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À l’échelle du Québec, des projets de construction et d’agrandissement d’écoles sont mis sur pause, sur fond de compressions budgétaires. Or, réaliser ces projets plus tard coûtera plus cher, sans compter les répercussions à court terme sur des milliers de jeunes, préviennent des experts en quête de solutions pour réduire la facture de ces chantiers. Premier article d’une série de trois.
La mise sur pause d’une centaine de chantiers dans le réseau scolaire public pourrait coûter cher au gouvernement du Québec à terme, préviennent plusieurs professionnels qui ont été pris de court en décembre dernier par la mise en arrêt « jusqu’à nouvel ordre » de projets d’agrandissement et de construction d’écoles un peu partout dans la province.
Certains avaient le crayon à la main, en pleine préparation des plans et devis d’écoles primaires et secondaires, lorsque Québec a acheminé en décembre dernier une directive au réseau scolaire ordonnant la mise à l’arrêt de 99 projets d’ajout d’espace qui étaient en planification de Montréal à la Mauricie, en passant par le Nord-du-Québec.
« On a reçu un avis nous disant de ne plus travailler sur tel ou tel projet jusqu’à nouvel ordre. Les projets sont mis en pause », résume l’architecte Amel Megherbi, de GR7 Architecture.
Cette situation a affecté durement certaines firmes qui se spécialisent dans la conception d’infrastructures scolaires, a constaté Le Devoir. Ça crée « beaucoup d’instabilité » pour plusieurs d’entre elles, relève Geneviève Goudreau, de l’agence d’architecture NFOE. « On ne peut pas congédier des gens parce qu’on ne sait pas quand et si les projets seront relancés. On doit garder les ressources sur place et assumer les frais », explique Mme Megherbi.
Car, lorsque ces chantiers reprendront, ce sera « l’urgence après le calme », entrevoit-elle.
Une pause nécessaire, selon Québec
Or, personne, pas même les nombreux centres de services scolaires joints par Le Devoir, ne sait quand la planification de ces projets pourra reprendre. Ce qui crée beaucoup d’incertitude dans le réseau scolaire, qui est impatient de pouvoir lancer ces chantiers.
« Pour les projets de Joliette et de Saint‐Charles‐Borromée [deux écoles primaires], les plans et devis sont complétés à 100 %. Une autorisation ministérielle permettrait donc de commencer très rapidement les travaux de construction », relève ainsi par courriel le Centre de services scolaire des Samares.
Le ministère de l’Éducation affirme pour sa part que la mise sur pause de projets d’agrandissement et de construction d’écoles était « devenue nécessaire, puisque les sommes présentes au [Plan québécois des infrastructures] se dépensaient trop rapidement et qu’il fallait s’assurer de respecter le cadre financier ». Il déclare cependant que « tous les projets sur pause seront menés à terme », sans définir d’échéancier.
Questionné sur la hausse des coûts de construction dans le réseau scolaire ces dernières années, le président-directeur général de la Corporation des entrepreneurs généraux du Québec, Eric Côté, estime que ses membres ne sont pas à mettre en cause. C’est plutôt Québec qui a « créé une surchauffe », dit-il. « Si on met trop de projets en même temps, ça veut dire que là il va y avoir une inflation, parce que les gens ne peuvent pas faire tous les projets en même temps », souligne M. Côté.
Si on arrête le projet quand les plans et devis sont terminés et qu’on le reprend deux ou trois ans plus tard, ce n’est pas une bonne nouvelle pour la suite des choses. Ça peut amener une révision dans les plans et devis et des changements dans les estimations.
— Bernard Bigras
Or, c’est ce qui est arrivé pendant la pandémie, rappelle le p.-d.g., qui décrit une « tempête parfaite » alimentée par la pénurie de main-d’œuvre et le déficit croissant de maintien d’actifs des écoles, dont le coût d’entretien a explosé.
Dans ce contexte, le manque d’espace pour accueillir un nombre grandissant d’élèves dans les écoles sera compensé temporairement par des « locaux modulaires » et un réaménagement des espaces existants, indique le ministère. Ce sont d’ailleurs 28 projets d’acquisition de locaux modulaires — communément appelés « roulottes » — qui ont été autorisés dans le dernier Plan québécois des infrastructures. « Ceux-ci sont en cours de conception ou de construction », ajoute-t-il.
Attendre pourrait coûter cher
Reporter la construction de nouvelles écoles pourrait toutefois à terme coûter plus cher à Québec que de réaliser celles-ci maintenant, préviennent tous les professionnels joints par Le Devoir dans le cadre de ce reportage.
« Il va falloir revoir l’estimation en date de l’année à laquelle le projet va recommencer. Donc, il y a une incidence quand même sur le coût, sachant qu’il y a l’inflation et tout ça », souligne Mme Goudreau. « Les coûts vont être supérieurs. »
Patric Sabourin, de TLA architectes, donne d’ailleurs l’exemple flagrant de l’agrandissement de l’école primaire Saint-Marcel, dans l’est de l’île de Montréal. Ce projet avait été mis sur pause par Québec en 2022 après avoir été entièrement planifié. Le gouvernement a ensuite autorisé le projet à reprendre en 2024. Ça a alors coûté « 20 000 $ de fonds publics juste pour repartir en appel d’offres ». « Malheureusement, même si on est arrivé dans notre budget, le gouvernement l’a mis sur la glace pour une deuxième fois », ajoute l’architecte. Ainsi, lorsque ce projet aura le feu vert pour repartir, « ça va coûter de nouveau 20 000 $ à 25 000 $ de fonds aux contribuables », simplement pour indexer la planification à l’évolution du coût de la vie et au budget qui lui sera alors consacré.
« Ce n’est pas des millions, mais si on commence à mettre des 20 000 $, des 25 000 $ et des 50 000 $ ici et là, ben oui, ça coûte plus cher. Définitivement », relève Patric Sabourin, selon qui il y a donc « des économies d’échelle » à faire en ne retardant pas de tels travaux.
« Si on arrête le projet quand les plans et devis sont terminés et qu’on le reprend deux ou trois ans plus tard, ce n’est pas une bonne nouvelle pour la suite des choses. Ça peut amener une révision dans les plans et devis et des changements dans les estimations », relève lui aussi Bernard Bigras, président-directeur général de l’Association des firmes de génie-conseil du Québec.
Entre-temps, les « premières personnes pénalisées, ce sont les élèves », note l’architecte Nathan Bonneville, de l’agence Épigraphe, qui constate avec inquiétude qu’en mettant autant de projets d’écoles sur pause, Québec ne considère pas les besoins liés à la croissance du nombre d’élèves dans le réseau scolaire, un phénomène qui n’est pas en voie de s’estomper.