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Que se cache-t-il derrière la rhétorique et la gestuelle de Jean-Luc Mélenchon ?

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FIGAROVOX/HUMEUR - En meeting à Rouen ce 11 juin, Jean-Luc Mélenchon semble avoir, comme souvent, prêté attention à la forme de son expression. De son vocabulaire parfois soutenu et parfois argotique à sa gestuelle très maîtrisée, l’enseignante Ophélie Roque analyse les dessous du discours insoumis.

Ophélie Roque est professeur de français en banlieue parisienne. Elle a notamment publié Antisèches d’une prof. Pour survivre à l’Éducation nationale (Les Presses de la cité, 2025).


On se rêve Rousseau, on glisse Robespierre et on finit, invariablement, avec la dégaine du divin marquis. Sade, toujours, rôde non loin des Révolutions. Tout à côté, il attend - humus noir qui croît à chaque saison suppliciée. C’est une fleur de ciboire renversée, une toge déchirée, quelque chose de lumineux qui s’éteint et vire au rance. Parce qu’il suffit d’écouter les derniers discours de Mélenchon pour se dire qu’une bascule, quelque part, a eu lieu. Entre la coupe et les lèvres, il y a loin. Des choses changent, parfois en mieux, souvent en moins bien. L’hubris est, au fond, la sirène qui guette chaque politique. Elle sort sa queue des flots, hausse sa tête aux cheveux mêlés de sel, regarde passer les capitaines d’équipages et, parfois, entonne son chant. Et gare à soi, si on ne s’est pas laissé attacher au mât. L’on plonge et l’on sombre. Une dernière couche d’écume et c’est la tombe liquide. La plongée vers la déraison, le saut en direction de l’inhumain. Car n’est plus humain celui qui ne fait que hurler au lieu de parler.

L’une des dernières vidéos en date nous le montre accroché à son pupitre, mais qu’on ne s’y méprenne pas, cette apparente immobilité, loin d’être un frein, devient outil de mise en scène : le lutrin, tel un «refuge symbolique», sert à davantage solenniser sa fonction de tribun pédagogue à l’autorité aussi stable que maîtrisée. Cette immobilité joue un rôle clé dans la perception de l’auditoire, elle projette une image de contrôle et de constance. En choisissant de rester fixe, il canalise en partie l’énergie émotionnelle de son discours, évitant la dispersion que pourrait induire une gestuelle trop volubile. Cette retenue scénique amplifie l’impact de chaque geste calculé, de chaque mimique, qui deviennent des points focaux pour l’auditoire. C’est renouveler la technique du Centaure.

Quant à la gestuelle codifiée (index pointé, poing serré, gestes amples), celle-ci exploite le mécanisme de « contagion émotionnelle » où les émotions de l’orateur se propagent à l’auditoire via le système limbique qui traite les émotions

D’ailleurs, le regard de Mélenchon est un «phare» qui balaie la foule sans s’attarder sur l’individu. Regards lancés vers le ciel, soupirs exaspérés, il contrefait la posture prophétique. Il y a indéniablement du Cassandre chez cet homme-là. Mélenchon semble avoir vu (et compris) les films de Pier Paolo Pasolini, c’est avec les débris des concepts que l’on peut construire son personnage de faux prophète. Quant à la gestuelle codifiée (index pointé, poing serré, gestes amples), celle-ci exploite le mécanisme de «contagion émotionnelle» où les émotions de l’orateur se propagent à l’auditoire via le système limbique qui traite les émotions. Une étude de l’Université de Stanford démontre d’ailleurs que cette technique est particulièrement efficace en contexte de crises. Les gestes ne sont pas anodins : ils visent à activer une réaction viscérale qui renforce l’adhésion au discours par le biais d’une stimulation quasi instinctive. Cette psychologie des foules - théorisée par Le Bon - transforme l’auditoire en un collectif uni par le partage d’une émotion commune.

Côté vocabulaire, Mélenchon oscille en permanence entre registre savant («nonobstant», «hégémonie») et expressions populaires («ils commencent déjà à me chauffer», «les gens, vous avez raison»). Cette franche dualité reflète une double stratégie de légitimation : le leader de La France insoumise souhaite se positionner tout à la fois dans la posture de l’intellectuel, du lettré, de celui qui sait… tout en usant d’éléments de langage plus «relâchés» afin de séduire le plus grand nombre. Cette approche n’est pas sans rappeler celle de Perón qui, lui aussi, combinait références historiques et langage ouvrier afin de rallier à lui les masses argentines.

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Cependant, cette rhétorique s’en vient avec une fâcheuse tendance à la polarisation et à la diabolisation de l’autre rendu ennemi. Le discours perd de la pluralité de ses teintes et devient un triste monochrome. La complexité est évacuée, c’est le «nous» du peuple contre le «eux» des élites, excluant - de facto - ceux qui ne s’alignent pas sur cette vision. Douter devient une faute, remettre en question une tare. Le mal est contagieux, il faut l’extirper par la racine et mettre ensuite le feu aux champs. La confiance ne peut être sécable, il n’y a de stabilité que dans l’absolu de la doctrine. Un mouvement ne saurait être nuancé, on est avec ou contre lui. Toute forme de différence, de nuance, de liberté d’interprétation est impitoyablement gommée… ce qui est d’autant plus fâcheux pour un parti qui se veut promouvoir la diversité !

Que dire pour conclure ? Une chose peut-être, qu’aux harangues de Saint-Just, on vous préfère encore en Rousseau. Après tout, c’est lui qui a fait ce contrat social que vous vous efforcez de rompre.

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