, je suis un politicien. C’est ce qu’il faut faire pour mobiliser les électeurs. »

« Je t’agresse sexuellement »

Si George Simion tente aujourd’hui de redorer son image, c’est aussi parce que son premier mandat de parlementaire, entre 2020 et 2024, a été émaillé de plusieurs événements violents. Comme en 2023, lorsqu’il a lancé à une députée en plein parlement : « Je t’agresse sexuellement, grosse vache ! » Ou quand il a saisi par le cou un autre député en 2022, avant qu’un collègue les sépare. Autant d’escarmouches qui ont été filmées et partagées par ce dernier sur ses réseaux sociaux. Car pour lui, le conflit est une marque de fabrique et les seuls médias qui valent désormais en Roumanie sont les médias sociaux.

TikTok est ainsi devenue sa plateforme de choix pour diffuser ses messages politiques dans un pays où les médias traditionnels peinent à rejoindre un large public et où il n’existe plus de quotidiens d’information.

Sur TikTok, George Simion l’emporte haut la main face à tous ses adversaires. Sa chaîne compte 1,5 million d’abonnés et ses publications totalisent plus de 33 millions de likes. Son adversaire, Nicusor Dan, réunit 333 000 abonnés pour 5 millions de likes. Si le parti de George Simion est clairement populiste, nationaliste, eurosceptique, sur TikTok, en revanche, l’image de l’AUR est construite avec beaucoup plus de soin et de modération.

Conscient que la plateforme lui permet de toucher les plus jeunes, il s’y présente comme quelqu’un qui peut sauver la Roumanie de la corruption et de l’immobilisme. Comme il l’affirmera au Devoir en conclusion de l’entretien qu’il nous a accordé, « je suis candidat à ces élections pour ramener la démocratie dans notre pays ».

Avec Ana Gabriela Malcinschi

Ce reportage a été réalisé avec le soutien financier du Fonds québécois en journalisme international.

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