D’après un article de Leslie Roberts publié dans le National Post le 26 juin 2025

Chaque année, le mois de juin voit les rues et les réseaux sociaux se parer de drapeaux arc-en-ciel pour célébrer la fierté LGBTQ. Pour Leslie Roberts, auteur d’un article publié dans le National Post, ce rituel suscite aujourd’hui un mélange de gratitude sincère et de malaise croissant. Homme gay assumé et ancien militant, Roberts affirme que l’essence même du mouvement LGBTQ a été profondément altérée.

Leslie Roberts rappelle que les luttes historiques pour les droits des homosexuels avaient pour but l’égalité : pouvoir se marier, adopter, vivre et travailler sans discrimination. « L’égalité, après tout, signifiait être traité comme tout le monde », écrit-il. Mais selon lui, ce combat, jadis fondé sur des revendications précises et partagées autour de l’orientation sexuelle, a cédé la place à un projet culturel plus vaste — et selon lui, plus idéologique — porté en grande partie par la montée du militantisme trans.

Roberts s’interroge : « Comment et pourquoi le T est-il devenu la pièce maîtresse de notre mouvement commun? » Il observe que les enjeux liés à l’identité de genre, notamment chez les enfants et les adolescents — tels que les bloqueurs de puberté, les chirurgies irréversibles, les politiques scolaires et les débats autour des espaces partagés — sont d’une nature éthique, médicale et sociale bien différente des combats pour le mariage ou contre la criminalisation de l’homosexualité.

Il déplore que le simple fait de poser une question sur ces sujets entraîne trop souvent des accusations d’intolérance. Selon lui, cela n’a rien à voir avec le progrès : « C’est de la coercition idéologique. » Cette dynamique aurait contribué, selon lui, à une fracture interne au sein même des communautés LGBTQ, entre les anciens militants, souvent gays ou lesbiennes, et les nouveaux porte-étendards du mouvement, souvent centrés sur des identités de genre et des expressions plus récentes.

Roberts insiste : il ne remet pas en cause la dignité ou la légitimité des personnes transgenres. Il affirme même avoir des amis dont les enfants sont trans, et comprend leurs luttes. Mais il affirme que certaines questions doivent pouvoir être débattues sereinement dans une société démocratique, et que la peur d’exprimer un désaccord mine la crédibilité même du mouvement LGBTQ dans son ensemble.

Il évoque aussi un élargissement excessif des thèmes abordés dans les événements de la Fierté, qui, selon lui, s’éloignent de leur mission première. « Nous avons vu les parades de la fierté adopter des messages sur la définancement de la police ou la cause palestinienne. Ces enjeux, aussi importants soient-ils, ne sont pas des questions LGBTQ. »

Leslie Roberts décrit un changement générationnel marquant : si la génération précédente devait être bruyante pour se faire entendre, la sienne a profité de ces victoires pour s’intégrer — fonder des familles, acheter des maisons en banlieue, participer à la vie citoyenne. Il craint que les jeunes militants d’aujourd’hui ne confondent outrage et stratégie, sacrifiant au passage les principes de tolérance et de dialogue qui ont jadis porté leurs aînés.

Son appel est clair : revenir aux fondements du mouvement LGBTQ — droits égaux, protection contre la discrimination, liberté de vivre sans honte ni coercition. C’est cela, selon lui, qui a permis une véritable intégration.

Roberts conclut avec une note nuancée : il est toujours fier d’être gay, mais moins certain de ce que représente aujourd’hui le mouvement LGBTQ. Il ne souhaite exclure personne, seulement rappeler que l’inclusion passe aussi par la liberté de poser des questions, d’exprimer des doutes, de débattre. « Ce n’est pas de l’intolérance. C’est ainsi que fonctionne l’inclusion réelle. »